Sur la petite voie pédestre qui relie les bourgades de Port
Charlotte à Bruichladdich sur l’ile d’Islay, je me disais en avril 2023 que, décidemment, l’Écosse est vraiment un beau pays. Son atmosphère, ses décors urbains traditionnels, son whisky, la beauté de ses paysages diversifiés, la gentillesse de ses habitants forment un tout qui m’ont charmé à jamais. Mais, subitement, une angoisse me saisit le cœur à l’énoncé d’une question farfelue : mais qu’en est-il de son Death
Metal ?
Quel fut alors mon soulagement quand je vis que Raul, boss de
Memento Mori, allait sortir le 1er album de Coffin Mulch, originaire de
Glasgow. Formé en 2018 autour de Al (growl), Rich (basse), Fraser (batterie) et David (guitare), nos broyats funéraires sortent d’abord une démo en 2019puis l’EP
Septic Funeral en 2021 sous plusieurs formats chez plusieurs labels. Délivrant un Death
Metal orienté old-school se référant à de glorieuses idoles (Death,
Autopsy,
Entombed), il n’est pas étonnant qu’un des labels phares pour le genre héberge ce
Spectral Intercession, prévu pour la fin juin 2023.
Old-school également par l’étrange et captivante pochette dessinée par Brad Moore et qui me fait penser à celle de The
Spectral Sorrow (Edge of Sanity). L’introductif titre éponyme ne déroge pas à cette direction : les oreilles baignent directement dans un Death
Metal véloce et hargneux, doublé d’une dimension gangrénée. Une belle coloration
Autopsy, qui se ressent aussi dans le growl criard de Al. Le riffing, simple à assimiler mais suffisamment diversifié et surtout bien agencé, distille cette entame tout à fait acceptable.
Plus loin, on renifle à nouveau le groove malsain typique de la bande à Reifert sur
Gateways of the Unseen, dont l’ambiance « fonds de tonneau pourrissant » est renforcée par l’emploi d’un growl plus profond.
Enfouis sous une couche de tourbe grasse,
Into The Blood et la vindicative
Mental Suicide démarrent sur un tempo lent, juste avant qu’un coup de rutter vienne libérer leurs agressives exhalaisons. La frappe de Fraser gagne en intensité et mon index commence sérieusement à frétiller. D’ailleurs, celui-ci s’emballe comme un damné sur In The Grip of Death et
Fall of Gaïa, deux brûlots à l’âme punk aux relents rances comme un blend bas de gamme. Ce qui promet de beaux pugilats dans les pubs de
Glasgow !
Comme le sait tout Écossais digne de ce nom, le temps de maturation est un paramètre important pour sortir un bon produit. Coffin Mulch s’emploie alors sur
Eternal Enslavement, la dernière et plus longue piste, à valider cette assertion. Ils offrent du coup à leur musique un affinage ultime dans un fût d’
Asphyx, avec un résultat tout en pesanteur menaçante.
Assez court (31 mn),
Spectral Intercession est doté d’un bon travail de mixage qui rappelle les productions des années 90 qui alloue à chaque musicien une place de choix (la basse est bien audible).
Vous l’aurez saisi, Coffin Mulch nous a sorti là un 1er album qu’il fait bon de déguster. Malgré les influences palpables, les Écossais ont trouvé un son et un voie prometteuse. À l’image d’un Adnamurchan ou d’Isle of Raasay, cette cuvée n’est pas encore optimale mais fait largement entrevoir des productions exceptionnelles. Vivement le prochain !!
Ah l'Ecosse, ses nanas légèrement vêtues le samedi soir par 2 degrés, ses distilleries aux odeurs tourbées, ses pubs à l'atmosphère unique, son ambiance so traditionnelle dans ses stades de foot, et sa luminosité exceptionnelle qui ravira l'amateur photographe... Mais aussi son DM à priori. Merci Armelou, j'irai écouter cela avec l'index qui va bien :-)
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