Ex Machina
Alors là, ça faisait bien longtemps qu'un film dont je n'attendais rien (puisque je ne connaissais pas son
Existence il y a quelques semaines) me retourne autant.
Dans la lignée des petits films indépendants à la force et à la mise en scène expérimentale, Ex Machina tient un sacré bon bout.
Le thème de l'IA est toujours un sujet fascinant mais les réalisateurs se prennent si souvent les pieds dans le tapis que c'est à croire que c'est un sujet maudit. Spielberg avait eu sacrément de mal avec un IA intéressant mais un peu fourre-tout. I, Robot était une fable sympathique s'inspirant d'Asimov mais le trop-plein d'actions mettait en exergue un manque évident de fond et de narration. Le récent Transcendence était porteur de promesse mais là aussi, partait dans tous les sens pour finir dans un délire d'action
Commando un peu vain. Et voilà qu'Ex Machina débarque dans une ambiance très sombre et claustrophobe, avec peu de dialogues, une mise en scène épurée, deux acteurs à l'écran uniquement (ainsi que les robots) et beaucoup de questions en suspens que l'on se pose inévitablement mais que le film a l'intelligence de rarement mentionné, pour faire réfléchir le spectateur.
Le scénario est simple. Un type jeune et geek est choisi pour aborder le test de Turing pour savoir si l'IA possède une
Conscience d'elle-même, s'il est se sait exister en tant qu'individu indépendante ou uniquement via une programmation, aussi avancée soit-elle. Va donc se créer un lien, une connexion entre un androide humanoïde et le jeune homme, sous la supervision de la tête pensante du projet et de l'IA en question.
Les doutes et les motivations de chacun vont évoluer et on se pose beaucoup de questions sur la légitimité de l'IA, sur notre positionnement envers la question, sur son intérêt également...et on sombre progressivement dans les délires de chacun. Et cette fin...sensiblement attendue mais pas de cette manière, glaçante et pessimiste au possible, d'une noirceur dont on se délecte autant qu'elle laisse présager le pire.
Un film prenant, fascinant que l'on regarde avec une espèce de peur et de crainte, celle que nous ne sommes même plus très loin de ce monde mais que nous sommes désormais dedans. Ce n'est presque plus de l'anticipation et c'est de ça que, quelque part, provient la force du film.
Une belle grosse claque qui fait du bien.
Welcome to the Desert of the Real