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John West est une star inconnue du plus grand nombre. En une quinzaine d'années, il a sorti quatre albums solos, ainsi qu'une bonne vingtaine en collaboration avec d'autres groupes (Royal Hunt est le plus connu d'entre eux). Malgré ce palmarès époustouflant, l'Américain reste encore un chanteur de l'ombre dans le metal épique. Ses dernières sorties sont d'ailleurs passées assez inaperçues, ni Mythodea en 2012, ni Artlantica en mai de cette année n'ont connu la gloire relative qu'ils méritaient (bien que le dernier nom cité soit sorti chez SPV/Steamhammer).

John West sort donc sont deuxième album de l'année, en compagnie du guitar hero danois Niels Veljyt, sous le sympathique nom de Sage's Recital. Les autres musiciens qui composent le line-up sont pour la plupart danois, mais leur renommée n'a pas encore dépassé les frontières de leur petit pays. Sage's Recital propose donc un power metal épique dans la veine par exemple d'un bon vieux Rhapsody (quelle que soit la version). On rajoute aussi une petite dose de metal progressif, comme sur chaque album où John West prend le micro. Par-dessus tout ceci on saupoudre une bonne couche de soli de guitare, et la galette est prête à être servie.

J'aime depuis quelques temps dans mes chroniques me livrer à une petite analyse picturale, et à la vue de ce Sage's Recital, je suis particulièrement content. On échappe déjà au gros logo qui en met plein la vue pour une écriture discrète un peu vieillotte mais que j'aime bien. On a cependant droit au sempiternel dragon, mais celui-ci se tient tranquille et n'occupe pas la place principale. La pièce centrale de ce tableau est bien évidemment le cavalier, solitaire et mystérieux, comme il sied bien aux aventures épiques. Pour finir on peut admirer décor blanc très soigné, avec un impressionnant château donnant une impression non-humaine, comme s'il avait été l’œuvre de la nature. C'est donc dans ce cadre enchanteur que se dérouleront les sept actes du récital du sage.

Pour l'instant, tout a l'air de partir pour le mieux : un excellent chanteur, des musiciens certes méconnus, mais pas moins capables, et une apparence soignée, que demander de plus ? On saurait même avec toutes ces informations à peu près à quoi s'attendre … Mais non, Sage's Recital ne manquera pas de nous surprendre, et cela même plusieurs fois. Pour commencer, il est à noter qu'aucune publicité n'a été faite, ce qui est plutôt étonnant pour un casting pareil (mais il en était de même pour Artlantica et Mythodea). Moi-même si je fus au courant de cette sortie, c'est seulement en m'intéressant à John West (et encore, sur son site web il est simplement écrit qu'il a collaboré pour un album avec Niels Veljyt, mais le nom Sage's Recital n’apparaît même pas).
Ensuite, s'il semble au début assez évident de ranger ce disque dans la catégorie heavy ou power metal mélodique, on se rend compte vite fait de "l'inclassifiabilité" de l'opus. En effet, si la longueur des morceaux fait plutôt penser au metal progressif, dès les premières écoutes on a l'impression d'entendre un album instrumental d'un quelconque guitar hero. Je ne sais malheureusement pas qui a composé chacun des morceaux, mais j'ai la presque certitude que Niels Veljyt n'est pas innocent à la composition de l'opus. Je pense aussi que John West n'a pas été impliqué durant la période de création, premièrement puisqu'il s'agit plus d'une collaboration pour un album que d'un nouveau groupe, et deuxièmement car les lignes de chant sont parfois tellement étranges (je dit bien étranges, et pas mauvaises) qu'elles semblent composées par une personne ne s'occupant pas de chant habituellement.

Les premiers titres de l'opus, même si on y trouve des soli de guitare en veux-tu en voilà, laissent cependant apparaître beaucoup de chant, et John West se montre à son meilleur niveau. Comme d'habitude, sa voix se révèle chaleureuse, et les aigus sont parfaitement maîtrisés (sur You Hold the Key notamment). La voix est bien audible, mais n'occupe pas non plus le devant de la scène. D'une manière générale, chaque son rend très bien, la production n'étant pas particulièrement puissante mais bien équilibrée. La guitare et le chant sont donc sur le même plan tant dans la production que dans la composition. Le gros intérêt de l'album se partage ainsi entre messieurs Veljyt et West, et ça tombe bien, car ils montrent tous les deux de grandes qualités.

En faisant une analyse morceau par morceau, on se rend bien compte que tous se valent, même si les durées varient énormément. Coucil of Dragons et Immortal Flame (quelle intro !) peuvent être considérés comme les meilleurs morceaux, avec dans chacun une magnifique ambiance épico-médiévale, n'ayant rien à envier aux Rhapsody et consorts. Sur le deuxième titre cité, on a même le plaisir d'entendre une voix féminine, celle de Anne Anne Karine Prip, chanteuse présente en compagnie de Niels chez Infinity Overture. Reste maintenant à parler du titre final grandiose, justement nommé The Last Battle (pour rester dans le concept épique jusqu'au bout). Les quinze minutes sont bien remplies, et l'on ne s'ennuie pas, même pendant les longs passages instrumentaux d'ailleurs très réussis.

Sage's Recital, nous offre donc un power metal épique qui sort des sentiers battus, en cherchant bien à se différencier de ses aînés. J'ai par contre du mal à comprendre les objectifs du groupe (autre que simplement se faire plaisir en jouant entre amis) en produisant une musique si difficile d'accès dans un style qui généralement se veut facile d'écoute. Cet opus sera très probablement un échec commercial, bien que le plan musical soit très bon. Ceux que ne rebute pas la difficulté d'accès vivront un bon moment, les autres passeront leur chemin.