Liste des groupes Black Atmosphérique Dzö-Nga The Sachem's Tales

Dzö-nga, en voilà un patronyme étrange, et qui ne vous dira sans doute pas grand chose. C´est que Cryvas, muli instrumentiste et tête pensante du groupe, ne démarre son projet qu´en 2016, sortant dans la foulée un Five Treasures of Snow autoproduit, avant d´enchaîner début 2017 sur un EP d´un seul titre, qui tape dans l´oreille d´Avantgarde Music.
C´est donc désormais sur le célèbre label italien que les Américains sortent leur deuxième full length, The Sachem´s Tale, qui au vu de la très belle illustrtion de Franck Vicotria et de la tracklist, semble s´inspirer du folklore amérindien.

Alors, Dzö-nga c est quoi? En guise de préambule, le bruit apaisant de la pluie nous accueille sur Midewiwin Lodge, ainsi que le craquement sinistre d´un orage qui gronde au loin. Puis la musique se met lentement en place, s´invitant via un jeu de cordes doux et apaisant qui nous berce tout en finesse et en sensibilité. Le violon ajoute une touche de mélancolie poignante à cette ouverture réussie, qui, ponctuée par quelques percussions tribales ainsi que le grondement régulier du tonnerre, nous emmène sûrement vers la première vraie pièce de cet album, To the Great Salt Water, loin du fracas symphonico kitsch et pompeux de nombreux groupes qui veulent en mettre plein la vue. Un clavier esquisse des premièrs notes belles et fragiles, toujours sous le clapotement régulier de l´ondée avant que les guitares ne viennent expirer leurs premiers rugissements sur une mélodie empreinte d´une tristesse touchante. Le chant de Grushenka Ødegård résonne alors, lointain et onirique, flottant comme un spectre évanescent sur ces quelques notes de clavier et cette double pédale entêtante, puis après une courte montée en puissance, les hurlements black de Cryvas viennent nous vriller les tympans, apportant la première touche véritablement agressive du morceau. Ces vocaux sont malheureusement le premier point noir de l´album, extrêmement criards et saturés, bourrés d´effets pour un rendu caricatural et irritant qui ne sied d´ailleurs pas vraiment à une musique aux envolées mélodiques très appréciables.

Dzö-nga évolue en effet dans un metal mélodique à tendances fokloriques et symphoniques et aux quelques pointes extrêmes, très porté sur le subtil entremêlement du clavier, des arpèges et du violon. Les guitares, au riffing assourdi, tissent ainsi une toile de fond qui ajoute puissance et profondeur à la musique, lui ajoutant son indispensable aura metal, renforcée par ces vocaux black, auxquels on finit tant bien que mal par s´habituer.

Il y a incontestablement de bonnes idées dans ces presque 43 minutes, avec en premier lieu, un style musical unique et original qui vient apporter un vent de fraîcheur agréable dans l´univers du black au sens large. On ne soulignera jamais assez le travail sur les claviers et le jeu acoustique, qui créent une atmosphère tour à tour légère, enjouée, poignante et dramatique. On appréciera également l´influence du folklore amérindien que l´on ressent bien à l´ecoute de certaines lignes mélodiques ( Against the Northern Wind, A Seventh Age of Fire); le talent de composition du multi instrumentiste est indéniable, et on peut lui reconnaître une certaine faciliter pour créer de longues pistes épiques hors du temps qui s´écoulent avec une grande fluidité.

Ceci dit, c´est paradoxalement sur les passages entièrement acoustiques, moins complexes et ambitieux, et habités d´une véritable âme, que les Américains parviennent le plus facilment à nous emporter dans leur monde magique: car l´autre gros poblème de cette galette, et qui ressort désagréablement lors des parties metal, c´est ce son extrêmement plat et synthétique, avec des notes et une batterie tellement plastique que l´on croirait entendre une boîte à rythme, alors que c´est bien un cogneur de chair et d´os, Aaron Maloney, qui est crédité sur la fiche promo du groupe. Cela dessert largement le propos de la forçation, surtout sur un titre comme Against the Northern Wind, où les blasts, extrêmement denses et rapides, couvrent l´ensemble de la musique les rares moments où ils se déchaînent. Ajoutez à celà un son de cordes parfois très kitsch sur certaines notes, et on frôle le mauvais goût sur certains passages, ce foisonnement d´idées partant parfois un peu dans tous les sens n´aidant pas à mettre en valeur les qualités musicales du combo pourtant évidentes.

Pour conclure, The Sachem´s Tale est une bonne surprise, proposant un mélange musical frais et novateur mais qui est encore largement perfectible. En effet, ces sept titres souffrent encore de défauts majeurs qui empêchent Dzö-nga de réellement convaincre, mais nul doute que si Cryvas parvient à canaliser sa fougue créatrice et à doter sa prochaine production de vocaux moins caricaturaux et d´un son plus adapté, sa prochaine réalisation risque de s´imposer parmi les sorties majeures de cette nouvelle scène de black folklorique américain. Comme diraient aussi bien Tom G. Warrior que Geronimo: Ugh!