Présent dans le paysage metalcore anglais depuis maintenant 15 ans aux côtés de formations telles qu’
Architects,
Bring Me The Horizon ou
Bury Tomorrow,
While She Sleeps fait partie de cette première vague de groupes anglais aux compositions aux tempos rapides, à la puissance redoutable et au chant acéré. Le temps s’est écoulé et a voulu que la musique évolue. Aujourd’hui, le metalcore en est à une seconde phase, bien moins underground, plus mélodique et où les voix screamés ont peu à peu fait place à des prestations claires, où l’émotivité prime sur la virulence.
Ce changement est plus que notable pour notre quintet de Sheffield. Entre leur première parution,
This Is the Six en
2012, où la patte hardcore à quelques connotations thrash, due principalement aux guitares terreuses et distordues, à la voix hargneuse ainsi qu’à une batterie effrénée et So What ? en 2017, plus diversifié, nuancé, où l’intensité laisse peu à peu place à l’harmonie, les Anglais n’ont plus du tout la même portée mais a su en grande partie préserver son identité. Certes, le son des musiciens s’est assagi en l’espace de cinq ans mais le groupe n’est jamais tombé dans les artifices ou dans la niaiserie.
Pour confirmer cette bonne impression, le quintet nous propose un nouvel album, le cinquième de leur discographie du nom de
Sleeps Society. La formation britannique a marqué le coup et publie sa première toile en autoproduction. Le groupe justifie cette indépendance par une volonté de venir en aide à la fois à leur équipe de tournée, aux entreprises locales et aux personnes qui sont actuellement dans le besoin, surtout par rapport à la pandémie actuelle. Une décision plus que louable et qui tenait véritablement à cœur à notre quintet.
Sur la réflexion lyrique,
While She Sleeps a suivi le même esprit des dernières publications de
Bring Me The Horizon avec leur EP Post
Human :
Survival Horror et
Architects via leur For Those
That Wish To
Exist et s’est centralisé sur les pressions et les doutes personnels qui nous grignotent depuis maintenant quelques années.
Si So What ? avait été décrié par de nombreuses critiques, tout particulièrement par son manque de cohérence, il est certain que
Sleeps Society est plus homogène. Le morceau d’ouverture Enlightenment(?) nous plonge d’abord dans un discours saccadé qui devient de plus en plus impulsif et qui sonne comme une révolte, un réveil contre les mensonges et les manipulations de la société. La mélodie ne perd pas de son aplomb et bascule dans un riffing en engrenage, simpliste mais néanmoins percutante.
Le vocaliste Lawrence Taylor invoque le fait qu’il n’existe pas de moi sans nous, le tout entre scream et chant clair. Parfois, notre vocaliste va laisser exploser ses émotions, notamment dans le passage où il mentionne qu’il sera toujours présent dans les périodes les plus délicates comme l’abandon, l’amour ou encore l’impuissance.
L’ensemble des mélodies suivent des directions artistiques bien différentes. Certaines vont privilégier la lourdeur et l’hâtiveté (You Are All You
Need), d’autres vont apporter une influence électronique omniprésente, le tout avec un impact marquant et une prestation vocale foudroyante, qui donnent une impression de
Bring Me The Horizon avec
That’s The
Spirit et quelques rappels à Chester Bennington (Systematic).
On trouve aussi des travaux bien plus personnels, plus émotionnels où le quintet fait appel à pas moins de 200 chants de fan (
Call Of The Void) ou pour lesquels les Anglais expriment, non sans bouleversements, la santé mentale et les maladies liées (Nervous) où les propositions vocales de Lawrence Taylor et de Simon Neil laissent sans voix.
Pourtant, malgré les indéniables qualités de cette nouvelle parution et malgré les nombreuses expérimentations réussies de la part du quintet anglais,
Sleeps Society ne nous atteint et nous nous touche pas comme il le devrait. La seconde partie de l’album est un essoufflement par rapport à un premier jet prometteur.
Division Street, en featuring avec Deryck Whibley de Sum 41 propose une ballade plutôt insignifiante où les mêmes propos et les mêmes notes de piano sont répétés, même si la gamme vocale est intéressante. Le titre final DN3 3HT est un message de remerciement aux fans et emprunte la même voix saccadée que celle d’Enlightenment(?) mais elle nous accompagne durant sept longues minutes, le tout sur les mêmes touches de piano.
Cette cinquième publication est dans la lignée de son prédécesseur, même si le trait pop et, de fil en aiguille, son accessibilité sont un peu plus soulignés qu’auparavant.
While She Sleeps traite avec beaucoup de sérieux des sujets d’actualité qui touchent une grande partie de son auditoire. Néanmoins, on voit aussi un quintet qui a tendance parfois à privilégier la solution de simplicité, ce qui enlève un peu de franchise à nos Anglais. Ce léger faux pas n’a pas de grande incidence sur la discographie du groupe mais on espère revoir nos musiciens avec de nouvelles ambitions pour sa prochaine apparition.
En voyant ta note , je me suis dis,"Hou la, c'est sévére" . Mais finalement, l'album parait assez mou, et les titres "ballades" ne aident pas à la chose. Le principal reproche que je pourrait lui faire aujourd'hui est le manque de rythme en gros. Je pense que toute façon comme Architects While she Sleeps basculera petit à petit vers quelques chose de plus en plus rock Alt. Ce sont des groupes qui apellent à évoluer, comme Parkway Drive. En tout cas je trouve que ce groupe à un énorme talent, et le prouve sur pas mal de compo. Merci pour la bonne chro.
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