Il ne faut jamais se fier aux apparences, et il n'est jamais inutile de jeter une oreille à un groupe en dépit de vils préjugés. Prenez
Northern Lights, comme patronyme : ça m'évoque les fjords scandinaves, sur ciel zèbré d'aurores boréales, avec un black metalleux qui fait couler son noir de maquillage en chialant dans un trou de lac. Et non ! Point de black metal atmosphérique ici, c'est au sources du metalcore que s'abreuverait plutôt
Northern Lights.
Ce combo français né en 2019, a vite mis à son actif un premier LP autoproduit sorti en 2020, "
Hopes and Disillusions" plutôt consistant et ambitieux pour une première tentative.
Loin de s'arrêter sous le joug de la pandémie, les guitaristes Alexis Schneider et Johnattann Colas ont composé la majeure partie de cet EP pendant les périodes de confinement, rejoints par leur nouveau bassiste William Martin (à la place d'Adrien McGerman). Si le single "The
Moon" a été sorti en guise d'avant-goût dès avril 2021, le disque a été bouclé à l'été 2022.
Suivant le thème des tarots de
Marseille servant aux cinq chansons de l'EP, une seyante pochette ésotérique figurant une carte a été réalisée par Aude Brisson. "
Oracle" est sorti le 29 janvier 2022 chez OMV Records distribution BloodBlast.
Loin du froid glacial de l'hiver du grand Nord, c'est par des arpèges arabesques que commence "House of
God". A peine les doigts chauffés, ça commence à fumer sur les manches, avec des riffs volontiers alambiqués. Instrumentalement, les mecs on un solide niveau technique avec des riffs ajourés de notes aiguës, comme peuvent le faire
Trivium ou
Soilwork ("
Temperance"). Il y a un coté mélo qui vient enrichir leur metalcore, au niveau des guitares, et de certains passages chantés en voix claire façon
Soilwork (ou
Linkin Park), et ce de plus en plus au fur et à mesure de l'avancée de l'EP.
Je retrouve dans la musique de
Northern Lights un air de la fin des années 2000, dans leur manière de pratiquer ce qu'on appelle plus largement métal moderne. Il y aurait aussi une certaine ressemblance avec leurs compatriotes de
Dagoba, sur la manière d'imposer un gros riff carré sur les couplets ("Judgement").
Côté batterie pour Jeffrey Lassere, on a un bon éventail de rythmiques avec souvent un mid tempo pesant et presque groovy, avec une bonne utilisation de la double pédale et des roulements pour relever la sauce.
La violence passe surtout par les screams de Luca Depau Michau, qui déverse un flot de rage constant sur la musique de ses collègues. Il y a un contraste marqué avec les lignes de chant très mélodiques qui enjolivent les refrains.
Les durées de morceaux oscillent entre trois et quatre minutes, et j'aurais apprécié plus de variations d'intensité dans le jeu, et dans le niveau de développement des compositions.
Northern Lights peut cependant arriver à surprendre, par exemple lorsqu'il s'aventure sur d'autres terres (le riff aux disonances indus de "The Game")... et c'est sur ce terrain-là que je les préfère.
La production a énormément progressé par rapport au premier album, très propre, même un peu trop au niveau des guitares qui auraient gagné à être plus velues. La basse a gagné de la place, ce qui n'est pas pour me déplaire. Au moins comprend-on parfaitement tout ce qui se passe ici, et on constate le cap franchi en matière de qualité d'exécution.
Northern Lights montre avec cet EP qu'il a une marge de progression conséquente et la volonté d'aller de l'avant. Il suffit de réécouter leur premier album, plus brutal mais moins abouti, pour mesurer le chemin parcouru. Gageons qu'avec une personnalité plus affirmée avec le temps, le quintet troyen a tous les atouts pour se faire remarquer.
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