Orphaned Land acoustic + guests @Paris Le Zèbre de Belleville 11-10-2015

le Dimanche 11 Octobre 2015, Le Zèbre de Belleville

Il y a des fois où tu te dis que ce n'est peut-être pas le moment d'aller à un concert. Ce moment où tu dois obligatoirement te reposer, recharger les batteries, pour être frais comme il faut et attaquer vaillamment la nouvelle semaine. Mais il y a aussi des fois où tu ne peux pas résister à une soirée qui sera forcément géniale, avec des amis, et que tu t'en voudrais de l'avoir ratée pendant les dix prochaines années. 

Ce dimanche 11 octobre en fin d'après-midi, je rentrais tout juste à Paris après un weekend passé à la campagne avec mon association étudiante militante. Évidemment, on ne s'était pas couché la veille à 21h30. À 2h du matin on parle politique, à 3h on refait le monde, à 4h on tente de danser un petit peu, et à 5h on se dit que c'est la dernière partie de babyfoot. On se dit qu'on dormira dans le bus du retour, ce qu'on a évidemment pas fait ; et j'arrive donc au meilleur de ma forme en marchant sur le boulevard de Belleville, pour m'arrêter devant une étrange façade blanche, qui contraste avec les épiceries halal et réparateurs de téléphone qu'on trouve habituellement dans le quartier. Un immense panneau lumineux un peu kitsch annonce : Orphaned Land. 

Un concert du groupe israélien n'est pas vraiment une chose rare dans la capitale (la dernière fois remonte à six mois, en première partie de Blind Guardian), sauf qu'aujourd'hui il s'agit d'une tournée entièrement acoustique, en tête d'affiche, secondée par le chœur Stimmgewalt, ainsi que par Molllust et Even Flow, eux aussi en ''unplugged''. Et c'est pour tout cela que je décidais de surmonter une fatigue accumulée sur plusieurs jours, pour un événement qui s'annonçait bien plus qu'un simple concert. Ce n'est pas pour rien que l'organisateur du concert, Access Live, a choisi de dédoubler le show à Paris, pour pouvoir accueillir correctement tous les spectateurs, pour une date qui annonce quasiment complet. La salle en question s'appelle le Zèbre de Belleville, ancien cinéma et squat pour artistes, et sert actuellement de cabaret ou de salle de spectacle, dans un superbe cadre rappelant les années folles.



Even Flow

Ce sont les Sardes d'Even Flow qui ouvrent le bal. Je ne connaissais rien de ce groupe avant de les voir et c'est donc sans aucun a priori que je découvre ce quatuor. Le guitariste de gauche Alessandro commence une mélodie sur son Epiphone électro-acoustique, puis Gavino à la basse, Giorgio à la batterie et Pier Paolo prennent la suite. Pier Paolo pose sur ces arpèges une voix très belle, un peu rocailleuse, mais très chaleureuse avec son accent italien. Mon ami Matthias à côté de moi me souffle que ça ressemble à Pearl Jam. Il a raison, en plus le chanteur fait un peu penser à Eddie Vedder.

Ils ont l'air très simples, sont très souriants, et comme ils jouent bien, ça donne envie de les prendre en photo. Alessandro surtout, dans un angle parfait pour faire des beaux portraits. Alors je shoote.

Je shoote beaucoup.

Leur musique leur ressemble. C'est simple, frais, transportant des émotions insoupçonnées. On les classe habituellement en metal progressif, mais la version acoustique leur donne une toute autre dimension, beaucoup plus atmosphérique, qui peut évoquer des combos anglais comme Leafblade ou Crippled Black Phoenix. Sur les six titres joués ce soir-là, quatre sont issus de leur seul et unique full-lenght, Ancient Memories, mais plus important, les deux autres proviennent de leur futur EP, intitulé Flower Paths. Vu l'intensité que dégageaient Strong et Fly, il va falloir que je suive ce groupe de près à l'avenir.

1. Shantal

2. Strong

3. Believe

4. Blind Me

5. Fly

6. Ancient Memories

Molllust

Magnifique surprise alors que ce petit groupe sarde. Du coup l'ambiance de la salle est vraiment optimale, on sent que le public a apprécié. Je vois des sourires se dessiner derrière moi. C'est le moment que choisi Matthias pour me glisser à l'oreille ''les trois commères au bar commencent à m'énerver''. En effet, il y a, accoudés au comptoir, trois types, d'âge variable, qui parlent très fort. Ils ont l'air un peu bourrés. Vu que le son est acoustique, et donc pas très fort, je crains un peu pour la suite.

