Liste des groupes Thrash Metal Scornforger Neighbours Are Livin' Dead

On pourrait estimer la scène thrash metal française discrète, pourtant de nouveaux combos se créent d’année en année. Originaire de la belle région niçoise, « Scornforger » a fait ses premiers pas en 2010. Cette formation a d’abord été le fruit de Thibaud Vuille (guitariste) et de Florent Antiochia (batterie), et aurait été imaginée lors d’un « barbecue alcoolisé » ayant mal tourné, selon leurs mots. Viendront vite se rajouter Pierre Jourdan-Gassin au chant et Éric Girard à la basse. Ils rassembleront leurs forces pour une première démo, « Thrash Till You Puke », puis pour un premier véritable opus en 2011, intitulé « Neighbours Are Livin’ Dead », qui promet bien éclaboussures de sang et hurlements de terreur, si on en croit l’excellente pochette signée Jean-Pascal Fournier. L’album ne fournira pas la boucherie escomptée, mais force est de constater que l’on aura tout de même droit à une petite saignée.

Il faut déjà s’attendre à quelque chose de modeste, mais de néanmoins correct dès l’intro instrumental « Livin’ Dead United ». Voila un thrash metal de base, peu original, qui fera état d’une petite course au trot entre la guitare et la batterie. Les choses sembleraient néanmoins s’animer et se corser aussitôt après sur « Thrash Till You Puke », maniant avec habilité la frénésie rythmique et rendant le morceau propice au headbang. Le chant, où plus exactement les chants, se montrent très intéressants. Il y a un chant viscéral, le principal, à la « Witchery », et un autre en seconde ligne, growlé cette fois. C’est rapide, assez fort, même si on reprocherait l’absence de grandes échappées. On reste dans le basique, sur des lignes sûres, au risque de se montrer redondant. Ça cogne néanmoins et les soli de guitare en dernier tiers piste de plusieurs morceaux de l’opus, seront appréciables, affichant les possibilités techniques du groupe. C’est dommage que ses possibilités ne soient pas davantage exposées, comme paralysées par une certaine angoisse des membres, que l’on perçoit sans difficulté sur l’album.

Oui, cela ne transpire pas le grand dynamisme, on sent des hésitations sur le dénommé « 1692 ». Le riffing y est déjà plus sec, crispé, introduisant aussi quelques apports heavy metal. Seul le refrain musclé et accrocheur daigne passer à l’offensive. Les influences heavy metal réussiraient mieux à « Nuclear Leak ». On apprécie déjà beaucoup plus le regain de d’énergie et de rapidité dans le jeu. On pourrait légèrement s’enthousiasmer de son côté déroutant et d’une richesse que l’on ne trouve que trop peu souvent dans les autres morceaux. À part peut être l’audacieux « Panic Attack », qui étale davantage la technicité de la formation. Comme les autres instruments, la basse parade et se révèle à son avantage. « Non Believer » nous apporterait aussi quelques petites choses intéressantes: l’acoustique écourté du début puis l’arrivée impromptue du jeu massif, le fort encaissement de batterie sur le refrain, ou encore les lignes speed metal injectées sur la deuxième partie de piste.

On aurait pu s’attendre à ce que « Scornforger » nous mettent le feu sur son titre « Blood Countess »; chanson dédiée à Elisabeth Bathory, une comtesse hongroise qui aura écrit son histoire en lettres de sang. