PORCUPINE TREE
DEADWING (Album)
2005, Atlantic Records / Lava Records


1. Deadwing 09:46
2. Shallow 04:16
3. Lazarus 04:18
4. Halo 04:38
5. Arriving Somewhere But Not Here 12:02
6. Mellotron Scratch 06:56
7. Open Car 03:46
8. The Start of Something Beautiful 07:39
9. Glass Arm Shattering 06:13

Total playing time 59:34


bojart
Il ya des groupes comme ça qui connaissent un succès, que j’appellerais d’estime, mais qui vendent peu d’albums. C’est le cas des britanniques de Porcupine Tree, formation émérite de métal progressif, très populaire mais non « bankeable » comme disent les nord-américains. Pourtant, avec des influences aussi belles que les Beatles et leur rock (faussement) propret ou Pink Floyd et leur musique pyschédéliquement (vous avez dit néologisme ?)savoureux, délicieux, onctueux, etc… Porcupine Tree aurait dû toucher une audience plus largeque la sienne. Ils atteignent finalement un public de rockers de 30 à 40 ans et de métalheads de 20 à 30 ans (dont je fais partie) avec ce rock-métal mi-alternatif mi-progressif qui leur est propre.

Après un éblouissant « In Absentia » ; pierre angulaire de la discographie du groupe ; et avant l’étouffant et époustouflant « Fear of a Blank Planet », je vous présente « Deadwing » sorti en 2005.

Après avoir fait, pendant dix-sept ans, un rock progressif alléchant et anti-conformiste, puis évolué vers un rock-métal aérien et créatif avec « In Absentia », Porcupine Tree, dans ce septième album officiel, nous propose du métal au bon gout de rock psychédélique vintage. La preuve avec « Glass Arm Shattering », trip planant et prenant nous renvoyant, non sans nostalgie, vers les Seventies et cette musique orgasmique produite et interprétée par The Who, The Doors, Pink Floyd (tiens donc !) et bien sur Jimmy Hendrix. Tout commence par un riff lointain, comme enfermé dans une boite ou enseveli sous terre, et le bruit si particulier du vinyle sur la platine. La batterie s’agite doucement sur une soyeuse ligne de basse, Steven et sa guitare (principale) vient donner de la volupté à cette composition des plus chatoyantes. L’atmosphère est à la détente et à la relaxation. L’ex-collaborateur du magnifique groupe Opeth (il a participé au magnifique « Blackwater Park ») pose sa voix de velours et on s’immerge alors peu à peu dans une brume sonore vintage mélangeant musique atmosphérique, electro-house et new-wave avec toute la tendresse du monde. Les riffs des grattes semblent presque irréels, flottant avec allégresse dans une ambiance électro-orgastique. Le synthétiseur enveloppe les notes de piano et les airs cosmiques ; comme dans un rêve de mélomane n’ayant jamais connu les années soixante-dix et ayant la chance précieuse de pouvoir s’y installer confortablement six minutes durant. Une grande réussite que ce voyage dans un passé musical dont je suis mélancolique malgré mon jeune âge.
« Mellotron Scratching » vaut aussi le détour ; Rien que pour l’utilisation d’un instrument emblématique des années soixante-dix : le mellotron. Un piano-synthé produisant sa sonorité en lisant des bandes magnétiques…le titre démarre par un air de piano somptueux et le son discret des baguettes sur le cuir des tambours. Comme toujours, le chanteur de PT nous prend aux tripes avec sa voix céleste guidée par le synthé et le jeu de guitare sobre s’il en est. Le piano continue à nous émouvoir, autant que les grattes et le melotron, nous donnant accès à un univers fantastique où délicatesse et douceur règnent. La musique s’arrête…une, deux, trois, non ! Cinq secondes ! Pour que les deux guitares (dont celle de Steven Wilson), la basse de Colin et la batterie de Gavin, de façon puissante, impose une force rythmique contrebalancée immédiatement par le son enchanteur du mellotron, joué par devinez qui ? Steven Wilson of course ! Ce son féerique est couplé à la ligne de basse…Et puis un Ange passe… Steve chante de manière divine, nous charme en insufflant beauté et symphonie lacrymale à un instrumental de fin quelque peu…mélodramatique.

« Halo » débute par un trio basse/tambours/cymbales de bon ton. On entend avec difficulté Steven ; une chose est sure, le titre a pour thème, Dieu. Le refrain est mélodiquealors que les couplets sont plus métal. L’ensemble reste une belle ballade électro-métal. Un solo de gratte, à la limite de la saturation, s’invite sur cette compo de musique alternative, jolie initiative ! On entend Steven Wilson chanter sous le joug d’une partition de 6-cordes acoustique bien exécutée ! Le refrain reprend ses droits et ce morceau gagne en volume sonore avant que le chanteur-multi-instrumentaliste ne vienne clore le titre en entonnant « ‘Cause I’ve got a halo around my head ». Continuons avec le suprême « Arriving Somewhere But Not Here » et son entrée en matière cyber-atmosphèrique. Peu à peu, l’intro se décante avec un riff de gratte, une ligne de basse et des vocaux instaurant une certaine intimité entre l’auditeur et Porcupine Tree. Une félicité musicale, une virée au dessus des nuages, le synthé est ici omnipotent (ainsi que le mellotron et la boite à rythmes). A ceci s’ajoute la batterie accompagnée d’un air distordu de guitare qui donne des frissons. Les émotions véhiculées sont fortes, sincères et poignantes, servies par des chants d’une beauté fragile et d’une composition intimiste…comme pour ce solo enclenchant un pont musical (presque un breakdown) pour le coup, vraiment métal. Je tape du pied, je hoche la tête et je me dis alors (j’aime bien me parler à moi-même) « En plus d’être un morceau d’une qualité immense, c’est mon titre favori de l’album !! ». Rien que ces riffs guitaristiques à trois minutes de la fin… délicieuses notes chaudes et sucrées !!!

Finissons ce tour d’horizon de « Deadwing » par « Shallow », pour le coup, morceau de métal, lui ! Steven chante tel une rockstar sur une compo où le duo de guitares et la basse se donnent la réplique sur un mid-tempo lourd, dans la veine du métal alternatif actuel. Le refrain se veut mélodique mais demeure teinté de métal industriel grâce à un air dont on se rappelle longtemps. La production est excellente et ce morceaux est certainement la chanson la plus « métal » de ce disque ambivalent, naviguant entre rock 70’s et métal alternatif.

Bj

2010-07-12 00:00:00