On commence à installer devant moi un volumineux clavier, accompagné d'un grand cache noir avec le logo du groupe suivant : Molllust. Ce n'est pas très pratique pour bien voir, mais pas gênant dans l'immédiat vu que la scène est assez basse. Les instruments sont apportés sur la scène : une guitare sèche, un violoncelle, et deux violons. Ça, c'est pas courant. Il faut dire qu'à l'origine, comme pour Even Flow, Molllust est un groupe ''électrique'', avec une batterie et une basse en plus. À ce propos, ils ont sorti tout récemment leur nouvel album, In Deep Waters, dont quasiment tous les morceaux du set sont tirés.

Mais ça y est, ça commence. Les Allemands nous mettent en condition par une petite introduction, assez grandiloquente mais très jolie, suivie directement par Unschuld, un des titres phares du nouvel album. Ça fait un peu bizarre, après les sons plus rocailleux d'Even Flow. On change complètement de registre, mais on s'y fait rapidement. En effet, on se rapproche beaucoup plus ici du classique (baroque) que du metal, même si l'esprit y est toujours. Ça me fait penser à un autre groupe allemand, Munarheim, dans ses parties acoustiques ; Haggard aussi, surtout qu'il y a deux membres en commun. Visiblement les membres de Molllust sont très professionnels, maîtrisent parfaitement leur sujet ; il doit y avoir de longues années de conservatoire derrière eux. Pour un groupe qui habituellement joue dans un registre bien plus heavy, ce qu'il joue en acoustique m'en bouche un coin. Les cinq parviennent à trouver un équilibre très beau, tout en sensibilité, grâce à ce registre acoustique, qui manque un peu aux versions metallisée que j'ai pu écouter par la suite.

Janika, la chanteuse pianiste, m'impressionne. C'est a priori elle qui lead le groupe. En plus de malmener son clavier comme une damnée, et de chanter sans souci en lyrique, elle se livre véritablement à du théâtre, mimant ce qu'elle chante par des expressions faciales très accentuées.

Elle n'hésite pas non plus à prendre la parole entre chaque morceau, dans un français assez fluide qui ne cache pas un fort accent germanique, mais l'intention est louable. On sent que sa musique et les histoires qu'elle raconte lui tiennent à cœur. Le guitariste Frank Schumacher se fait aussi remarquer. Assis sur un haut tabouret sur la droite de la scène, à l'opposé des filles du groupe, on dirait aussi qu'il tient un rôle dans une pièce de théâtre. Il fait aussi quelques interventions au chant, notamment sur König der Welt, où il se coiffe d'une couronne et rejoint Janika aux claviers.

Mais Molllust ne serait rien sans la section qui lui donne toute son identité : les instruments classiques. L'acoustique permet d'entendre distinctement les violons entre eux, tandis que le violoncelle donne plus de corps à la mélodie. L'ensemble rend particulièrement bien, notamment sur l'Ave de Bach, merveilleusement bien chanté par Janika. À la fin du set je semble ne pas être le seul charmé par la formation d'outre-Rhin. Les piliers de comptoir font toujours autant de bruit mais la salle le leur rend bien par des applaudissements nourris.

1. Ouvertüre II

2. Unschuld

3. König der Welt

4. Paradis Perdu

5. Ave

6. Sternennacht

7. Number in a Cage

8. Lampedusa

9. Voices of the Dead

Stimmgewalt

Les deux groupes d'ouverture passés, je pensais que c'était enfin au tour des Israéliens de monter sur scène. Or, voici que débarquent les membres du Stimmgewalt choir, sensés les accompagner, mais sans Orphaned Land. Ils ont en réalité droit à un mini-set de même pas une demi-heure, rien que pour eux. Il faut dire que le Stimmgewalt Choir est un projet à part entière, comprenant de nombreux choristes (nous n'en avons qu'une partie ce soir) et sortant des albums. Cette sorte de Voca People – metal pourrait faire penser à Van Canto, à ceci près que chez Stimmgewalt on ne remplace pas vraiment les instruments, mais on cherche tout de même à créer un background imposant. Parmi les six choristes, à peu près tous les types de voix sont représentés, et de temps en temps chacun fait son échappée soliste.

