OBSIDIAN GATE
WHOM THE FIRE OBEYS (Album)
2014, Kristallblut Records




Matai
Obsidian Gate, c’est vraiment quelque chose. Sous estimé malgré une qualité et une maîtrise du style impeccables, le groupe allemand ne s’est pas fait remarqué avec ses deux full lengths « The Nightspectral Voyage » et « Colossal Christhunt », sortis respectivement en 1999 et 2001. Pourtant, ils ne manquaient ni de véhémence, ni d’intensité dans la mesure où le croisement entre Limbonic Art/Arcturus/Bal Sagoth était particulièrement bien exécuté et prenant. Malgré un maxi sorti en 2002, les Allemands se séparent et font un break de cinq ans avant de recommencer, petit à petit, à composer. Ce n’est que maintenant que le nouvel album sort dans les bacs. Il est temps de découvrir la nouvelle facette d’Obisidian Gate

On quitte le monde des galaxies ainsi que l’empire romain pour se diriger vers la mythologie égyptienne. Cette dernière tend vraiment à inspirer bon nombre de formations comme Nile pour ne citer que lui, Karl Sanders étant un grand mordu de tout ce qui touche à l’Egypte ancienne. On peut se demander, pour le coup, si Obsidian Gate ne suit pas les pas de ses confrères américains. La thématique, la pochette et le visuel, l’influence death metal ainsi que le nom de l’album (« Whom the Fire Obeys ») rappellent énormément un « Those Whom the God Detests ». Coïncidence ou non, il ne faut pas s’arrêter là. Les Allemands ont envie de nous en mettre plein les oreilles en nous offrant un condensé de black, de death, de sympho dans le genre « movie soundtracks » et de touches orientales.

« Sethian Legions March » ouvre l’album à la manière d’un film. Mélodie arabisante, orchestre très présent, chœurs, et relents guerriers, une chose est sûre, c’est que l’album s’annonce épique, massif et plutôt couillu. Et c’est le cas. « Jackal-Headed Devourer » tout comme « Khnemu Her-Shef » ne rigolent pas, mêlant quelques touches black à une rythmique brutal death et des envolées orchestrales de haute volée. La production est très clean (meilleure que sur le maxi « The Vehemence ») et fait surtout la part belle aux éléments symphoniques et orientaux. Les guitares, les blasts et le chant ne manquent toutefois pas de fougue et de force, pour le plaisir de nos oreilles. Vu ce que nous offre Obsidian Gate, on peut dire qu’on se retrouve avec une fusion Bal Sagoth, Nile et Fleshgod Apocalypse (en moins technique, brouillon et casse gueule il faut le dire), la magnificence du trio allemand en tête.

Le duo Marco/Markus a engagé Alexander Schiborr pour les aider du côté des claviers et de la programmation des orchestrations. Bon choix ! Même si on retrouve parfois le même type de plans symphoniques grandioses et envoûtants à la « Nightspectral Voyage », les violons, les cuivres et les instruments ethniques nous en font voir de toutes les couleurs comme sur « Sekhmet, The Wrathful » qui, mélangés à la brutalité du death/black, font terriblement mouche. On sent que le groupe est autant influencé par le metal que par la musique classique, le mélange est parfait, fouillé, précis, pensé jusque dans les recoins les plus fins. On comprend pourquoi les Allemands ont mis tant de temps à composer. Ca vaut réellement le coup.

Les morceaux ne sont pas aussi longs que sur leurs précédents méfaits (on ne dépasse pas les six minutes) mais au moins tout y est : pas de temps mort, une batterie qui tabasse, un chant charismatique, des riffs tranchants comme des lames de rasoirs, des orchestrations carrément hollywoodiennes, des mélodies qui restent en tête… « Buried Beneath the Glare of » est une sorte de croisement entre la folie d’Obsidian Gate et des musiques de film du genre « La Momie » ou « Stargate », dans le genre particulièrement puissant, écrasant et émotif. Si vous n’aimez pas les touches arabisantes, passez votre chemin. Quant à l’éponyme placé en fin d’album, on prend une baffe en pleine figure. Le groupe pousse d’ailleurs le vice jusqu’au bout en intégrant des paroles en égyptien (« Xaa Em, nefer-tmu en sessen, er sert ra, er sert ra ! »). Il fallait s’en douter. Déjà que ses précédents concept albums étaient écrits de manière particulièrement cohérentes, il ne fallait pas s’attendre à moins de sa part.

Que dire de plus ? Un retour en grande pompe, des morceaux qui font mouche à chaque instant, un travail de pro fait-maison (mixage, mastering, pochette, paroles…tout). Les fans de black/death symphonique risquent d’être conquis. Quant aux fans de la première heure et les plus attachés au black sympho des fin 90-début 2000, il est possible que la production trop clean et le côté moderne les déçoivent. On espère que le label Kristallblut Records fera son travail de promotion et de distribution pour donner une nouvelle chance à Obsidian Gate. Il serait dommage de passer complètement à côté de cet album…

2014-03-16 19:59:11