MFest 2015 (première journée)

le Vendredi 04 Septembre 2015, MFest

 

L’affiche faisait vraiment envie. Quelques mois avant les festivités du MFest, on tirait notre chapeau à l’organisation pour la programmation. Au lieu d’un groupe étranger en tête d’affiche, comme l’année passée, on a mis les petits plats dans les grands, en invitant des informations exceptionnelles européennes, mais pas que. Les dates du MFest tombaient avec celles du Fall Of Summer, qui aura également prévu une programmation redoutable. L’équipe du MFest était motivée à ne pas se faire éclipser. Je pars donc d’Angoulême pour arriver sur place, toujours à la salle des quatre vents à proximité de Rouziers-de-Touraine. En plus de constater une plus grande fréquentation, j’observe avec satisfaction que l’entrée se trouve cette fois côté parking et camping. Il n’y aura plus besoin de faire un grand tour pour accéder à son véhicule en cas d’achat notamment. Niveau achats, la tente de merch ne désemplie pas, mais les vendeurs sont plutôt rares. On a deux grands stands extérieurs bouffe et boisson, juste à côté, mais je reste assez effrayé par les prix. Un running order est aussi affiché dehors. Malheureusement, ça n’a été valable que pour la première journée. Le lendemain on constate que l’affiche de la veille n’a pas été changée. Je retrouve là-bas quelques connaissances et on aura beaucoup discuté du groupe d’ouverture « Ao », en mal comme en bien.



Ao

Un tee shirt « Trepalium » d’un côté, un chanteur à dreads de l’autre. Est-ce que par le plus grand des hasards il ne s’agirait pas d’un groupe qui joue à la façon de « Trepalium ». Ce serait presque vrai, mais on va dire alors les débuts de « Trepalium », puisque le groove metal de « Ao » s’accommode avec un peu de death metal.  D’ailleurs, je trouve curieux de nommer son groupe « Ao ». Quoiqu’il en soit, on retient que la formation est jeune, même si certains membres du groupe sont actifs ailleurs, notamment chez « Dysmorphic », et qu’un Ep intitulé « Mahara » est fraichement sorti. La musique a beau s’avérer technique, alambiquée, elle manque de percutant. Le dynamisme sur scène et le sourire de son chanteur n’y changeront rien. Quelques anciens autour de moi n’ont guère apprécié. Il faut dire aussi que le style d’« Ao » n’est franchement pas old school. En ce qui me concerne, cela manque encore de peaufinage et de percutant. Mais ça viendra surement avec le temps, et à force de représentations. Ce ne sont pas non plus des manchots.

Verbal Razors

Le prochain sur scène offre une prestation indiscutable. J’ai souvenir que « Verbal Razors » et leur crossover d’enfer avait très fortement secoué la scène du Motocultor quelques semaines avant. Là, c’était en quelque sorte une redite. Le groupe était en plus à domicile. On observait le chanteur en pleine trance, faisant les cent pas à la manière d’un Barney de « Napalm Death », vociférant, utilisant son micro comme un objet résiduel, parfois usant de deux micros, pendant que le reste du groupe s’appliquait à pratiquer une musique violente. Clair que « Verbal Razors » tabasse. Même s’il n’y avait pas la même ambiance qu’au Motocultor, on peut dire que l’on a dévoré cette entrée au goût de plat de résistance.  Pourtant le groupe n’a qu’un EP et un album au compteur. Cela promet donc un bien bel avenir s’ils sont capables d’appliquer cette même férocité. C’est aussi avec ce show que je remarque les mêmes problèmes de luminosité que l’année passée. C’est toujours aussi sombre. L’obscurité et les flashs ne facilitent pas la prise de photos de qualité. Cela met parfois une ambiance apocalyptique au meilleur des cas. Je prends donc de la distance, en choisissant de rester du côté du public.

Nesseria

Le souci va aller en empirant au fur et à mesure que la nuit tombe à l’extérieur. Je reste malgré tout attentif à « Nesseria », groupe dont j’ai maintes fois eu vent, et que je n’avais alors jamais croisé. Ils étaient, comme « Verbal Razors », présents à l’édition 2015 du Motocultor. J’avais alors fait un choix entre eux et « Belenos » qui passait à la même heure. Et, mon choix s’est rapidement porté pour « Belenos », préférant le pagan au grindcore teinté de death de « Nesseria ». Comme pour « Verbal Razors », on en retient beaucoup d’énergie, le chanteur était visiblement très en forme lui aussi, mais une certaine confusion règne sur le plan musical, une de celle que l’on ne retient pourtant pas chez un « Napalm Death » (encore lui ?) ou chez « Anaal Nathrakh », sur un registre plus black, que l’on verra lors de la seconde soirée. Pas de dévastation à proprement dit, juste une musique étirée, nerveuse et complexe. A titre personnel, ça m’a laissé quelque peu perplexe, même si cela a permis à quelques esprits de s’échauffer dans le public. Je me suis ennuyé. Peut-être qu’une seconde fois sera plus profitable.

