SEPTICFLESH
SUMERIAN DAEMONS (Album)
2003, Hammerheart Records




eulmatt : 17/20
En cinq années et autant d'albums, Septic Flesh a parcouru un voyage initiatique digne de l'Odyssée d'Ulysse. Comme certains de ses cousins de gothic metal issus des limbes du metal extrême (death, doom ou black), les Grecs ont rapidement exprimé le besoin de privilégier des options artistiques aventureuses, moins brutales et plus expérimentales. Chez Septic Flesh, qui reste malgré tout un cas atypique, à l'identité musicale unique, ce besoin de changement s'est d'abord manifesté sur l'audacieux Revolution DNA, puis par la suite au travers du side-project Chaostar, moyen d'aller au bout ses envies néo-classiques, en laissant de côté pour de bon toute référence au death metal.
Et sans que quiconque ose remettre en cause le talent évident des Grecs, trop largement démontré jusque là, il faut avoir l'honnêteté de dire que parmi les fans de Septic Flesh les plus « deathsters » dans l'âme (souvent les fidèles des débuts), le début des années 2000 prêtait à interrogation.
Rétrospectivement, le projet Chaostar fût sans doute salvateur. Trouvant leur exutoire expérimental au sein de ce projet parallèle, les Grecs ont pu parallèlement retrouver le goût du death metal des origines pour leur groupe principal.

L'année 2002 voit donc un nouveau Septic Flesh se mettre en mouvement. Changement de label (fin de l'aventure Holy Records pour aller chez les Bataves de Hammerheart), recrutement d'un claviériste « en dur », Spiros rebaptisé en Set'h, seules les (excellentes) conditions d'enregistrement sont conservées, au Studio Fredman avec Fredrik Nordstrom aux manettes.
Sumerian Daemons sort l'année suivante. Titre déjà significatif de la volonté de recoller aux thématiques ancestrales. L'artwork intrigue, captive, dérange. L'extraordinaire introduction aux choeurs incantatoires le confirme: Sumerian Daemons est d'une ambition démesurée. Celle de magnifier tous les acquis musicaux du groupe tout en retrouvant la force brute de ses origines, les racines de son death metal granitique des âges reculés.
Le death metal, Septic Flesh n'en a jamais joué aussi puissamment qu'avec Unbeliever, premier vrai morceau du disque. Un riff binaire mais épais, des blasts et des grandes parties de double, le growl absolument somptueux de Spiros, les choeurs féminins du break pour la petite touche cérémonielle: l'impressionnant décor est planté.
La suite du disque est à la fois plus nuancée et plus variée. On retrouve la patte des premiers albums sur des morceaux comme Virtues of The Beast ou When All Is Done, avec un équilibre miraculeux entre majesté et mélodie, finesse et puissance: la beauté d'essence divine, trop impressionnante et parfaite pour paraître humaine.
Toutefois, Sumerian Daemons n'est pas un retour en arrière. La puissance qui émane de son death metal s'appuie désormais sur une production époustouflante, et un jeu rythmique digne de ce nom (Akis occupe une présence phénoménale derrière les fûts, ce qui est assez nouveau chez Septic Flesh, et le couple basse-guitare rythmique n'a jamais été aussi tranchant). Cette force de frappe donne une épaisseur étonnante à certains morceaux, comme l'énorme titre éponyme qui s'appuie largement sur ce death colossal. Un death qui bien souvent surpasse en puissance et en vitesse les méfaits passés.
A cela il faut greffer toute l'expérience et le savoir-faire ingurgité depuis Ophidian Wheels et les albums suivants: une orchestration très pointue et une gamme de claviers aussi large qu'opportune (jamais trop mis en avant), la présence plus discrète mais judicieuse du chant de la soprano Natalie Rassoulis. Mechanical Babylon, audacieux mix de death aux accents industriels et d'harmonies orientales, ou encore Faust, déferlante brutale qui prend un relief enthousiasmant quand les choeurs donnent leur pleine mesure, offrent une facette moderne et novatrice au disque, montrant que Septic Flesh n'est pas focalisé sur son passé.
Ce brillant alliage de brutalité et de finesse parvient à réunir des qualités à la base antinomiques. Dense, chargé, adepte de la profusion, le death symphonique de Septic Flesh n'a jamais été aussi efficace et cohérent. Le miracle de l'album tient à cela: long de près d'une heure, le disque ne sombre pas dans la surenchère grâce à des compositions équilibrées, qui évitent l'excès de construction à tiroirs, mais qui chacune ont une identité propre et raffinée.

