BLACK SABBATH
HEAVEN AND HELL (Album)
1980, Warner Music Group




da_sway : 19/20
"Heaven and Hell" est, tout le monde le sait, un tournant dans l'histoire de Black Sabbath. Les échecs commerciaux de "Technical Ecstasy" et de "Never Say Die !" accumulés aux conflits internes et problèmes de drogue ont eu raison du "Madman" : j'ai nommé Monseigneur Ozzy Osbourne. Le début de la fin pour beaucoup, et pourtant...

À une voix unique succède une autre voix splendide. En effet, venu tout droit de Rainbow, Ronnie James Dio, plus tard connu pour la Mano Cornuta, prend le relais à la tête de la machine Infernale Black Sabbath. Le challenge est compliquée, car les légendes laissées par le groupe durant les années 70 ont rendu les fans très exigeants, à juste titre d'ailleurs. A noter aussi l'arrivée beaucoup plus discrète de Geoff NIcholls (claviériste dans le groupe Quartz) qui, en tant que musicien de session, aura une participation active dans l'écriture des morceaux.

De suite, l'impact de Dio se fait sentir : sa voix se démarque, le style du groupe change aussi. Il faut s'y faire... et l'adaptation n'est pas forcément évidente. Ozzy nous manque, il faut bien se l'avouer.

La tristesse et le côté sombre des albums précédents se font moins sentir. À la place s'instaure une mélancolie puissante, traduite par la voix pure de Dio. Vous me direz que la différence entre tristesse et mélancolie n'est pas flagrante, mais elle me semble fondamentale pour comprendre l'évolutIon de Black Sabbath.

Le titre épilogue "Lonely Is the word" illustre superbement ce changement. L'impuissance face à la solitude, la dépression qui en découle, voilà ce que m'inspire ce titre génial. La mélancolie, vous dis-je...

Sans parvenir à ne pas nous faire regretter les albums passés, "Heaven and Hell" nous apporte son lot de bijoux qui marquent l’histoire du Metal et font de ce groupe, malgré les remous, une légende. "Fluctuat Nec MergItur" (Battu par les flots, mais ne sombre pas) est une devise qui leur irait si bien.

En tête des ces bijoux vient l'énorme morceau éponyme "Heaven and Hell", sans doute le titre où Ronnie James Dio est le plus expressif. Les couplets à la musique minimaliste laissent sa voix percer nos cœurs. Puis, comme si le groupe passait du paradis à l'enfer, le titre monte en régime et la voix de Dio devient délicieusement maléfique. Un titre unique qui n'a jamais trouvé son équivalent.

Il ne s’agit pourtant pas là du seul titre culte. D'autres morceaux ne peuvent pas être écartés comme les énergiques "Neon KnIght", "Die Young" ou encore "Lady Evil". Je vais peut-être déranger, mais je pense qu'ils sont à classer aux côtés des "N.I.B", "Black Sabbath" ou autres "Iron Man".

L'album n'est pourtant pas parfait et démontre des défauts que l'on fera plus tard à Ronnie James Dio. "Wishing Well" et "Walk Away" me semblent en-dessous du niveau général de l'album et je reste sceptique quant à "Children of the Sea". Pour moi, Dio fait un peu trop dans le mélo sur ce titre, malgré un refrain plaisant.

Malgré cela, "Heaven and Hell" connut un bon succès à son époque, et Il relança la carrIère essoufflée du groupe. Il fait clairement partie des albums cultes de Black Sabbath. Il est la preuve que Black Sabbath n’était pas Ozzy Osbourne à lui tout seul. On a le droit d'être nostalgique de la période Ozzy, mais rejeter Dio me paraît idiot. Si vous n'êtes pas convaincu, je vous prie de réécouter attentivement cet opus, en espérant que vos opinions changeront.

2009-01-07 00:00:00


Mindkiller45 : 17/20
Les années 80 pour beaucoup sont signe de renouveau. Surtout pour le heavy d’outre-manche. Et Black Sabbath, en difficultés depuis la seconde partie des 70’s ne dérogera pas à la règle.

Tout d’abord un remaniement de line-up se fait sentir. Exit Ozzy parti se réfugier dans un champ de Coca à L.A. et exit aussi Bill Ward, qui lui aussi passait plus de temps une paille dans une main et une bouteille dans l’autre. En remplacement on retrouvera le frère du batteur Carmine Appice et le célèbre Ronnie James Dio qui entrera là dans son 3e groupe célèbre et qui, avec cet album et son successeur lui ouvriront les portes de la notoriété à grande échelle.

Car il faut dire qu’avec cette nouvelle décennie, Black Sabbath va prendre une toute autre tournure. Dio ne fera pas qu’interpréter les chansons de Iommi, il participera aussi à la composition, et cela se ressentira sur bien des points. Alors certes, on retrouve le son et le grain typique de Tomi Iommi à la guitare, mais la musique se veut plus heavy, plus moderne. Ainsi, Black Sabbath entre clairement dans la vague que l’on nommera plus tard la New Wave Of British Heavy Metal. Cela se ressentira clairement dès le titre d’ouverture, le fameux Neon Knights qui ouvrira ce bal des classiques. Classiques que l’on retrouvera tout au long de ces 8 pistes d’anthologie et façonneront cet album. Ce Neon Knight est donc un titre rapide (toute proportion gardée, nous parlons tout de même de Black Sabbath), accrocheur et qui met directement dans l’ambiance de l’album. Dans la même veine on retrouvera le merveilleux Wishing Well ou encore Lady Evil. Mais une question taraude cependant à l’écoute de ces titres. Qu’est-il advenu de la part sombre du Sabbat Noir ? La flamme aurait-elle disparue ? Il est clair que ce disque marque un fort tournant dans la carrière du groupe.

