IMPIETY
RAVAGE AND CONQUER (Album)
2012, Pulverised Records / Blood Harvest




BEERGRINDER : 14/20
Insatiable, Shyaithan est le seul rescapé du line-up d’origine de Impiety et enchaîne les sorties depuis les premières démos du groupe datant de plus de vingt ans. De longues et fructueuses années à dispenser la bonne parole d’un Metal extrême bestial et sans concession. Cette dévotion sans relâche avait pourtant pris sacrément du plomb dans l’aile l’an passé avec Worshippers of the Seventh Tyranny, sur lequel les singapouriens proposaient à la surprise générale un concept album de Black atmosphérique qui ne leur correspondait guère.
On commençait alors à craindre un embourgeoisement et l’abandon de leur hargne légendaire, mais quelques mois après ce septième album controversé, kaiser Shyaithan change tout son line-up, quitte Agonia pour Pulverised Records et largue immédiatement sur le marché un trois titres dévastateur remettant les choses au clair.
Ravage & Conquer (2012, premier full lenght chez Pulverised après les MCD Advent Of… et Dominator) enchaîne dans cette lignée revancharde et rassurera ceux qui attendaient enfin un successeur digne de ce nom à Terroreign.

L’intro guerrière de Revelation Decimation sonne comme un appel au rassemblement avant la bataille, qui débarque d’ailleurs rapidement sous la forme de riffs Black / Death agressifs, vifs et précis et du mitraillage intensif du batteur Dizazter. Ce nouveau marteleur en chef apporte une puissance non négligeable à Impiety, le bonhomme n’ayant pas grand chose à envier au Tony Laureano de la grande époque de Angelcorpse.
Malgré une furie de tous les instants, Ravage & Conquer développe quelques particularités intéressantes, notamment grâce aux soli fantastiques du nouvel arrivant Nizam Aziz.

A l’image de Vital Remains, Impiety n’hésite pas à faire durer ses morceaux : tous se situent entre six et huit minutes. Mais contrairement aux américains sur leurs dernières productions, les thèmes du trio varient, même si on reste principalement dans des tempos rapides. Dans tous les cas les compositions de R & C portent le sceau Impiety, soit un Death / Black / Thrash haineux. Sur le redoutable The Source Majesty, les spécialistes noteront des relents Angelcorpse ce qui n’est pas nouveau, mais aussi une précision dans le riffing et une vélocité toute polonaise rappelant Behemoth et Azarath. Le son carré et très Death Metal du Studio 47 n’y est sans doute pas pour rien.
En fin d’album figurent deux titres qu’on peut presque qualifier de bonus puisqu’il s’agit d’une nouvelle version assez méconnaissable de leur EP Salve the Goat (1993) et aussi de Sacrifice, reprise sympa mais anecdotique de Bathory.

On rajoutera un artwork toujours aussi efficace et belliqueux et de Lord Sickness, je vous recommande particulièrement le dessin en double page à l’intérieur du livret. Petit bémol sur ce disque pourtant : le chant de Shyaithan s’avère un peu étouffé et sans variation, le bonhomme semble s’être contenté de placer les paroles et ses intonations sentent moins le souffre que sur Terrorreign. Malgré cela, chaque composition de R & C est une petite bombe de malveillance, d’énergie et de spontanéité, le tout avec une maîtrise implacable, à l’image de Legacy of Savagery proposant le meilleur de Impiety ayant copulé avec Morbid Angel. On constate que le nouveau line-up apporte de la fraîcheur et de la créativité à l’entité, surtout quand on sait que tout le matériel a été composé en seulement une semaine, répété pendant une et mis en boite en deux…

Certains regretteront peut-être Terrorreign et son côté plus Black Metal / chaotique par rapport au riffing, à la force et à la maîtrise de Ravage & Conquer, mais quoi qu’il en soit Impiety remet magistralement les pendules à l’heure. Que ce soit sur l’épidermique chanson titre ou encore sur le destructeur War Command, Impiety revendique plus que jamais son trône de maître du Metal extrême asiatique.

Ravage & Conquer shall brutally sever heads.

BG

2012-04-14 18:38:00