Au delà des considérations techniques, l'univers dépeint par l'album est lui aussi touché par la grâce de l'équilibre: particulièrement noir et angoissant, Sumerian Daemons impressionne par son côté monumental et surhumain. Toujours aussi ésotérique et ancré dans un passé mi-historique mi-mythologique, où les questions existentielles de la spiritualité sont traitées au travers du prisme des anciennes civilisations, il n'a plus la nostalgie romantique des premiers disques mais compense par un souffle homérique qui en impose.

Magnifique synthèse de dix ans d'une magnifique carrière et d'un savoir-faire unique, Septic Flesh réussit le pari impossible de renouer sans retenue avec un death metal copieux, sans rien perdre de sa finesse et de sa force émotionnelles. Presque dix ans après Mystic Places of Dawn, un nouveau joyau vient enrichir une discographie digne des plus grands.
Tout en confirmant avec maestria son génie unique et sa main mise incontestable sur le death symphonique, Septic Flesh produit tout simplement l'un des plus grands disques de l'année 2003...de death metal, tout simplement. Un véritable tour de force quand on jauge l'extrême vivacité du genre à cette période.

2010-08-26 00:00:00


Black_Requiem : 16/20
Après avoir fait attendre les fans durant 3 longues années, la formation grecque de Septic Flesh a finalement sorti en 2003 leur dernier album s’intitulant Sumerian Daemons. Cette longue durée est le fruit d’une mûre réflexion sur l’évolution du style du groupe (qui a changé de label entre Revolution DNA, l’avant dernier album du groupe et ce Sumerian Daemons) mais aussi sur l’avenir financier.

Enregistré au Fredman Studio, cet album est particulièrement sombre et occulte. Assez brutal et mystique, le groupe a franchi certaines étapes importantes qui lui procurent un son imposant mais également des morceaux rapides et orchestraux comme le groupe n’en a jamais fais de tels. Cet album est un rapprochement entre ce groupe et les Dieux et Démons (esprits reliant les Hommes aux Dieux) de la Grèce Antique. Très passionné de mythologie et de civilisation (en particulier la civilisation Sumérienne qui est une des premières civilisation humaine), le groupe a ainsi tenu à rendre hommage à des choses qui leur tient particulièrement à cœur. Pour le guitariste du groupe (Sotiris Vayenas), la musique de Septic Flesh « célèbre les mystères de la vie et révèle la lumière émanant de l’obscurité ». Pour ma part j’ai trouvé cet album très mélodique et absolument passionnant, la musique vous prend de l’intérieur et ne vous lâche uniquement lorsque l’album se termine.

Bien que peu connue dans le monde, la scène grecque recèle quelques beaux bijoux dont fait partie Septic Flesh et Sumerian Daemons n’est pas là pour le conterdire. Un album de Death Symphonique novateur qui montre une fois pour toute que Septic Flesh (et également la scène grecque) promet beaucoup pour un futur plus ou moins proche (maintenant que ce groupe a splitté, il faut espérer en trouver un autre d’aussi bonne qualité, mais je ne me fais aucun souci là-dessus).

