La puissance évocatrice d’une belle pochette est toujours, pour moi, un élément fort appréciable. Qui n’a jamais été intrigué par le Eddy d’Iron Maiden, attiré-repoussé par les zombies ornant les œuvres de
Cannibal Corpse ou encore voulu dresser le poing bien haut en idéalisant les pochettes de
Manowar ? Les associations d’idées suscitées par ces œuvres représentent un élément important du rapport que j’ai avec les disques.
Pour ce nouveau
Dopelord, le démon cornu de la pochette m’a renvoyé au très bon film de Jacques Tourneur,
Night of the
Demon (1957), mêlant suspense, épouvante et créature démoniaque enfumée. Ce qui, au final, identifie bien la musique de ce groupe polonais fondé en 2010 à Lublin et qui a déjà produit 4 albums, 2 splits et un EP.
Composé en 2023 de Piotr Zin (chant, basse), Gregorz Palowski (guitare), Pawel Mioduchowski (chant, guitare) et Piotr Ochocinski (batterie), le groupe rejoint les rangs du label américain Blues
Funeral Recordings pour la sortie de leur 5ème album,
Songs for Satan (5 titres plus intro et outro pour 38 mn).
Dopelord officie depuis leurs débuts dans le stoner/doom à forte teneur en THC diabolique. Délaissant quelque peu l’apologie de la weed, les voici lancés bille en en tête sur l’occultisme et le grand Cornu. L’intro « nuit en forêt » une fois passée, déboule le gros riff de
Night of
The Witch, qui rappelle quelque peu le titre de Thiéfaine Les Dingues et les Paumés. Guitares lourdes, basse au saindoux, batterie plombée et groovy, l’ensemble s’accorde parfaitement au timbre nasillard et mélodieux de Mioduchowski, surtout sur le refrain particulièrement soigné ; Un titre classique et efficace, qui fait le boulot tout en restant dans les standards du genre.
Ce classicisme relatif n’empêche nullement nos seigneurs dopés de proposer des titres fort bien écrits. Que ce soit avec la « toute riff dehors »
The Chosen One, la mélancolique
Evil Spell et son histoire d’amour tragique, ou encore One Billion Skulls aux atours sludge (et qui bénéficie aussi de l’apport de la voix écorchée de Zin),
Dopelord prouve sa capacité à proposer des lignes mélodiques captivantes qui viennent illuminer leurs coulées de plomb rythmiques. Un brouet loin d’être grossier, où les ingrédients certes connus sont mitonnés à point.
Ils nous enfoncent encore plus loin la tête dans la fange sur la maléfique Worms qui enchevêtre à ses riffs tortueux les vocaux éraillés du bassiste, avant de proposer une accélération qui pourra faire naître des pogos dans le pit. Les vers se tortillent dans nos cerveaux et on en redemande. Dommage un peu alors que l’album s’achève sur une outro reprenant à l’orgue un riff de
Night of the Witch, malgré son aspect effrayant (essayez ça sur les garnements qui viendront cogner à votre porte pour
Halloween).
Avec
Songs for Satan,
Dopelord confirme sa place parmi les cadors de la scène doom/stoner. Sous des oripeaux classiques aux premiers abords, nos quatre cultistes se démarquent avec leur son, leurs riffs et le soin apportée aux mélodies vénéneuses. Tout comme le parchemin de Karswell, une fois que vous en aurez déchiffré les arcanes, je gage que vous succomberez à ces chants pour le Diable.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire