Headbang Contest, demi-finales, 5ème jour

le Samedi 14 Fevrier 2015, Le Zèbre de Belleville



Stryge

Le Headbang Contest ! Voici un événement musical qui monte de plus en plus dans mon estime, au fur et à mesure des représentations. Le Headbang Contest, souvent abrévié en HBC, est un tremplin voué aux musiques saturées, faisant concourir des dizaines de groupes de toute la France sur plusieurs tours avec comme récompense pour le groupe vainqueur : une programmation au grand festival metal breton le Motocultor, ainsi que le tournage d'un clip vidéo. Oui, rien que ça. J'avais assisté à l'un des premiers tours en novembre dernier au Klub à Paris, et j'avais été très agréablement surpris, autant par le niveau des groupes que par l'organisation. Depuis, vingt-trois groupes ont été sélectionnés pour passer à la demi-finale parisienne, qui se déroule du 5 au 14 février au Zèbre de Belleville.

Vous connaissez le Zèbre ? Y a-t-il des lecteurs de Daniel Pennac parmi vous ? Pour moi, grand admirateur de cet écrivain de génie qu'est Daniel Pennac, le Zèbre est, et restera, toujours le cinéma emblématique de la saga Malaussène, tenu par la courageuse Suzanne, et centre névralgique des péripéties Malaussèniennes. Autant vous dire que j'ai été très surpris de savoir que le Zèbre existait vraiment à Belleville, et qu'en plus on y organisait les demi-finales du HBC ! Je vous raconterais volontiers l'histoire atypique et très intéressante de cette salle de spectacle/mini-cabaret/ancien cinéma/ancien squat pour artistes fous, mais ce n'est pas vraiment le sujet, et parlons plutôt de la musique.

Grosse soirée donc en perspective, puisque cinq groupes se produisent ce 14 février, dans des styles tout de même très variés, allant du symphonique avec Stryge au Death mélodique d'Icon of Destruction et d'Ethmebb, en passant par le Thrash de Trash Heaven et Heal Heaven. J'avais déjà vu Stryge et IoD en novembre, et c'est en partie ce qui m'a donné envie de revenir.


Stryge

Quand j'arrive sur le Boulevard de Belleville, que je commence à bien connaître (il y a la Cantine de Belleville juste en face), je vois beaucoup de monde sur le trottoir, mais quand je rentre dans le Zèbre, peu de monde à l'intérieur. Et Stryge débute sa prestation, de manière très professionnelle il faut le dire, devant une dizaine de personnes. Surprenant, et déroutant ! Pas pour les normands en tout cas, qui par leur metal symphonique puissant parfois extrême, auront réussi à rameuter tout le monde à l'intérieur de la salle, pour finir devant une salle quasi-comble. Deuxième fois donc que j'assiste à une prestation de Stryge, et deuxième baffe. Il faut dire que le groupe (ainsi que ceux qui suivront) a parfaitement les moyens de réussir sa prestation : le son est très bon, la salle est magnifique, et la scène suffisamment vaste pour avoir de quoi s'amuser. Et effectivement, premier constat : Stryge, sur scène, ça bouge. Tous sont très en forme, que ce soit la chanteuse Fleur, posée mais vive, Clovis, toujours aussi puissant à la fois au micro et à la basse, Camille, avec un jeu plus subtile, Laure, très dynamique et active, et Hugo, très carré derrière sa batterie. D'ailleurs Stryge pourrait encore plus utiliser l'espace qui est mis à sa disposition : plus de mouvements sur toute la scène rendrait la performance encore meilleure. Quant aux compositions en elles-même, elles passent aussi bien que sur l'album (album que si vous l'avez pas écouté faut le faire tout de suite), malgré des orchestrations samplées, comme souvent pour les groupes à tendance symphonique. Le mélange du metal extrême sympho à la Epica au sympho plus folk du Nightwish moderne, à quoi l'on ajoute un soupçon de death épique à la Amon Amarth, parvient à mettre d'emblée l'ambiance nécessaire pour passer une bonne soirée.