2004-03-23 00:00:00


Kivan : 17/20
Après une magnifique intro digne des plus grands opéra, Sceptic Flesh se lance paradoxalement dans un death sans concession, d’une violence inouïe.
La double grosse caisse mène le morceau à un rythme infernal, les guitares suivent et Spiros à la voix gutturale amplifie ce déchaînement inhumain de violence à l’état brute ! Le morceau accélère, ralentie, repart, et on combien merveille du cd, on a droit en fond à des chœurs.
Oui oui… des chœurs… Sceptic Flesh tente un mélange des plus saugrenu (mais cependant très réussi), et insère des chœurs sur presque tous les morceaux avec la voix divine de Natalie Rassoulis, donnant à l'album un côté très goth. Sceptic Flesh serait-il l’inventeur du death gothic ?
Quoi qu’il en soit, tous les morceaux de l’album le confirment, il s’agit cependant plus de death que de gothique, cet aspect la venant uniquement enrichir des morceaux principalement puissants rapides et… violents !

2009-02-22 00:00:00


DeadlyNightShade
Après plusieurs années d'attente, Septic Flesh rejaillit des limbes de l'expérimentation comme tant d'autres groupes l'ont fait avant eux. L'expérimentation, le monument grec nous en a offert un album entier, le dernier en date, le controversé Revolution DNA qui changeait l'orientation du groupe (et ce considérablement).
Fruit d'une collaboration étroite entre ses membres et d'une autre méthode de composition, voici Sumerian Daemons, qui devrait convaincre les plus imperméables à ses précédents efforts que Septic Flesh a bien renoué avec son style d'origine et a abandonné l'expérimentation.

Comme tout les groupes qui proposent un death metal habillé d'orchestrations ou de mélodies atmosphériques, gothiques ou autres, Septic Flesh a subi des reproches, comme le groupe Nile, de la part des Grands du Death (qui les accusent d'habiller leur musique pour cacher leur mauvais jeu).
Septic Flesh a su prouver qu'il pouvait écrire du Death Metal contondant, et capable de rivaliser avec ces mêmes Grands.

Après un introduction bombastique digne des grands opéras, chargée en orchestrations et en choeurs, le premier véritable titre "Unbeliever" arrive. C'est un bon morceau death, violent, saturé. La voix de Spiros (désormais Seth) est encore plus imposante qu'auparavant. À côté d'une rythmique en acier et des guitares lourdes et heavy, des choeurs et des orchestrations légères viennent adoucir une musique pourtant vraiment violente. Les orchestrations de Septic Flesh ne sont pas là pour cacher quelque chose (au contraire, elle l'habille, le rende plus beau et puissant).

La chanson suivante, "Virtues of The Beast", démarre en douceur. Seth et quelques choeurs viennent rompre ce silence peu après.
Beaucoup plus mélodique que son compère précédente, ce titre marquera beaucoup plus facilement que "Unbeliever".

Le titre suivant se nomme "Faust" et ce n'est pas peu dire. Il débute en douceur également avant de partir de plus belle dans un death heavy à souhait ! Fotis use sans arrêt de ses cymbales dans ce titre. Les choeurs se font plus importants qu'à l'accoutumée. Seth use de son timbre de voix digne d'un géant, sans parcimonie. Encore un très beau titre… à ajouter parmi les meilleures de Septic.

"When All Is None" change la donne : il débute avec un intro guitare assez heavy et s'adoucit ensuite. Même la voix du démon se fait douce (tout est relatif). Une mélodie atmosphérique plane sur cette chanson et tisse une ambiance tout à fait particulière (et qu'on ne trouve que trop rarement).

Vient ensuite une charmante chorale qui ouvre "Red Code Cult".
La chanson part avec une abondance de doubles pédales et de hurlements glauques… pour se calmer peu de temps ensuite et pour mieux repartir. Riches en changements de rythmes, beaucoup trouveront cette chanson ratée. C'est pourtant une des plus belles pièces de "Sumerian Daemons".

La suivante ("Dark River"), avec sa mélodie à la guitare si particulière, nous rapproche du Death mélodique voir atmosphérique. Soutenu par des voix féminines, Seth utilise la noirceur de sa voix comme un atout. Un autre grand morceau.

