le Mercredi 26 Novembre 2014, Le Klub

Abhorrance (USA-1)

Retour pour moi dans la salle du bas du Klub parisien, moins d'une semaine après le concert de Persona Non Grata, Pyrah et Nöhm Island. Il ne s'agit cette fois pas d'un concert tout simple, mais d'un petit festival, organisé sur plusieurs jours, dans des salles et des villes différentes : le Headbang Contest. Des dizaines de groupes de tout style de metal se présentent dans trois villes de France (Paris, Lyon et Grenoble cette année) pour y jouer durant 25-30 minutes, et sont évalués par les organisateurs. Parmi les prix en jeux il y a notamment la réalisation d'un clip, et une prestation au festival Motocultor. Autant dire que ça pousse tout le monde à se donner à fond. Ce soir ce sont donc pas moins de cinq groupes qui passeront dans la salle voûtée du Klub : Waverly Lies North, Stryge, 4th Circle, Monolyth et Icon of Destruction. Seul le premier d'entre eux m'est d'ailleurs connu, et c'est par eux que ça commence.

Waverly Lies North

Quatre gaillards investissent la petite scène sur fond d'orchestrations enregistrées, accompagnés d'une très étrange dame, chanteuse lyrique. Le véritable chanteur du groupe la rejoint rapidement, car il était resté caché jusque-là. Très vite l'ambiance est posée, ce sont des guerriers qui ont débarqué, et qui imposent un heavy metal épique et symphonique, très entraînant. Premier constat important et qui vaudra pour tous les groupes de la soirée : le son est bon, bien équilibré et pas trop fort. Les organisateurs du Headbang Contest ont visiblement mis les moyens, et ça fait plaisir à entendre. Waverly Lies North délivre du coup une très bonne prestation au niveau musical, avec un set très carré. Le chanteur, Eric, se donne à fond, peinture sur le visage et veste tombée dès le deuxième morceau. Le reste du groupe semble en forme aussi, mais reste un peu statique. Encore une fois, la scène est petite, surtout à cinq, mais des groupes sont déjà parvenus à y donner des prestations très énergiques, donc on peut regretter que les musiciens ne bougent quasiment pas de leur place. L'étrange dame, qui s'appelle en réalité Audrey, revient sur scène pour partager le micro avec Éric, pour un duo très réussi et original. Les picards de Waverly Lies North auront finalement livré une prestation très correcte, notamment grâce à un chanteur qui fait le spectacle ; la soirée commence donc très bien.

Stryge

Stryge est un petit groupe de heavy metal symphonique originaire de Caen, n'ayant sorti qu'un EP jusque là. Tout comme le groupe précédent, eux aussi sont cinq à investir la scène ; heureusement d'une certaine manière que le claviériste n'est plus là, il n'y aurait pas eu assez de place. Ils auront pourtant offert l'une des prestations les plus énergiques de la soirée, avec des musiciens qui montrent bien leur plaisir d'être là. Ils jouent tout d'abord une musique efficace et entraînante, pas hyper originale non plus, mais extrêmement bien défendue sur scène. Le trio de front, Laure (guitare), Clovis (basse, growls) et Fleur (chant), se démène et bouge beaucoup, ça fait plaisir à voir. Les trois sont particulièrement photogéniques, même si les photos elles-mêmes ne sont pas très réussies à cause de la faible luminosité de la salle. L'unique écueil sera un problème sur le micro de Laure, que l'on entend pas du tout, mais le groupe n'en est pas responsable. Encore une fois le set s'arrête avant les trente minutes, malheureusement, car ce fut assurément le meilleur show de la soirée.

4th Circle

Troisième et dernier groupe de symphonique de la soirée, voilà qu'arrivent les lorrains de 4th Circle, auteurs d'un album paru il y a un an. Difficile d'égaler la performance de Stryge, mais ils parviennent au moins à offrir un spectacle très correct. Là encore la musique n'est pas franchement originale, mais reste très agréable en live, et tout-de-même bien composée (pour plus d'infos, voir la chronique d'Éric). La chanteuse Audrey est assez charismatique, mais les autres musiciens se font assez timides. On sait que la scène n'est pas très propice aux mouvements, d'autant plus que cette fois le line-up comprend un clavier, instrument très volumineux quand il est fixe comme ça. Dans le doute on se dit qu'ils pourront se lâcher complètement sur une scène plus grande.

Monolyth

Changement de style assez brutal avec l'arrivée de Monolyth, qui, contrairement aux groupes précédents, joue un metal extrême sans concession. Alors là, oui, ça bouge bien sur scène (ils ne sont que quatre, le bassiste est absent), mais par répercussion ça bouge aussi beaucoup dans le public. Je fais bien pour une fois de m'écarter, parce que les pogos sont assez violents, c'est encore plus gênant dans une salle aussi petite, et je ne suis pas le seul à m'en plaindre. La part du public gênante, certainement bien alcoolisée, n'est même pas respectueuse du groupe, puisque plusieurs fois des gens s'agrippent au chanteur et trébuchent sur la scène. Le groupe garde néanmoins le sourire et continue de jouer visiblement avec plaisir, ce qui est déjà un bon point. Il n'était peut-être cependant pas très judicieux de demander un wall of death, qui n'a fait qu'empirer les choses. Certes il y avait de l'ambiance, mais ce n'est pas forcément une ambiance que tout le monde apprécie. Mon avis sur la musique est peut-être du coup biaisé, mais je l'ai trouvée brute et brutale, pauvre, et sans grand intérêt. Bref, ça plaît à certains, mais pas à moi.

Icon Of Destruction

Place au dernier groupe de la soirée, Icon of Destruction, officiant dans un Death metal mélodique ravageur. C'est un groupe très récent, mais ayant déjà de la bouteille avec un album full-lenght sorti cet été, et déjà une expérience de la scène. Ils héritent donc du public de Monolyth, qui doit tout-de-même commencer à fatiguer au bout de quatre groupes. Mais non, les parisiens parviennent à maintenir l'intensité, et même moi qui ne suis pas adepte des musiques extrêmes (comme le Death) j'ai adoré. Tout y est : une musique qui envoie du bois, une prestance scénique énergique, et une communication chaleureuse avec le public. À cinq dont un claviériste, donner un show aussi vivant relève du miracle, et Icon of Destruction l'a fait. Eux aussi demande un wall, et, les mêmes causes ayant les mêmes conséquences, tout repart dans un joyeux bazar. Ils maîtrisent néanmoins la petite foule et concluent brillamment la soirée.


Le Headbang Contest est un tremplin pour valoriser des petits groupes, et c'est assurément chose faite avec cette excellente soirée. Des cinq formations, quatre m'auront vraiment plu ; de belles découvertes en somme. Je précise que je suis allé à la rencontre de Waverly Lies North, Stryge et 4th Circle entre chaque inter-plateau, et c'est à des musiciens tous aimables et affables avec qui j'ai pu discuter. Je suis d'ailleurs reparti avec leurs albums chacun dédicacé.
Preuve que cette soirée fut excellente, quatre des cinq groupes ont été sélectionnés pour la demi-finale régionale : WLN, Stryge, Monolyth et IOD. Je suis particulièrement content d'avoir pu apprécier un bon son, mais j'ai pu une fois de plus constater les petits défauts du Klub, notamment des éclairages franchement pas terribles. Les spots bleu et rose ne sont pas très jolis d'une manière générale, et sont un calvaire pour le photographe. Ce n'est heureusement pas ça qui m'a empêché de passer une bonne soirée, et je reviendrais avec plaisir.