Un doux prélude, aux claviers, aux airs de conte de fée, "A
Gothic Ouverture" de son nom, semblable en quelque point à la musique d'ouverture la Belle et la Bête de Walt Disney. Puis arrive une pluie monotone, la musique s'arrête… Eclate-alors l'orage, gronde le tonnerre, la musique reprend, le côté féerique au début laisse désormais entrevoir une musique plus sombre, plus inquiétante…
C'est ainsi que débute Romantic
Tragedy's Crescendo, premier album du combo italien
Macbeth.
Macbeth ? Le célèbre personnage de William Shakespeare. Ce dernier, après avoir remporté une bataille, retourne chez lui et apprend alors qu'il est le futur roi d'Ecosse. Il en fait part à son épouse, mais celle-ci, méfiante, le pousse à assassiner le roi actuel, Duncan. Les deux fils de ce dernier s'enfuient, de peur pour leur vie,
Macbeth peut donc s'emparer du trône sans problèmes ; mais il vit dans la crainte de le perdre sans arrêt et est déchiré par le remord. Lui et
Lady Macbeth meurent, le roi dans un combat, sa lady se suicidant…
Lady Macbeth, dont le thème est justement repris dans la pochette, qui représente un délicat bras blanc, de femme, aux veines tranchées, et dont le sang s'écoule sur un drap blanc, parsemé de pétales de rose...
Macbeth, une oeuvre profondément gothique donc, jouant sur le contraste habituel entre l'icône gothique (littéraire), représentant la candeur pervertie et l'égérie du mal, et le mal incarné lui-même. Ce contraste se retrouve tout d'abord au niveau des instrumentations, avec des passages atmosphériques très doux aux claviers et des arrangements baroques et classiques à l'orgue, au piano et au violon ; supplanté par des passages aux sonorités métalliques très lourdes à la guitare, à la basse et à la batterie. Sur les neuf titres -qui au passage ont une durée totale inférieure à 45 minutes- il y a une alternance entre titres à dominance metal et à dominance gothique. Le contraste est retrouvé aussi au niveau des voix, une alternance et parfois une superposition entre chant féminin clair et lyrique, et chant masculin caverneux en grunts.
Les textes aussi affichent ce contraste, parlant de romantisme, d'espoir et d'amour déchu, de vanité de la vie humaine et de l'au-delà, thèmes chéris du gothique et du baroque, la chanteuse louant la vie, incarnation classique de la femme et de son attirance pour la futilité ; et le chanteur, déclamant le destin universel, la mort ; à la fois terre-à-terre et sans aucun sentiment.
Parmi les meilleurs titres, on retiendra surtout la superbe intro, déjà décrite au début de la chronique, qui s'emboîte avec le second titre, le superbe et très metal "Forever…", le baroque "Thy Mournful Lover", et ses superbes solos d'orgue et de piano, ainsi que la superbe ballade aux claviers et au piano "
Moonlight Caress" dénuée de chant masculin.
Les reproches que l'on pourrait faire à l'album ? Une musique un peu kitsch sur les bords, avec des thèmes fleurant bon la romance à l'eau de rose… Les arrangements classiques aussi un peu simples, de même que les parties metal d'ailleurs. Les compos un peu répétitives, avec des riffs trop souvent repris, et un système couplet-refrain-couplet (pas toujours) qui fait mauvaise figure à côté des compositions beaucoup plus variées et techniques de leurs contemporains norvégiens de Theatre of
Tragedy ou
Tristania avec lesquels ils ont beaucoup de points communs, sauf leur succès… Peut-être que si le groupe avait un peu plus mis en valeur la technicité, il aurait eu un meilleur succès… Mais cet album reste l'un des meilleurs du groupe et un grand du metal gothique, et le représentant de la scène italienne ! 15/20.
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