ANVIL
ABSOLUTELY NO ALTERNATIVE (Album)
1997, Massacre Records / Hypnotic Records




AlonewithL : 13/20
Pas le choix! Il faut continuer sans jamais se détourner. Même si l’effort et le travail acharné ne payent pas toujours. Que la roue de la fortune pourrait paraître pour certains coincée, l’important est de poursuivre, de suer, quoi qu’il puisse arriver, dans l’espoir qu’à force de tirer à bras le corps les rouages grippés de la vieille machine, celle-ci leur accorde l’or et la gloire attendus. Après un honorable « Plugged in Permanent » et le peu d’enthousiasme ressenti à sa sortie, on aurait pu croire que cette fameuse roue était cassée pour « Anvil ». Preuve de ses difficultés, le line-up se renouvelle avec un nouveau bassiste en la personne de Glenn Gyorffy, remplaçant Michael Duncan., et se lance aussitôt à la suite de « Plugged in Permanent » dans la création d’un nouvel album. « Absolutely No Alternative » fait voir le bout de son nez en 1997. Après toutes ces années de maturation et d’hésitation, « Anvil » a finalement miser sur un authentique heavy speed, comme il était encore capable de réaliser sur « Pound for Pound ». La conséquence, c’est la perte du son gras et enragé qui avait incendié le précédent opus. Pas une réelle alternative en soi.

Un heavy metal propre et léché refait donc son apparition. Ce retour quasi conformiste nuirait parfois à la richesse des compositions, sans leur faire perdre tout le côté percutant de celles-ci. Ainsi « Old School » déménage, mais cultive un semblant d’hésitation, de simplicité. Une simplicité que l’on ressent plus dans une forme de linéarité, dans un écoulement continu, offrant peu d’alternances au sein d’une même piste. Ce constat est d’ailleurs très vrai pour « Hair Pie », un titre, pourtant lui aussi, bien éméché. « Rubber Neck » suivrait une optique identique. Du moins même si la batterie et la guitare rythmique se forcent à maintenir une grande rigidité, Lips, que se soit au chant ou à la lead guitare, sautera le mur pour valdinguer en toute liberté. C’est ce côté déjanté que l’on apprécie le plus généralement chez « Anvil ». Ce jeu rapide et effréné c’est ce qui l’identifie. Toutefois, même s’il s’agit là d’un élément essentiel, il n’est pas l’unique dans l‘identification de sa personnalité.

En plus de cette extraordinaire vivacité que l’on décèle à la fois dans le riffing de guitare et les claquements de batterie, il y a bien entendu un fort côté moqueur et humoristique, que l’on devine sur différents titres du présent album. À commencer par « Green Jésus », morceau sans compromis, où règnerait une certaine ambiance démoniaque, nourri par les variations frénétiques des divers instruments. Les canadiens franchiront un cap avec « Show Me Your Tits », certes pas vraiment original, mais fonçant à pleine allure et impressionnant pour sa seule force de frappe. « Piss Test » comptera parmi ces pétages de plombs les plus appréciables. Entre son début et sa fin, où on entend uriner, tout n’est que délire et empressement. La rythmique y est soutenue, sous l’emprise d’un esprit rock n’ roll. Quelque chose me dit que le test sera positif à certaines substances dopantes et hallucinogènes.

On songera éventuellement au dopage pour « Red Light » et sa vitesse plutôt époustouflante. Les riffs sont néanmoins rendus plus tranchants, pas loin de la nonchalance groovy. Ceux-ci prennent d’ailleurs énormément de poids sur la piste, éclipsant le chant de Lips. Comme si celui-ci ne devait juste se contenter de commenter. Le groove gagnera également l’inquiétant et sombre « Black or White ». Malgré des solis toujours aussi stupéfiants de la part d’un groupe qui en use souvent et en abuse parfois, nous serons assez peu emballés par ce titre na dégageant pas de réelle profondeur. Il y aurait également cette touche sombre et thrashy, qui se révèlera proéminente sur « No on to Follow ». Plus question de déchainements, « Anvil » mise cette fois sur un rythme saccadé et prédateur. L’aspect ombrageux du titre ne sera toutefois pas sous le point de basculer dans le heavy doom, au contraire de « Hero by Death », qui s’inspire pour ce dernier du « Black Sabbath » ère-Dio. Lourd et étonnement posé. Suivant un cheminement en rampant, tel un meurtrier prêt à surgir, guettant la moindre réaction de sa proie. Un morceau en heavy doom donc en fin d’album. Comme pour le précédent opus, pourra-t-on remarquer. Il semble s’éterniser pareillement en tout cas.

Ils auront préféré prendre une voie plus commune pour ce « Absolutely No Alternative ». Pas de franche prise de risque, comme c’était assez courant ultérieurement. Le heavy metal est certes sympathique, nous remontant à la surface l‘humour et la fougue qui avaient fait autrefois leur gloire. Ils ne parviennent pas pour autant à casser la baraque comme on l’aurait souhaité, faute à des compositions parfois monoblocs et sans surprise. On sentirait presque un « Anvil » essoufflé, plaqué contre le mur, dans la recherche d’une échappatoire. Preuve en est une multiplication d'ouvrages, qui s’enchaînent désormais d’une année sur l’autre durant cette fin de décennie 90. La persévérance est incontestablement une vertu. En absence de créativité elle ne l‘est plus.

13/20

2012-04-16 21:46:55