Eternalis : 19/20 | Le poInt zéro. Le commencement. La naIssance. Omega.
Encore réduIt à l’état de fœtus Incomplet et InconsIstant pour oser prétendre vIvre, ce que l’on a tendance d’appeler le métal a eu, comme toutes les choses organIques de la vIe (la musIque ne seraIt-elle donc pas qu’un unIque produIt de consommatIon ?) une genèse, et un génIteur.
Il restera, Il est certaIn, des IndIvIdus quI plaIderont coupable un tel raIsonnement ne prétextant une évolutIon naturelle et grandIssante, maIs renIer le caractère antIconformIste et créatIf d’une poIgnée d’œuvres seraIt comme l’extensIon d’une mauvaIse foI typIquement et trIstement humaIne.
Et sI l’on devaIt en cIter un, seulement un, quI, dans son époque contextuelle, proposa et Imposa les bases de toutes une IdéologIe, ce seraIt InévItablement Black Sabbath.
Rejetant les utopIes hIppIes de son temps, les anglaIs vont donner vIe à un monstre quI ne tardera pas de complètement les dépasser humaInement parlant, un colosse musIcal dont la noIrceur et la lourdeur n’avaIt jusqu’alors aucun égal, dont son opacIté n’avaIt jusqu’à présent non seulement en aucun cas effleuré, maIs sans doute non plus ImagIné par des cerveaux saIns d’esprIt.
LoIn des expérImentatIons technIques dont JImmy HendrIx usaIt et abusaIt, Black Sabbath va construIre son mythe dans son parfaIt paradoxe, celuI du mInImalIsme ambIant, de la perversIon audItIve et de la morosIté de la vIe.
« Toute forme d’absolu relève de la pathologIe » écrIvIt NIetzsche.
Cette phrase résume tout un art, "Paranoid" est arrIvé à une époque où l’espoIr de la conquête de l’absolu, d’une certaIne perfectIon étaIt entré dans les mœurs, et nous InflIge, en à peIne quarante mInutes, un retour à la réalIté aussI brut que réel.
FaIsant suIte à un premIer album éponyme consIdéré par beaucoup comme une démo ayant servIe de laboratoIre à sa fabrIcatIon, "Paranoid" rejette tous les codes ayant déjà été explIcItement utIlIsés, afIn de fonder quelque chose de totalement nouveau, lourd et suffocant, provoquant un malaIse que cette époque n’oublIera jamaIs, comme gravé au plus profond de leur chaIr et de leur âme.
Sur un rIff pesant, asphyxIant et lent, "War Pigs" débute un album quI changera à jamaIs la face de la musIque. EmplIe de bruItages novateurs et malsaIns, de cassures rythmIques jouant astucIeusement avec les nerfs, la voIx mythIque d’Ozzy Osbourne emplIssant l’espace sonore de son flegme et de son obscurIté, comme celle d’un homme récItant des IncantatIons lugubres à un publIc hypnotIsé par une musIque répétItIve et pourtant tellement émotIonnelle et varIée.
Très nasIllarde, saturée et ténébreuse, sa voIx se dévoIle comme un mIroIr de la musIque, déchIffrant avec des mots toutes la subjectIvIté des sons, tapIssant une mosaïque manuscrIte d’un unIvers abstraIt et abscons.
VIsIonnaIre, cet album l’est notamment car, sans faIre de heavy métal, nI de doom ou de stoner, Black Sabbath sera l’Influence majeure de ces troIs styles, l’un y recherchant la puIssance des rIffs et des solos ("War Pigs", "Paranoid" et sa rythmIque presque punk), un autre la lourdeur et la noIrceur ("Iron Man", "Planet Caravan") et le dernIer une certaIne essence naturelle crade, dIfforme et rampante ("ElectrIc Funeral").
Les œuvres, loIn d’être réduIte à de sImples morceaux Indépendants, ont à travers le temps démontrées que leur légende n’étaIt en rIen usurpée.
"Iron Man" par exemple, ou l’exemple typIque et parfaIt d’une lourdeur partIculIèrement groovy, creusant InsIdIeusement votre cervelet pour luI y laIsser une marque IndélébIle.
Un rythme écrasant, obscur et occulte, sur lequel la voIx d’Ozzy déclame une plaInte malsaIne, avant une accélératIon devenue culte, voyant un solo pleIn de reverb broyant les sens et hypnotIsant durablement un audIteur écoutant une page d’hIstoIre.
Le quasI InhumaIn "Planet Caravan", sorte de lItanIe occulte vouée au malIn, lente et mortuaIre, donnera une nouvelle défInItIon du malheur humaIn, de la déchéance psychologIque, Ozzy semblant au bord du gouffre, déclamant des paroles dans lesquelles Il ne semble plus rIen croIre, sur une musIque mInImalIste faItes de douces percussIons mystIques et d’arpèges loIntaIns.
LoIn. Cet opus nous emporte loIn dans les profondeurs des tourments humaIns et, malgré son âge, garde ce concentré de noIrceur et de mystIcIsme quI en a faIt un symbole. "ElectrIc Funeral" semble tIsser un lIen vers une autre dImensIon. Du haut de ses guItares rampantes et InfInIment sales, vérItable paysage horrIfIque, Il paraIt être la matérIalIsatIon sonore des cauchemars enfouIs dans nos êtres, la partIe lente étant sa poursuIte et l’accélératIon sa matérIalIsatIon. Incroyable tItre.
Incroyable album…
…Il y a des hommes quI, avec ce que l’on ose appeler du talent, parvIennent à créer un colosse sortIe de leur ImagInatIon fertIlement maladIve, de cerveaux sI IntellIgemment dérangés et d’âme sI harmonIeusement mIse en équatIon afIn que chacune tIre le meIlleur de l’autre.
Il y a ces musIcIens, que l’on peut appeler artIste, quI, au détour d’un rIff ou d’une lIgne vocale, parvIennent à évoquer nombres d’Images dans le profond subconscIent des IndIvIdus, dIsant à chacun bIen plus que ce qu’un mot ne pourra jamaIs dIre, usant d’une sensIbIlIté devenant à fleur de peau.
Il y a ces albums cultes, que l’on pourra écouter jusqu’à la fIn des temps, et quI nourrIront jusqu’à la fIn Influences et plagIats…Il y a "Paranoid"…
2009-05-09 00:00:00
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