Le Black industriel est un concept alléchant,sur le papier du moins. pensez donc : la noirceur et l'ésotérisme du Black mélangé à la déliquescence urbaine de l'Industriel. Seulement voilà : à l'arrivée, 80 % des groupes tentant le coup sonnent au mieux comme un mélange pourri entre les pires clichés de
Cradle Of Filth et des chutes de studio de
Ministry. Pour un
Diapsiquir, combien de merdes inspirées par
Deathstars ?
Styxian Industries sont hollandais, et rien qu'avec ça j'en ai la bave aux lèvres : la Hollande, paradis des amateurs de Harsh Noise et de Gabber, des Thunderdomes et autres machins martiaux et exploseurs de neurones. mais aussi patrie de quelques excellentes formations de Black
Metal assez mélodiques, comme
Cirith Gorgor. J'avoue, j'espérais un peu un mélange entre les deux genres et l'intro toute en bruit blanc et samples de radios me faisait saliver.
Malheureusement, après ça ne suit pas complètement. Au choix, la faute à une connaissance juste basique de l'Industriel ou un manque d'ambitions. Car d'Industriel, finalement,
Styxian Industries n'a qu'une batterie martiale (et on entend parfois un peu trop clairement qu'il s'agit d'une boîte à rythmes) et un recours quelquefois assez abusif aux effets sur la voix pour donner un gros pitch aux hurlements Black.
La portion Black
Metal est du domaine du bourrin, avec quelques passages vers le côté le plus cru du style. Il y a une influence indéniable des groupes les plus vicieux ayant tenté le mélange : on est ici plus du côté de
Ad Hominem, voire des 2 premiers
Aborym, que du
Dimmu Borgir de "Puritania". Ce côté jusqu'au-boutiste de
Styxian Industries est à la fois la force et la faiblesse principale de ce disque : la force, parce que le groupe frappe direct au ventre et sait tourner le couteau dans la plaie; la faiblesse, parce que cet assaut sonore ne laisse quasiment aucun répit... Et c'est dur de s'enquiller 53 minutes de brutalité sonore dans laquelle se trouve peu de moments permettant de respirer.
Dans de rares moments,
Styxian Industries ralentit le tempo et s'essaie à l'expérimental. Mais juste quelques sons électroniques avec des cris en fond de plan, c'est assez léger au niveau de l'expérimentation. Quelques synthétiseurs se glissent çà et là, dans le but de donner un aspect science-fiction au lot mais sans réellement parvenir à convaincre.
En fait, "
Zero.
Void.Nullified" n'est pas un mauvais album, juste un album qui se cherche : il y a beaucoup de bonnes choses, elles donnent juste l'impression de ne pas être tout le temps bien agencées ensemble. Ce qui est dommage, parce que le groupe est réellement efficace dans les moments les plus brutaux et le groupe gagnerait à avoir plus de focus sur ces éléments. Mais surtout, à mieux maitriser les parties industrielles afin qu'elles ne sonnent pas comme un simple rajout pour faire joli. Dans ses meilleurs moments ("Whiskey Vodka
Blood", "Execute Planet
Earth"),
Styxian Industries est la parfaite bande-son pour une fin de civilisation. Il est dommage que ceux-ci soient moins nombreux que les passages les plus classiques, lesquels, sans être foncièrement mauvais, ne permettent pas au groupe de se distinguer du peloton des seconds couteaux du Black.
Au final, un premier album intéressant mais qui se cherche encore. Reste que le potentiel est là, et il n'est pas exclu que
Styxian Industries se révèle une bonne surprise pour leur prochain disque.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire