dark_omens : 17/20 | Honnis par nombre d'intransigeants traditionalistes acariâtres, Gallery of Suicide, sixième méfaits des américains de Cannibal Corpse, apparaît pourtant comme une progression logique de ce dessein entamé préalablement sur un superbe Vile. Cette volonté consistant à rendre son art moins immédiatement primaire, rendu possible par l'intégration d'un hurleur, George "Corpsegrinder" Fisher, aux capacités plus étendues, aux possibilités plus variées et à la technicité plus intéressante que celles de son prédécesseur, va ici, sans doute aussi transcendé par l'arrivé du guitariste Pat O'Brien en lieu et place de Rob Barrett retourné sévir au sein de Malevolent Creation, à nouveaux, faire merveille. Prolongement cohérent de cette démarche plus encline à diversifier quelque peu un propos spontanément brutal et agressif, ce nouvel effort nous propose donc de découvrir encore quelques nouvelles subtilités. Non pas que le groupe ait égaré son âme délicieusement vicié en des tentatives dévolus à un quelconque progressisme incongrue et pléthorique, mais force est de constater que ces délicieuses lourdeurs subtilement disséminé (le remarquable Gallery of Suicide, From Skin to Liquid, ou encore, par exemple, un United the Dead aux passages superbement lancinants), que cette complexité soudaine (Stabbed In The Throat) et que ce travail singulier sur les ambiances dévoile le visage, certes toujours aussi véhéments et haineux, mais étonnamment nouveau et méconnu du quintette floridien.
Déjà souligné dans le paragraphe précédent de cette chronique, il faudra cependant insister, encore et encore, sur l'excellence du travail que la formation aura fait sur les atmosphères de ce disque et sur ces superbes passages où il daigne ralentir le rythme pour imposer une lourdeur malsaine et admirable. Car ces éléments, selon votre humble serviteur, sont deux des raisons importante expliquant l'excellence de cet opus. Le morceau Gallery of Suicide étant la démonstration la plus concluante de ce fait.
Bien évidemment, ces aspirations promptes à enrichir l'expression artistique de Cannibal Corpse, n'altère absolument pas sa nature profonde. Des titres féroces et dévastateurs tels que l'admirable I Will Kill You, Dismembered and Molested, mais aussi, par exemple, Crushing the Despised en atteste magnifiquement.
Concernant la pochette de cet album, notons qu'elle est moins immédiatement gore que les précédentes esquisses sanglantes commises pour le groupe par l'artiste Vince Locke. Néanmoins il s'en dégage une atmosphère inquiétante où la crainte devient presque tangible. Et de cet étalage macabre dans laquelle il expose différentes manières de mettre fin à ses jours émane un sentiment éminemment pernicieux. Une illustration très subtile qui sied parfaitement aux climats plus lourds et plus oppressants développés de manière succincte, mais ô combien appréciable, sur ce disque, en somme.
En définitive, et aussi paradoxale que cela puisse paraître aux néophytes des sphères extrêmes dans lesquelles évolue Cannibal Corpse, ce Gallery of Suicide, s'engouffrant, en quelques sortes, dans une certaine continuité instaurée par son prédécesseur, est néanmoins un album plus sophistiqué qui constitue l'aboutissement de cette démarche intelligente entamé sur Vile. Et, n'en déplaise aux puristes aigris défenseur de ces statues immuables croupissantes en des temples séculaires à la gloire d'un métal de la mort immaculé, cet opus est tout simplement somptueux.
2014-03-12 14:41:03
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