La réponse se retrouvera dans le chanteur. Dio, en effet, se veut à la fois inquiétant, sombre, magique, lyrique et poétique sur cet album. Il sublime les merveilleux riffs de Tomi Iommi comme sur le merveilleux Children Of The Sea ou la voix fleuve de Dio ne fait qu’un avec les riffs pachydermique de Iommi. On pourra peut être regretter une production un peu trop légère pour le style Black Sabbath, mais trop de lourdeur n’aurait certainement pas collé avec la voix de Ronnie. Quoique… l’album Dehumanizer qui sortira 12 ans plus tard nous prouvera le contraire avec ce son doomesque à souhait.

Mais le trio gagnant de cet album se trouve être les somptueusement merveilleux titres comme Die Young, avec son intro d’une émotion rare pour le Black Sabbath que nous connaissons (tout juste Planet Caravan cultissime Paranoid arrivera à ce point là). Et tout en restant du Black Sabbath, on sent que le groupe se renouvelle sans perdre en saveur. Iommi y fait encore plus office de Guitar Hero que sur les albums précédents et l’on sent la flamme se raviver. La basse de Geezer Butler est vrombissante comme jamais et le jeu de Vinnie Appice colle parfaitement bien, même si la descente de tome de Bill Ward peut parfois manquer. Et ce n’est pas les somptueux Lonely Is The Word ou Heaven & Hell, titre indémodable et intemporel que tous groupe de heavy a repris ou voulu reprendre un jour, qui prouverons le contraire. Ce dernier titre d’ailleurs restera le titre culte de cette formation, repris tant par Dio lors de sa carrière solo que par le concert de Black Sabbath donné avec Rob Halford au chant (oui oui, vous avez bien lu, ce live est d’ailleurs un bootleg aisément trouvable sur le net). Et même si cette version sera un vrai massacre (désolé pour les fans du Metal God) elle montrera l’amour que porte le groupe à cette chanson.

Alors oui, on pourra reprocher au groupe de s’être un peu écarté de ses premières amours. Mais après les échecs qualitatifs et commerciaux de Technical Ecstasy et de Never Say Die, on était en droit de demander autre chose. Et Dio, qui a réussi à imposer son univers au groupe a aussi insuffler une seconde jeunesse à un groupe en perte de vitesse. Plus heavy que jamais, Black Sabbath est revenu. Et avec ce côté épique que seul Dio savait donner (votre serviteur n’étant pas fan de ce type de chant et / ou paroles). Alors, certes les puristes trouveront à redire car l’album n’est pas avec un certain Ozzy parti enregistrer son Blizzard Of Ozz et Diary Of Madman avec l'ex Quiet Riot, Randy Rhoads, à l’époque et ayant claqué / s'étant fait claquer (rayez la mention inexacte) la porte au nez du Sabbat Noir. Mais le chant monocorde du Prince des Ténèbres aurait-il collé sur les compos présentes sur cet album, et surtout, un énième album avec Ozzy n’aurait-il pas enterré la légende et le père de bon nombres de courant de metal avec lui ?

2011-05-27 20:30:39


wodulf
Lorsque en juin 1979, après la tournée anniversaire des 10 ans du groupe, il est décidé de foutre une bonne fois pour toute Ozzy Osbourne - et Sharon - à la porte, Tony Iommi avait déjà en tête son remplacant : Ronnie James Dio qui venait tout juste de quitter Rainbow.
Black Sabbath était réellement très mal en point, Geezer Butler avait même claqué la porte. Il fallait vraiment une remise en question totale et surtout un nouveau chanteur d'exception pour pouvoir remettre le groupe sur les bons rails.
La naissante NWOBHM va permettre à Black Sabbath de se refaire une jeunesse et surtout de revenir sur le devant de la scène grâce à Dio qui va redonner une nouvelle âme au groupe.
Auparavant, c'était Butler et Osbourne qui écrivaient les textes pour Black Sabbath. Comme Butler n'était plus là, Dio va proposer des textes à lui qu'il avait écrit pour un album solo. Son style "Donjon et Dragon" va parfaitement s'adapter à l'esprit du groupe.
C'est certainement cette envie d'une renaissance qui va convaincre Geezer Butler de réintégrer le groupe peu avant l'enregistrement de Heaven and Hell. Celui-ci est mis en boîte au Criteria Studios à Miami, là où avait été enregistré 4 ans auparavant Technical Ecstasy. Black Sabbath va faire appel à Martin Birch pour la production; un choix peut-être conseillé par Dio qui avait déjà travaillé avec lui. Birch va donner au groupe un son complètement heavy metal qui va influencer une multitude de groupes, notamment Iron Maiden qui va reprendre ce son sur The Number Of The Beast. Une influence qui ne se cantonnera d'ailleurs pas qu'au son, il suffit d'écouter "Die Young" et vous avez l'idée de départ de The Number Of The Beast.
Heaven and Hell a dû pas mal déconcerter les fans de l'époque parce que le changement est quand même radical. Des titres comme "Neon Knight" et "Wishing Well" s'inscrivent réellement dans cette nouvelle mouvance heavy metal anglaise appelée NWOBHM. L'esprit épique Donjon et Dragon apporté par Dio va se retrouver sur des titres tels que "Heaven and Hell" et "Children Of The Sea" -préfigurant pour moi un "Don't Talk To Strangers" - qui vont devenir les morceaux emblématiques de l'ère Dio. Il y a juste le titre "Walk Away" que je mets un peu à part parce qu'il sonne très US et me fait personnellement penser à du Kiss, au niveau du refrain surtout.
Un disque assez monstrueux qui va permettre à Black Sabbath de redevenir un grand groupe.

2013-01-18 17:49:33