"Magic Loves Infinity" débute plus en douceur, une atmosphère démoniaque planante tout au long de l'intro (annonciateur d'une chanson des plus sombres). Cris, guitares tranchantes et rythmique en fer forgé définissent le refrain.
On a guère l'occasion de parler des finals dans les chansons du groupe, alors parlons-en !
Ce morceau est clôturé par un long instrumental à la guitare (sublime !!), qui redémarre de plus belle avec Seth et une femme au chant.

"Mechanical Babylon", morceau des plus death avec des orchestrations à mille lieux des pompeux efforts de Within Temptation. Des cris travaillés et une mélodie riche, voilà comment on pourrait la décrire.

"Infernal Sun" et son introduction à la guitare : planant !
Avec des rugissements dignes d'un dragon, Seth et sa basse propulsent son chant qui devient "instrument à part entière", se mariant parfaitement aux autres instruments.

De suite, "The Watchers" poursuit la lignée du morceau précédent avec des guitares bien présentes (et un chant brutal), en alternance parfaite avec la mélodie (douce) qui nous parvient "de temps en temps".
Une chorale imposante - digne de Therion - soutient Spiros Antoniou lors d'envolées lyriques de toute beauté !

Enfin, la dernière chanson : "Shapeshifter"
D'emblée, elle calme la donne avec une ouverture planante, atmosphérique et quelques éléments électroniques. Des voix douces et fragiles de femmes se font entendre, suivi de celle d'un homme "mixé jusqu'au maximum". Ce n'est qu'au bout de 1"50 environ que les décibels éclatent et que Seth hurle (et les guitares qui explosent). Toujours accompagné de ses choeurs féminins, Seth hurle des phrases de temps à autre. Avec un final réussi qui rappelle l'introduction, ce titre est un bon choix de clôture de ces 50 bonnes minutes de Death Metal, tintés d'influences black / gothic / dark et classic.

Sumerian Daemons est de loin l'un des meilleurs albums de nos chers Grecs.
Ce n'est pas, à proprement parler, leur album le plus varié, mais il est si justement influencé : un peu de black par ici, un peu de gothic par là, beaucoup de Death ici…
La musique de Septic Flesh a su évoluer avec le temps, loin des groupes qui proposent "jusqu'à 6 fois" le même album. Nos grecs proposent à chaque fois des albums différents, variés, influencés… Bref, de la musique quoi !!!

Sur ce, je vous laisse écouter ce groupe qui mérite l'attention des gens, qu'ils soient passionnés de Métal ou non !

2009-02-22 00:00:00


kildengaard : 19/20
Ceux qui ont pu suivre l'évolution musicale de Sotiris et Spiros, les deux protagonistes essentiels de Septic Flesh, ont du se demander ce qui allait leur tomber dessus avec ce nouvel album.

Avec les projets Chaostar, faisant penser à des musiques de Films de science-fiction, et un "Revolution DNA" de Septic Flesh qui est beaucoup plus Rock/Electro que Metal, après avoir Transcender le Death Mélodique avec "Esoptron" le 2 ème album puis explorer le gothic dans "A Fallen Temple", je pense qu'aucun auditeur, et même un fan comme moi (je dois l'avouer), n'aurais pu imaginer qu'ils allaient mettre un grosse claque en incorporant un côté brutal jusque là encore peu développé dans leur musique.

Et c'est là toute la puissance de cet album, dans la surprise d'une part, mais surtout dans l'art de mêler une extrême brutalité à des parties toujours plus ambiantes et plus maîtrisées, marque de fabrique du groupe.

La voix et redevenu super grave, et il est vrai que le batteur est un véritable marteau-pilon !!!!!

La pochette est très travaillée, et permet déjà de ressentir cette ambiance assez noire et apocalyptique qui se dégage dans le disque.

Pour terminer, le son est énorme, et je pense que si la production était un petit peu moins chargée en grave, cet album serait une perfection métallique.

Sur ce, allez l'acheter et je vais me le retaper tiens...

2005-06-22 00:00:00