Master se forme en 1983 autour du chanteur / bassiste Paul Speckmann et du batteur Bill Schmidt. Découragé devant l’impossibilité de trouver le bon guitariste deathrash, ce dernier quitte le groupe tandis que Speckmann fonde
Death Strike avec un nouveau line-up fragile et éphémère, enregistrant au passage la demo-tape Fuckin’ Death en 1985, constituée de quatre morceaux directement issus du répertoire de
Master (
The Truth,
Mangled Dehumanization, Re-Entry and
Destruction, Pay to
Die). Cette maquette faisant son petit effet dans l’underground, le duo d’origine remonte
Master avec le guitariste Chris Mittleburn, étoffe son répertoire avec Unknown
Soldier,
Master,
Funeral Bitch,
Terrorizer, Pledge of
Allegiance, puis enregistre une nouvelle cassette cette même année 1985, qui servira de base à un accord avec l’écurie Combat Records, hélas jamais conclu faute aux prétentions abusives de
Master.
Officiellement séparé mais ayant acquis entre-temps un statut culte dans l’underground,
Master reçoit en 1989 une offre de la part de Markus Staiger (Nuclearblast), ayant contacté Paul Speckmann via Abomination, son groupe thrashmetal du moment. Le trio se rassemble une nouvelle fois puis réenregistre cette même année l’ensemble de son vieux répertoire, dans un studio non loin de Chicago (les Solid Sound Studios, sous la direction de John
Tower). Le résultat ne plait toutefois guère à Markus (daté à ses yeux), qui décide d’envoyer Paul Speckmann aux célèbres Morrisound Studios sous la houlette de Scott Burns, pour de nouvelles sessions. Le leader est désormais entouré de deux nouveaux musiciens, à savoir le batteur Aaron Nickeas (son frappeur chez Abomination) et le guitariste
Jim Martinelli, puisque Schmitt et Mittleburn sont partis entre-temps ! Toutefois, la production soignée enthousiasme encore moins le jeune dirigeant, au point qu’il décide finalement de confier les premières sessions rugueuses aux mains de Scott Burns, pour un remix (principalement de la batterie) guère apprécié par Paul Speckmann. Ainsi parait à l’automne 1990 le debut-album officiel de
Master, assemblé dans des conditions certes difficiles, mais recevant une réponse immédiate, forte et positive de la part des deathrashers.
Les sessions aux Morrisound Studios ne tombent toutefois pas longtemps dans l’oubli, puisque Nuclearblast les édite à l’automne 1991 (par souci historique, volonté de Speckmann, ou raison contractuelle voire mercantile, Dieu seul le sait), sous un nouveau nom baptisé
Speckmann Project. En tout cas, difficile au jeune metalhead de faire la part des choses entre
Master,
Death Strike et
Speckmann Project (sans compter Abomination), tant les sorties portant le sceau « Speckmann » s’accumulent chez Nuclearblast en 1991, sans grande communication, ce qui explique le désintérêt pour ces disques qui moisissent à l’époque dans les bacs des différents disquaires, hormis
Master qui connait des ventes honorables.
Intrinsèquement, la différence entre le debut-album de
Master et le disque
Speckmann Project est notoire, et justifie à mon sens l’achat de ce dernier et ce, pour trois raisons. Premièrement : la playlist de
Speckmann Project qui comprend cinq morceaux non présents sur
Master, ceux en numération paire, à savoir
Rabid Anger,
Fallen From Grace,
Junkyard,
Live For Free et Remorseless
Poison (ce dernier est présent également sur les sessions 1991 de
Death Strike). Deuxièmement : la différence de jeu et d’interprétation entre les batteurs (Schmidt vs Nickeas) et les guitaristes (Mittlebrun vs Martinelli). Troisièmement : la différence entre le studio (Solid Sound vs Morrisound Recording) et l’ingénieur du son (John Towner vs Scott Burns), Scott Burns livrant de son côté une production précise et compressée comme à son habitude, ce qui avait sans doute déplu à Markus Staiger ne retrouvant plus la rugosité des débuts de
Master.
Speckmann Project s’adresse donc aux metalheads appréciant le travail méticuleux de Scott Burns, désirant entendre les premières compositions de
Master dans un registre plus thrash que deathmetal (comme une version plus simple de
Revenant &
Demolition Hammer, au parfum d’
Obituary), tout en se délectant de plusieurs inédits de bonne tenue (à défaut d’être de purs classiques), à l’image de
Live for Free, un morceau aux bons soli de guitares et aux jeu de batterie percutant. Ce disque possède finalement l’avantage d’avoir non seulement une valeur intrinsèque notable mais aussi un intérêt historique certain.
++ FABIEN.
J'avais lu que c'était sous l'impulsion de Speckmann que cette seconde session d'enregistrement était finalement sortie, le leader justifiant que c'était par respect pour ses musiciens (Martinelli et Nickeas) et qu'il ne souhaitait pas que leur travail tombe aux oubliettes. Mais en effet, Nuclear Blast a sans doute tendu la perche.
Pour ma part, dans toute cette dimension Master, le boulot que je préfère, par sa fougue, son urgence et sa rage, c'est le Unreleased Album de 85 et donc ce fameux enregistrement ignoré par Combat Records. Il y a d'ailleurs un double vinyle sorti l'année dernière qui regroupe le Unreleased album (déjà sorti en 2003, puis sur la réédition double du premier Master), les démos de Funeral Bitch et la démo Fuckin' Death de Death Strike. Une sortie sobrement intitulée '1985' et parue sous l'égide de Master.
Merci pour le papier Fabien. D'ailleurs, que vaut le second opus de Speckmann Project sorti l'année dernière ?
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire