Spock's Beard voit le jour au printemps 92, sous le soleil de Los Angeles. Neal Morse, multi-instrumentiste à l'origine du projet, devient immédiatement l'âme du groupe et surtout son compositeur quasi exclusif. Il s'entoure de son frère Alan (guitares), Dave Meros (basse) et de Nick D'Virgilo (batterie). Les quatre musiciens ont alors derrière eux une impressionnante galerie de collaborations en studio avec des pointures telles que Peter Gabriel, Genesis, Eric Clapton, Natalie Cole ou Steve Lukather. Leur premier effort abouti à "The Light" en 1995. Les critiques sont élogieuses et la presse souligne la qualité de leur musique immédiatement séduisante. Sans véritablement innover, ils parviennent à brillament renouveler un genre à la recherche d'un second souffle. Le résultat est excitant et sonne comme aux heures de gloire ! Ryo Okumoto, jeune prodige des claviers et de bidouilles électroniques, rejoint alors le groupe et dès l'année suivante, "Beware of Darkness" enfonce le clou. Spock's Beard est élu meilleur nouveau groupe par l'European Classic Rock Society. Il est vrai que "The Doorway" sonne encore comme un chef d'oeuvre bordé de breaks majestueux !

En 98, "The Kindness of stranger" les entraîne en tournée à travers l'Europe. Le groupe y déploie sa formidable énergie au travers d'une solide technique qui ne s'engage jamais dans l'esbrouffe. "Day For Night" (99) prendra une orientation plus commerciale et malgré la déception de certains fans, sera élu album du mois en Allemagne. Dans la foulée, ils entâment la première partie de Dream Theater lors de la tournée européenne 2000. La même année, "V" confirmera ce succès grandissant. Combiné autour de deux suites à tiroir (de 16 et 27 minutes) les titres distillent un progressif classieux, maîtrisé et toujours inventif. Passant d'hommages envers les vieux lions (Gentle Giant, ELP) à un style plus personnel, "V" restera le chef-d'oeuvre du groupe... jusqu'au suivant ! Parallèllement à l'activité fournie du groupe, le bouillant Neal Morse auto-produit deux albums solos ("Neal Morse", "It's not too late") et se lance dans l'aventure Transatlantic ("SMPTe", "A bridge Acrss Forever") alors que Nick D'Virgilo publie "Karma" et Ryo Okumoto "Coming Through", fruits de glorieuses collaborations.

Avec "Snow" (2002), Spock's Beard décide de se lancer dans l'aventure d'un ambitieux double album conceptuel narrant l'histoire d'un prophète albinos. S'inspirant des classiques "The Lamb Lies Down On Broadway" ou "Tommy", l'album condense ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle. Le groupe est alors en pleine possession de ses moyens et l'implication de tous ses membres lui apporte uns second souffle. Ils parviennent à passer du folk au jazz, en passant par une pop sophistiquée et des bizarreries majestueuse avec un brio permanent. Malheureusement, après une "révélation" mystique, Neal Morse décidera de quitter le navire (et la musique progressive dans la foulée) pour sa propre quête spirituelle, laissant à ses quatre partenaires le soin de poursuivre l'aventure. Spock's Beard V2 comme le nomment les survivants se reconstruit désormais autour de N. D'Virgilo désigné (à l'instar d'un Phil Collins) pour reprendre la place du chant. "Feel Euphoria" sortira 10 mois seulement après leur le départ de Neal. Le résultat est une réussite, à mi-chemin entre un son plus tranchant et les mélodies élégantes de SB V1. Sans atteindre la perfection de leur deux précédentes productions, le quatuor parvient à conserver ce style unique qui en fait de loin la pièce maitresse du progressif moderne.


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