Trash Heaven

Avec Stryge, je m'étais préparé pour prendre une baffe, parce que je les avais déjà vu. Pour Trash Heaven ça a été encore plus impressionnant, parce que je ne m'y attendais pas. Pardonnez mon langage peu châtié mais … Putain quel groupe ! Trash Heaven est un combo picard, se positionnant dans les grandes heures du Thrash, évoquant indifféremment Metallica, Testament, Anthrax, ou parfois Pantera. Mais là où de nombreux groupes tentent de s'inspirer (à juste titre) de leurs augustes aînés sans avoir de résultats particulièrement probants, Trash Heaven parvient à offrir un Heavy Thrash bien vivifiant, fleurant bon la fin des eighties et le début des nineties. Et si d'après les commentaires sur la toile, "Trash Heaven en studio ça déchire", et bien en live c'est encore mieux. Ouais, carrément.

Pour faire simple, le mélange détonnant de Trash Heaven sur scène, ce sont des morceaux hyper accrocheurs et d'une efficacité peu commune, couplé à une dynamique scénique qui rendrait jaloux Bruce Dickinson. Le chanteur/guitariste, Mikael, en short au mois de février, est particulièrement photogénique, bougeant sans cesse, dans les postures du parfait rockeur. Et puis cette voix ! Ce chanteur a une voix que les personnes présentes ce soir-là n'oublieront pas de sitôt ; autant à l'aise dans le hurlement grogné quand dans des aigus improbables. Et puis, comme si la scène, qui n'est pas si petite que ça, ne suffisait pas, voilà les deux guitaristes qui descendent au milieu du public pour continuer à jouer ! Mais évidemment ça ne leur suffit pas, et deux chansons après ils redescendent dans la foule, toujours avec leurs guitares, mais sans s'arrêter cette fois, et courent en direction de … l'escalier qui mène au balcon. Vive la guitare sans fil. On se retrouve donc avec le public en bas, et les deux guitaristes en haut qui nous regardent depuis le balcon, un grand sourire aux lèvres, avant d'agiter une énorme peluche zèbre trouvée là par hasard ! Bref, un groupe qu'on ne risque pas d'oublier de sitôt …

Heal Heaven

Oui, l'orga n'a pas trouvé mieux que de mettre Heal Heaven juste après Trash Heaven ! Les gars de Heal Heaven ne sont pas venus seuls, vu le nombre de personnes apparaissant soudainement comme par magie, avec des t-shirts avec le logo du groupe en question. Il est vrai que le règlement du concours n'interdit nullement de ramener des fans par bus entier. Je ne sais pas si ça a joué dans le choix d'amener Heal Heaven en demi-finale, mais en tout cas on peut dire que le fan club du groupe bourguignon a mis le feu au Zèbre …

Encore une fois le public du Zèbre a eu droit à un groupe qui tente de donner le meilleur, et qui est pas loin d'y parvenir. Le frontman, le chanteur François Tuphé est une véritable bête de scène, sur le devant de la scène et toujours au contact du public. Le bassiste aussi donne beaucoup de sa personne, en faisant honneur au nom du tremplin par un headbang féroce. Les deux guitaristes en revanche se montrent un peu statiques et bougent peu, alors que la scène le permet largement. Un peu dommage donc. Question musique, Heal Heaven ne s'impose pas de carcans : on touche à la fois au Heavy, au Thrash, avec une petite dose de Hardcore, ce qui donne ce qu'on appelle parfois du "Thrashcore". Pour être honnête je n'apprécie pas beaucoup ce style de musique, mais je salue la volonté de chercher le mélange de sonorités, ainsi que la performance scénique qui fut assez déboulonnante.

