ABORTED
STRYCHNINE.213 (Album)
2008, Century Media




Julien : 16/20
Déjà !!!!!!! A peine un ans après Slaughter And Apparatus : A Methodical Overture, Aborted est de retour avec un nouvel opus simplement nommé Strychnine.213. Le temps peut sembler court mais il s’en est passé des choses dans la vie d’Aborted au cours de cette année. Changement de line up, tournée béton et un nouveau disque. Alors Strychnine.213, un album fait à la va-vite, que nenni. Strychnine.213 un album qui déboîte comme il faut, oui m’sieur.

Commençons par le commencement avec cette intro qui d’emblée place l’auditeur dans le contexte. Comme nous l’expliquait Sven et Seb c’est pour présenter le nouveau Aborted. Pour ma part je trouve que c’est bien de changer du traditionnel sample pour nous balancer du bon gros riffs bien grassouillets. Au moins l’auditeur est prévenu Aborted a évolué mais Aborted a toujours soif de musique extrême. Si cette intro vous a mis l’eau à la bouche, je pense que la suite vous ravira tout autant. En effet (et contrairement à Slaughter And Apparatus) c'est un véritable mixe de tout ce que le groupe a pu nous proposer par le passé. Au final c’est un album aussi bien brutal que mélodique et entêtant. Si ce n’est pas un tour de force. Cela vient, selon leurs dires, d’une vraie intégration des nouveaux qui ont eux aussi apportés leur expériences et leurs propres personnalités. La résultat est assez bluffant car même après un bon nombre d’écoute l’on trouve toujours des petites je ne sais quoi que l’on avait pas encore entendu mais qui nous font nous dire « merde c’est quand même pas mal comme idée ça ».

Pour ceux qui ont été jeter une oreille sur Myspace vous avez vu que lorsque je parle de variété je ne raconte pas de bêtises. Si « I35 » et « Pestiferous Subterfuge » ne vous ont pas séduits le reste de l’album risque de mal passé bien qu’il y est un regain de brutalité supplémentaire dans la seconde partie du disque. C’est vrai le coté The Archaic Abattoir y ressort plus et ça bastonne sévère.
Nous pouvons parler deux petites minutes des nouveaux arrivant qui sont Sven Janssens à la basse et Dan Wilding à la batterie. Si le premier se montre finalement assez discret bien que possédant une forte identité sonore, le second éclabousse ce disque de sa technicité et de son jeu. Et dire qu’il n’a que 19 ans...
Svencho est très en forme lui aussi et sa combinaison de chant est toujours aussi impressionnante. Il a délaissé quelque peu son chant un peu criard pour un vrai retour aux fondamentaux. Encore et toujours l’identité du groupe.
La production sera peut-être le point de discorde. Aborted voulait que ça sonne live et bien ça sonne live. Ce décalage avec certaines autres productions que Sven définit comme clinique peut-être un souci. Perso je trouve ça bien et rassurez vous le son est très bon, ça sonne juste un peu différemment.

Au final un bon mix de la carrière d’Aborted réuni sur un seul et même album. Il y aura toujours des détracteurs mais reste que ce disque est vraiment excellent et en plus de ça, original. Aborted n’a pas peur d’avancer et c’est tant mieux !!!!!!!


2008-06-17 00:00:00


Eternalis : 16/20
Exemple typique du groupe ayant réussi à survivre suite aux départs de piliers fondateurs, Aborted s’est peu à peu reconstruit pour représenter l’entité qu’il est actuellement, non sans quelques différences.
Toujours basé sur un concept aux relents gores et morbides, l’aspect visuel est une nouvelle fois aussi violent que peu subtil, sans pour autant ne pas révéler une touche bien plus soignée que la pochette de "Goremageddon" ou la simpliste de "Slaughter & Apparatus". Présenté dans un fourreau (pour l’édition limitée !) offrant un graphisme différent (le cœur enchainé aux barbelés) du superbe travail dévoilant une femme prise dans les pièges machiavéliques du personnage inventé par Aborted et dont l’esprit de la saga Saw plane ostensiblement.

