10ème Metal Show

le Vendredi 23 Janvier 2015, Le Gambetta



Abhorrance (USA-1)

Quand on aime faire des concerts, on ne peut pas toujours aller dans les grandes salles pour y voir des grands groupes devant un grand nombre de personnes. Tout d'abord parce que ça représente un budget conséquent, et surtout parce que ce qu'on voit dans des petites salles lors de concerts intimistes peut très bien se révéler aussi bon que ce qu'on voit ailleurs. C'est pour cela qu'en plus des concerts "normaux" j'apprécie aussi beaucoup aller à des concerts dans des petites salles parisiennes comme le Klub, ou encore le Gambetta Club. Ce dernier n'est d'ailleurs pas vraiment une salle mais un bar qui accueille des concerts de temps en temps ; c'est ainsi l'un des fiefs de Thanatos Production, qui propose comme ce soir-là des soirées metal avec plusieurs groupes. Pour le dixième Metalshow, les styles sont assez variés, vu que nous sommes passés du Black/Death au Heavy/Thrash en passant par le Heavy pur et le Metalcore. Je suis venu avec un ami, et nous arrivons tout juste dans la salle pour assister au premier groupe, du nom de Mandrosys.

Mandrosys

Mandrosys c'est avant tout le projet solo de Joseph Lemainque, guitariste chanteur, dans un registre assurément extrême, et raw Black metal plus précisément. L'homme est actif depuis 2008, mais ce n'est qu'en 2011 que les choses sérieuses commencent, avec la sortie du premier album en format digital. 2013 voit la sortie du premier EP en format physique, et l'arrivée de deux membres dans le but de faire de la scène. Malgré cela il semble que Mandrosys peine un peu à se faire un nom dans le milieu, sachant que la scène Black parisienne est très riche.

Sur scène figurent quatre personnes, ce qui me surprend un peu, puisque la page facebook annonce trois membres en live au total. Mais passons plutôt à la musique. Mandrosys offre un son très brut, sale et direct. Curieusement je trouve qu'il manque dans leur prestation la noirceur typique du Black metal, de même qu'une certaine majesté. La sauce ne prend pas vraiment, la faute probablement à des compositions un peu poussives et à un growl manquant singulièrement de corps et de puissance. Le bassiste en revanche est loin d'être manchot, et délivre avec le batteur une base rythmique très solide. Un peu dommage qu'ils ne soient que des membres de scène, car ils font véritablement avancer la musique. Les spectateurs eux sont encore éparpillés, et peu finalement se retrouvent devant la scène. C'est l'inconvénient d'un bar qui accueille des concerts : le bar reste l'activité principale. Quelques passages plus aériens et délicats dans les dernières compositions relèveront un peu le niveau, mais Mandrosys laissera l'impression d'un groupe jeune qui doit encore apprendre et progresser. Il faut continuer, la scène est effectivement un bon endroit pour ça.

Priest of Steel

C'est la première fois que je vois un tribute band, et j'appréhendais un peu la prestation de Priest of Steel, groupe formé en hommage à - je vous le donne en mille - Judas Priest. En effet j'avais un peu peur de voir un groupe se contentant de recopier les compositions des anglais, mais sans forcément le niveau technique adéquat. Or j'ai été doublement surpris, puisque d'un côté les français ne cherchaient pas bêtement à copier la formule originale, et en plus ils avaient un très bon niveau technique, que ce soit pour les musiciens ou le vocaliste. La setlist est bien évidemment composée uniquement de morceaux du Priest, mais les français y mettent leur sauce, ce qui fait qu'on reconnait bien les compositions irrésistibles des anglais mais vu sous un autre angle. On ressent comme un accent français, une patte française reconnaissable. Succès garanti. Si le chanteur se débrouille plutôt bien, il paraît difficile pour lui d'atteindre les mêmes aigus que le sieur Halford. La setlist ne le mettais pas trop en difficulté sur cet aspect jusqu'à la moitié du show, où arrive Night Crawler, issu de Painkiller. Autant dire que je l'attendais au tournant, surtout pour ce fameux passage après le solo, aux aigus improbables. Il s'en est pourtant très bien sorti, avec une maîtrise de sa voix remarquable.

Le public ne s'y trompe pas et se rapproche en masse (tout est relatif) de la scène. Quel pied de pouvoir voir un presque Judas Priest dans un concert aussi intimiste ! On voit que les musiciens prennent plaisir à jouer, de même que le chanteur qui affiche en permanence un large sourire. C'est d'ailleurs le but premier d'un tribute band. Priest of Steel fut en tout cas pour moi une excellente découverte, et je crois ne pas être le seul de cet avis.

Blackout (FRA-2)

Dernier groupe de la soirée, Blackout fait un peu figure de tête d'affiche, même à titre extrêmement modeste, vu qu'une partie des spectateurs a déjà quitté l'endroit. Et c'est bien dommage pour eux, car Blackout fut pour ma part la deuxième révélation de ce Metalshow. Tout d'abord le groupe donne une première bonne impression pour son aspect très professionnel, bénéficiant d'un meilleur son, et avec une bonne prestance sur scène. C'est assurément un groupe qui a gagné son expérience sur la scène, et qui est en train de se faire un nom dans le milieu, notamment grâce à un premier full-lenght sorti l'an dernier. Si le groupe assure jouer du "Blackout Metal", ce qui ne nous avance pas à grand chose, on penserait à un Heavy/Thrash, avec quelques teintes de Death. Difficile d'établir un genre précis, et on comprend mieux l'étiquette que s'approprie le groupe. Les compositions sont focalisées sur l'efficacité, et construites sur des bases très classiques. On pourrait d'ailleurs reprocher ces structures toujours identiques et un peu lassantes. En revanche Blackout fait dessus un excellent boulot, avec des musiciens très compétents. La palme revient au guitariste/chanteur, qui d'un côté délivre un growl bien net et lourd, et de l'autre côté manie sa guitare avec une dextérité impressionnante, l'air de rien. En revanche je suis un peu déçu de la faible communication avec le public, même si les conditions étaient un peu particulières. Par rapport à leur présence sur scène c'est la seule chose à améliorer, et ils seront prêts pour écumer les salles parisiennes.

Ce Metalshow fut pour moi comme une présentation de choses inconnues dans des styles très variés. Une soirée faîte pour découvrir des nouveaux groupes constituant l'aspect le plus underground de la scène parisienne. Mais il y a beaucoup de charme dans cet underground là, avec des musiciens bien plus compétents et talentueux que ce qu'ont pourrait s'attendre à voir lors d'un concert aussi intimiste. Ce sont tout-de-même des groupes qui doivent encore progresser (je pense en particulier à Mandrosys) mais le potentiel est clairement présent chez chacun.

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