Icon Of Destruction

Et voici ceux que j'attendais particulièrement, que j'avais hâte de revoir de plus près (la dernière fois je n'avais pu les voir que de loin) : Icon of Destruction ! Les cinq chevelus prennent place sur la scène, avec cette configuration si particulière, qui comprend deux chanteurs, l'un joue aussi de la guitare, et l'autre est au clavier. Le clavier justement est judicieusement placé sur le devant de la scène, contrairement à de nombreux groupes qui le laissent planqué dans un coin. On pourrait croire que ça limite les déplacements, mais il n'en est rien, et les membres d'Icon of Destruction sont plutôt mobiles. De toute façon ce n'est pas ça qui est important qui compte vraiment dans leur prestation. Non, ce qui compte vraiment, c'est cette puissance dégagée, énorme, décoiffante : destructrice. Icon of Destruction s'impose, sans artifice aucun, et balance le plus simplement du monde un son lourd, "tellurique", et extrêmement vif. Pour être plus précis on touche du doigt le côté épique d'Amon Amarth, les mélodies d'Insomnium, et l'aspect sombre de Dark Tranquility.

Le chant est majestueux, et la dualité des chanteurs apporte un gros plus sur scène. De toute façon tous les membres du groupe sont vraiment en plein dans le show, presque en transe ! Les éclairages blancs par l'arrière renforcent cette ambiance, et c'est d'ailleurs ce qui m'a permis de prendre mes meilleures photos de la soirée. Un véritable délice à la fois visuel et auditif.
Il y a un autre groupe de Death mélodique dans le concours cette année qui m'est cher, qui s'appelle Path of Desolation, et qui en est actuellement au stade de la finale régionale à Lyon. Je rêve de voir Path of Desolation et Icon of Destruction s'affronter dans une ultime finale ; ce serait grandiose.

Ethmebb

Et parce qu'on aime le Death mélo, on en redemande ! Bon, quand Ethmebb a débarqué on a pas tout de suite pensé à du Death mélo, et pour cause : ces gros farceurs, en ce jour de Saint-Valentin, débutent leur show par une reprise de Dernière Danse du groupe de Pop Kyo. Il fallait oser le faire, mais le pire je crois, c'est tous les métalleux dans la salle (bon d'accord, l'alcool commence à faire de l'effet) qui reprennent la chanson en chœur ! On comprend mieux pourquoi le groupe sur sa page facebook dit jouer du "Blague Metal" ; on le remarquera aussi des titres de morceaux pour le moins originaux : "GBS-Gobelin Par Satellite", ou "Orlango Blum". Le problème c'est que si les groupes parodiques sont souvent très sympathiques que ce soit sur CD ou en concert (Ultra Vomit, Andréas et Nicolas), être en dernier d'une soirée metal sérieuse, ça passe moins bien. Le contraste avec le Death mélo envolé des prédécesseurs est flagrant, et pas à l'avantage des seconds, qui à mon sens font un peu faute de goût par rapport au reste de la soirée.
Ces considérations mises à part, il faut bien avouer que Ethmebb sur scène sait très bien gérer son business. Ils savent maîtriser leurs instruments, se placer sur la scène, et communiquer avec le public. Le fait que ce n'est pas leur premier Headbang Contest n'y est probablement pas étranger. Pour le coup, Ethmebb parvient à maintenir l'intensité qu'il y avait lors des précédents shows, même si le public commence légèrement à se déliter. Peut-être que les morceaux aux structures plus rallongées et progressives fatiguent un peu l'audience. Leur prestation est néanmoins honorable, et ils concluent avec vigueur cette soirée de qualité.

Oui assurément cette dernière demi-finale parisienne du HBC fut une soirée de qualité, de très grande qualité, grâce à une organisation aux petits oignons, un très bon son, une très belle salle avec de beaux éclairages (même s'ils ne facilitaient pas le travail du photographe), et puis des très bons groupes. Les résultats des demi-finales sont tombés peu après, choisissant : Heal Heaven, Icon of Destruction, et Ethmebb. Il paraît que les représentants du HBC ce soir-là voulaient sélectionner tous les groupes, je les comprends bien. Dans un communiqué, l'association déclare qu'ils vont faire en sorte d'offrir des scènes à Stryge et à Trash Heaven, comme lot de compensation car ils le méritent aussi bien : voici une proposition honnête fort à propos.

J'ai hâte de voir la suite.

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Le Zèbre de Belleville

photo de Le Zèbre de BellevilleParis, Ile-de-France, France
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Stryge

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Trash Heaven

Heavy Thrash - France
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Icon Of Destruction

Death Mélodique - France
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Ethmebb

Death Progressif - France
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