Mais c’est du côté de la musique que la différence a perduré, une différence et une volonté de diversification entretenues depuis la sortie de "The Archaic Abattoir", offrant sans doute le meilleur des deux visages du combo culte belge. Passé d’un brutal death / grind étouffant mais manquant de cohésion, Aborted a peu à peu muté dans une voie Thrash / death brutale laissant la place à plus de mélodies et surtout à énormément d’ambiances et de cassures rythmiques. Un style mieux maitrisé, moins directe mais plus rêche.
Sous le nom énigmatique de Strychnine.213 (213 étant le numéro d’une chambre d’un tueur en série ayant sévit dans les hôtels !), ce nouvel album se veut le plus diversifié de sa carrière, sans pour autant perdre en violence.

Si la brutalité se fait moins directe, la production crue tranche radicalement avec l’excès de triggs des albums post "Slaughter & Apparatus", conférant à l’album une connotation plus animale (mais moins schizophrénique pour entretenir une comparaison), plus sauvage, notamment dans le chant de Sven, moins maniéré et plus pur, très proche de l’aspect brut de décoffrage du live.
Les blasts, pas aussi prépondérants que par le passé, laissent la place à une double pédale se faisant d’une lourdeur écrasante, et sachant varier les tempos pour offrir l’accélération adéquate au bon moment, sans jamais trop en faire.
L’exemple de "Carrion" est flagrant. Nous offrant pour la première fois une réelle introduction pendant près de deux minutes se montre un visage horrifique presque ambiant absolument saisissant. Sous le joug d’une narration obscure, de guitares maladives et lourdes, et d’une double pédale suffocante, Aborted nous prend à la gorge dès les premières secondes mais d’une manière différente de l’accoutumé (cette accélération est d’une intelligence musicale rare). Une introduction déboulant sur "Ophiolatry on a Hemocite Platter" à l’entame vocale presque hardcore imposant un blast nous dirigeant en terrain connu.
Mais néanmoins, dans ces riffs plus directes et thrash, dans ces vocaux animaux absents de toutes variations grind, on ressent complètement la nouvelle orientation des belges, et que le travail de composition s’est situé à un autre niveau. Le break une nouvelle fois quasi ambiant, doté d’un beat de batterie jouissif, laisse entrevoir un Aborted n’ayant jamais été aussi mélodique mais paradoxalement malsain. Le mid tempo est à l’honneur, malgré des accélérations en blasts, et confère plus de lourdeur.

La musique, composée en intégralité par Seb (également leader de Balrog et Genital Grinder) et Peter, voit aussi l’intégration de nombreux solos, d’où une direction plus mélodique.
Le génial "135", offrant un death agressif, est littéralement subjugué par ses solos, apparaissant comme des brides de musicalité à l’intérieur du carnage sonore infligé par les belges. Ils prennent la forme d’aération permettant à une musique plus suffocante que jamais (pour l’atmosphère évidemment, pas la brutalité) de respirer.
Mais loin de la mélodie excessive d’un Scar Symmetry ou du déluge de notes superflue d’un Children Of Bodom, le tapping ici utilisé permet d’accentuer la brutalité de la musique quand le blast fait son retour.