L'ensemble est plutôt bien réalisé, le public semble bien adhérer, même si on est très proche de Van Canto, que j'ai vu sur scène il y a moins d'un mois. Comme pour me donner raison, après une reprise d'Engel de Rammstein, Stimmgewalt interprète alors la chanson Last Night of the Kings, de Van Canto. Leur set plutôt sympathique se termine sur une ode à la bière, Kronembourg en main, ce qui achève d'enthousiasmer nos ''amis'' au bar …

Dommage en revanche de ne pas avoir eu droit à leur reprise d'Halleluyah, d'autant plus que sur leur EP récemment sorti, Kobi Farhi vient chanter avec eux.

 

1. Engel (Rammstein cover)

2. Reptil (Janus cover)

3. Last Night of the Kings (Van Canto cover)

4. Beer, Beer, Beer

Orphaned Land

Les six Stimmgewalt prennent alors place sur le fond de la scène, pour laisser tout l'espace nécessaire à Kobi Farhi et sa bande. J'avais le souvenir d'un groupe assez dynamique sur scène en version metal, aussi je suis un peu étonné de voir Uri, Chen et Idan s'asseoir sur des chaises et prendre leurs aises.

Le set débute directement par The Simple Man. Excellent morceau contenant des saveurs orientales intenses, véritable porte d'entrée vers le monde d'Orphaned Land. S'ensuivent les ''tubes'' issus du dernier album, All Is One, qui passent toujours aussi bien, jusqu'au magnifique Let the Truce Be Known, immense chef d’œuvre de mélancolie, que si tu pleures pas en l'écoutant t'as pas de cœur. Encore une fois, passer ces chansons en acoustique leur donne une tout autre dimension, encore plus chaleureuse et humaine, qui fonctionne particulièrement bien dans ce Zèbre de Belleville. Il faut dire que la salle convient parfaitement à une telle musique. L'acoustique est excellente. Le tout est éclairé par de superbes lumières bleutées, permettant au passage des photos intéressantes.

Kobi Farhi est tout simplement parfait, dans son rôle de leader simple et humble, vêtu sobrement d'une djellaba. Son visage se fait tour à tour serré et fermé, puis enjoué et enthousiaste, notamment quand toute la salle reprend en chœur les refrains des chansons. Sa gestuelle est toujours aussi marquante, dessinant dans les airs des signes de paix, ou écartant les bras. Je crois que tout le monde est admiratif quant à l'aura qu'il dégage, surtout lorsqu'il prend du temps entre les morceaux pour expliquer ce que racontent les paroles, raconter les histoires des religions pour nous dire que de toute façon nous sommes tous frères, et prêcher une vie plus simple et tolérante.

Il y a six mois, lors du concert en première partie de Blind Guardian, Chen Balbus avait l'air un peu intimidé, en face de 1500 personnes. Il n'en est plus rien ce soir, où il est parfaitement à son aise, de même qu'Idan, le second guitariste, qui de temps en temps troque sa guitare contre un bouzouki. Quant à Matan, celui-ci est toujours aussi expressif, souriant largement.

Le temps passe vite, très vite, à travers toute la discographie d'Orphaned Land, de leurs débuts (The Beloved's Cry) aux titres récents, en passant par les classiques de Mabool. Le set se conclue d'ailleurs par l'habituel Norra El Norra, dont le refrain en hébreu donne quelques difficultés au public pour chanter. Tout s'arrête définitivement sur la mélodie d'Ornaments of Gold, pendant laquelle Kobi nous gratifie de quelques growls, les seuls de la soirée, montrant qu'il en est toujours capable.

Ainsi s'achève cette magnifique soirée, qui termine un weekend parfait en tous points. Tous les groupes ont été grandioses ce soir là. Tout le monde sourit, le public, l'ingé son, les commères du bar, les groupes … Nous ne nous éternisons pas dans la salle, et nous retrouvons rapidement l'air plus ou moins frais parisien. Merci du fond du cœur aux quatre groupes qui sont passés au Zèbre de Belleville, je m'en souviendrai encore longtemps !

 

1. The Simple Man

2. All Is One

3. Let the Truce Be Known

4. Olat Ha'tamid

5. A'salk

6. Brother

7. Bereft in the Abyss

8. Building the Ark

9. El Meod Na'ala

10. New Jerusalem

11. Sapari

12. In Thy Never Ending Way

Rappels

13. The Beloved's Cry

14. Norra El Norra (Entering the Ark)

15. Ornaments of Gold (Outro)


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Le Zèbre de Belleville

photo de Le Zèbre de BellevilleParis, Ile-de-France, France
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