Montclare, rendez vous avec l'horreur (Next of Kin) est une petite perle horrifique de 1982 considéré comme le
Shining australien, ou néo-zélandais, on ne sait pas bien.
A la mort de sa mère, une belle jeune femme hérite de Montclare, vaste demeure transformée en maison de retraite, au passé énigmatique et aux résidents inquiétants. Avec Montclare, on est clairement dans un film angoissant où le gros du travail s'est fait sur l'atmosphère et l'ambiance, davantage que sur l'écriture de l'histoire, dont le scénario tient sur un timbre poste. A ce titre là, Tony Williams signe particulièrement son langage cinématographique en utilisant toute la grammaire de la mise en scène. Les plans sont travaillés, de nombreux top shots, des travelings classieux et coulés, des contre-plongées angoissantes et des plans-séquences immersifs. Mais ce qui saute immédiatement aux yeux, et aux oreilles, ce sont les influences du réalisateur, qui a manifestement été impressionné par le travail de Argento et Fulci en tête, sans oublier bien sur Kubrick pour la référence déjà citée plus haut. D'ailleurs, le travail sur la musique rappelle immédiatement ce qu'a put faire l'immense Fabio Frizzi sur les meilleurs films de Fulci (
Frayeurs,
La Maison près du Cimetière, Zombie 2...) mais aussi le travail des Goblin sur ceux de Argento (
Ténèbres,
Inferno, Profondo Rosso...). Le score est transalpin en diable : organique, glauque, mystérieux, inquiétant, hypnotique et complètement envoutant.
Cependant, si l'on pense dès le premier plan du film à
L'Au delà de Fulci, ou plus loin au
Suspiria de Argento notamment quand on voit déambuler la jeune héroine dans ce sinistre Montclare plein de
Secrets, la référence la plus évidente provient elle du film
Ne Vous Retournez Pas !, chef d'oeuvre de l'esthète Nicolas Roeg. On y retrouve en effet la même utilisation et stigmatisation de la couleur rouge, annonciatrice de
Danger et rythmant le film à l'instar d'un métronome, ainsi que certains plans que l'on croirait copié-collés.
Montclare sait procurer quelques frissons et perd le spectateur dans un monde quasi onirique, terriblement ambiancé, où l'on se sent flotter jusqu'à la révélation finale malheureusement décevante et bien en dessous de l'atmosphère malsaine qui se dégage de cet ovni. Avec quasiment rien, Tony Williams parvient à insuffler un max de
Tension dans ses plans ; à voir l'étonnante séquence, en apparence anodine, où Linda empile ses petits carrés de sucre, véritable morceau de bravoure où le réal démontre son savoir faire dans un montage et un mixage sonore très efficaces.
Montclare est un film étonnant, atypique, multi-référenciel, qui ne demande qu'à être (re)découvert. Pour ma part, c'était ma première vision ce soir et j'en sort quelque peu impressionné.