Si elle reste plus accessible, la musique ne perd pour autant pas en richesse, en démontre les changements de rythmes incessants de "Pestiferous Subterfuge", la dualité entre les vocaux de Sven et ceux de Seb, provocant pur l’auditeur une perte totale de contrôle, ne sachant plus où la musique va aller, et ne se doutant pas des écarts mélodiques trouant la cuirasse de brutalité (jamais vous n’auriez cru entendre un solo aussi mélodique que celui de ce titre sur un album de Aborted !).
La réaction des puristes sera inévitablement celle de fans pleurant leur ancien chantre de la brutalité, mais face à une telle innovation, pourquoi se plaindre d’une évolution ? A l’instar de "A Murmur in Decrepit Wits" maladif et vomitif, d’un "The Chyme Congeries" voyant l’intégration de claviers cybernétiques et glacials ou d’un "Hereditary Bane" au feeling sale et plus thrash que jamais, Aborted prouve qu’un groupe cantonné dans son style et ayant sortie des opus cultes dans le genre peut s’en défaire avec succès, même s’il est fort à parier que le public ne sera plus forcément identique.

Moins rapide mais plus lourd, moins brutal mais plus animal, moins gore mais plus artistique oserais-je dire, "Strchynine.213" est un album résolument différent d’un groupe n’ayant de toute façon plus grand-chose à prouver au monde et profitant ainsi d’une totale liberté artistique leur laissant le soin d’aller chercher de nouveaux horizons, à tort ou à raison…

2009-04-10 00:00:00


Zao666 : 15/20
D'abord c'est quoi ce nom d'album, Strichnine.213 ? Qu'est-ce qui se passe ici ? Pourquoi cette approche trash/death mélodique de plus en plus conséquente au fil des albums ?
Depuis le genialissime Gormaggedon (2003), on dirait que le groupe a revu ses influences, bien plus mélodiques. Même si "The Archaic Abattoir" (sorti en 2005) conservait encore quelques brides bien death/grind brutales, on assistait déjà à un nouveau ABORTED, plus trash, ponctuant sa musique de divers breaks deathcore et death mélo. "Slaughter & apparatus" (2007) en était revenu à ces premier amours, mais il faisait preuve d'une plus grande maturité et nous livrait un mixage impeccable alors que ce nouvel opus ne fait quant à lui que suivre une voix déjà creusée par 1000 groupes identiques.
Bien évidemment je ne le dénigre pas, loin de là (étant un grand fan d'Aborted). Je me permets juste d'appuyer certains points importants de son évolution.

Comme je vous le disais, "Strichnine.213" brasse pas mal d'influences, tout comme sur les précédents efforts du groupe. La prod, elle, n'a pa changée d'un iota alors que c'est Eric Rachel (Black Dahlia Murder, God Forbid) qui s'est occupé de l'enregistrement.
Le groupe continue de nous balancer un trash/death sur fond de grind aceptisé : prenez un "At the Gates" sous amphét, fusionnant avec un Dying Fetus sous Valium et vous obtenez le nouvel Aborted. Un cocktail explosif mais sans saveur, les titres s'enchainent et se ressemblent (même si quelques-uns sortent du lot comme "Pestiferous Subterfuge" et "Opholiatry"). Enfin, quoi qu'il en soit, ce dernier album reste du Aborted - la voix égale à elle-même, un batteur puissant qui blaste à-tout-va, et des soli techniques sur fond de rythmiques trash/death bien grasses.

Vous ne serez donc pas perdu… et si vous appréciez les précédents album, vous pouvez achetez celui-ci les yeux fermés. Par ailleurs, on peut applaudir le groupe pour avoir sorti un full lenght un an seulement après la sortie de Slaughter… et, qui plus est, n'a cessé de tourner à travers l'Europe pour enchainer les dates. D'ailleurs le karma l'a recompensé puisqu'il débutait le 30 mai dernier une tournée au USA accompagné de groupes de talents (Black Dahlia Murder, The Faceless, Born Of Osiris, Kataklysm, Despised Icon, Cryptopsy, etc…)

Ah oui / au fait / Strychnine… qu'est-ce que ça veut bien dire ? Et bien = c'est un poison toxique utilisé généralement pour les rats (mais qu'est-ce qu'on s'en fout !). Par contre, pour le 213 faut pas pousser, j'en sais rien moi : je suis pas une bible du métal !

2009-04-09 00:00:00