L'Australie, le pays qu'on aimerait rapprocher de chez nous pour que leurs artistes y tournent plus...
Non, je ne veux en aucun cas évoquer ici les cultes groupes de heavy, d'
AC-DC à
Airbourne en passant par
Rose Tatoo, ni aux jeunes loups aux dents longues qui se creusent peu à peu une bonne place et passent de manière relativement régulière dans nos contrées : les
Parkway Drive,
Koritni,
Sick Puppies ou encore
Psycroptic pour la version « boucher » mais plutôt à l'immense et extrêmement intéressante scène underground regorgeant d'ovnis, les
Portal,
Be'lakor,
Virgin Black,
Aquilus,
Myraeth,
Mournful Congregation ou évidemment
Ne Obliviscaris (encore qu'eux risquent d'avoir l'opportunité de passer un cap), qui malgré le fait qu'ils deviennent les Deströyer
666,
Disembowelment ou encore les
Alchemist d'aujourd'hui, ont pour des raisons notamment géographiques bien du chemin à parcourir avant de pouvoir se présenter sur les planches devant nos avides yeux écarquillés...
Pour ce qui est de
Mammoth Mammoth, si leur réputation n'est pour le moment qu'au niveau des seconds couteaux, la simplicité de la musique du groupe les rattache inévitablement au premier groupe et à leurs grands cousins à cheveux longs et tempes désormais bien dégarnies sous casquettes d'écoliers. Le quartet évolue dans une veine stoner qui est étonnamment peu développé pour ce que l'on pourrait attendre d'un pays anglo-saxon et dont la plus grande partie du territoire est recouvert de déserts. En effet, hormis Andrew Stockdale et son
Wolfmother, malin celui qui prétendra connaître nombre de groupes du genre sur l'île-continent.
Voici donc fin
2012 ce Volume III simplement prénommé «
Hell's Likely » suivant un premier EP et un album tous deux éponymes. Si les pochettes des deux premières productions étaient parés d'un magnifique mammouth, ici force est de constater qu'il est remplacé par une créature bien plus gracieuse (et moins poilue)... Un artwork donc « au naturel », mais garanti 100% sans thon et qui laisse évoquer à l'auditeur français un certain mauvais jeu de mot avec le nom du groupe.
Autre changement, fini l'auto-production et bienvenue
Napalm Records, le label autrichien, bien plus connu du coté du folk metal, mais qui cherche probablement avec eux à renforcer leur catalogue récemment enrichi d'un certain nombre de cadors du genre (
Monster Magnet,
Karma To Burn,
Monkey 3,
The Sword,
Glowsun et j'en passe).
Si le stoner est souvent associé au doom, chez
Mammoth Mammoth, ce qui vient le plus en avant, ce sont bien les influences heavy avec un sens du riff qui tue à faire pâlir bien des groupes du genre.
Les trois premiers titres sont d'ailleurs des modèles du genre que ce soit le très rapide et court titre éponyme, le rampant « Go » rappelant les belles heures de
Kyuss ou le tonitruant et explosif « Bare
Bones ».
Pas une once d'imagination ou d'originalité n'est ici déployé mais l'ensemble est suffisamment bien léché et efficace pour mettre d'accord le premier biker venu.
La suite sera néanmoins moins à leur avantage avec des titres plus axés heavy metal rappelant tour à tour
Black Sabbath (« (Up all
Night) Demons to
Fight ») Ac/Dc (« Sittin Pretty ») avec parfois une petite dose de punk (« I want it too »), intéressants mais mettant également plus à jour la faiblesse du groupe par leur durée supérieure à savoir un certain manque de variation des structures faisant retomber à force l'intensité de ces titres même si « I want it too » survit bien mieux grâce à un changement d'atmosphère en milieu de morceau.
La production est solide et équilibrée, mettant en avant les guitares chargées de testostérone, une basse ronde et une batterie énergique ainsi que la voix de Mikey
Tucker puissante mais assez classique et avec peu de variations intrinsèques. Les paroles ne sont pas le grand atout du groupe non plus question maturité mais ont pour elles ce coté rock'n'roll je-m’en-foutiste qui trouve bien plus sa place dans ce style que dans d'autres moins épurés.
L'ensemble de la galette est d'une durée d'une demi-heure pour 7 morceaux, mais se poursuit par la réédition de l'ensemble des titres du premier Ep en bonus-tracks, formant un ensemble de plus de cinquante minutes difficilement audible d'une seule traite sans subir des moments de somnolence lié à la répétition des mêmes structures sur un morceau, à peu prés autant en fait que de moments où la découverte d'un riff impétueux vous fera bouger l'échine.
Au final, nous tenons là un album de stoner tout à fait correct qui tiendra le cap des quelques écoutes de manière convaincante mais manque de profondeur pour rentrer dans les références du style, non pas du fait d'un problème de technique mais d'une originalité et prise de risque proche du niveau de la mer.
Bref, ce mastodonte qu'est
Mammoth Mammoth est puissant et robuste avec une qualité dans la composition des riffs pas si courante que ça mais également trop basique et en retenue (certains pourraient dire en pilotage automatique) sur cet album pour pouvoir être considéré comme autre chose qu'un groupe au potentiel à surveiller dans les années à venir.
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