Crisix

Le groupe de thrash metal Crisix, originaire de Barcelone, que j’avais croisé au Motocultor de cette année s’est portée volontaire pour remplacer « Rise Of The Northstar », prévu initiallement à l’affiche. J’avais déjà eu vision et écoute d’une prestation particulièrement endiablée en Bretagne. C’est donc ravi que j’ai accueilli l’annonce. Les types, comme la plupart des groupes espagnols, que j’ai côtoyé étaient sympathiques et détendus. On les voyait en comité groupé tout sourire à leur stand, prêts à la moindre discussion. Cette détente s’est retrouvée en concert. Avec leur look streetwear, on aurait juré à des semblables de « Suicidal Tendencies ». L’esprit y était en tout cas. En plus de proposer un thrash à tendance crossover d’assez bonne facture (Peut-être moins percutant cela dit qu’au Motocultor.) « Crisix » remuait de fond en comble la scène. En fin, ça devenait un sacré méli-mélo, les guitaristes prenaient le micro pour des chants phrasés, le batteur et le chanteur Julian prennent les grattes en échange. De vrais auteurs complets. Et pour mettre du piment à l’assistance, quoi de mieux qu’un wall of death bien ordonné par Julian himself avec balle au centre. Le concert restera gravé dans la mémoire de nombre de festivaliers.

Melechesh

La venue de « Melechesh » bien qu’annoncée de longue date était comprise par l’accident de son batteur Kévin Paradis, qui s’est cassé un bras à la suite d’une chute en moto. Le groupe d’Ashmedi s’est néanmoins déployé pour trouver un batteur remplaçant afin d’honorer sa date au MFest. Ils ont en un temps record remplacé Kévin derrière les fûts. Ce fut donc le batteur slovène Simon Škrlec qui prit du service. Le manque de répétition n’a pas trop handicapé celui-là, ni « Melechesh » par ailleurs. Il s’est employé très honorablement. Ça manquait juste un peu de puissance. Dans une ambiance quelques peu feutrée, étrangement bien plus détendue et sobre que la fois passée au Hellfest, « Melechesh » a charmé son auditoire. L’obscurité de la salle a aidé cette fois. Même avec un son moins puissant, la prestation offerte était divinement appréciable, cela se révélait plus fin et oppressant que lors de leur date au Hellfest. Leurs, désormais classiques, « Grand Gathas of Baal Sin » ou « Triangular Tattvic Fire » ont fait grande impression dans le public. Il est dommage qu’Ashmedi et ses compagnons soient repartis aussitôt ou n’aient pas fréquenté les stands. Il en restera un meilleur concert que lors de leur venue au Hellfest de cette année.

Fleshgod Apocalypse

A propos de stands, beaucoup ont remarqué celui de « Fleshgod Apocalypse ». Ils vendaient aussi bien des disques que des nouilles ou du vin à leur nom. Chose originale qui est en lien avec leur fierté patriotique. Comme on peut le deviner, ils sont italiens, et ne s’en cachent pas. Ce que l’on ne sait pas encore, c’est que ce groupe de death symphonique allait nous servir une pizza monumentale dans la tronche, ravissant anciens comme jeunes amateurs de metal.  Le groupe est avant tout remarquable scéniquement, se plaçant avec une discipline militaire dans un endroit défini, parés de costumes déchirés. A la fois l’ordre et le chaos mélangé, dans un style raffiné de fin du monde. Le regard de prédateur qui imprégnait les visiteurs, leur aspect livide, les différents allé retours avec du vin ou un livre de Tommaso , vous glaçaient le sang. Le death relevé de la formation, s’accompagnait d’un piano classique et d’une chanteuse lyrique, accentuant cette image de ténèbres, de forces inhumaines en action. En supplément, la musique était délectable. Tout relevait de la perfection. Il y avait du divin là-dessous, et comme si cela n’était déjà pas suffisant, le groupe finit en apothéose sous une pluie de confettis. Du jamais vu à ma connaissance. Ce concert fut, de loin, mon concert favori du MFest et peut-être même de l’année écoulée malgré mes passages au Hellfest et au Motocultor.


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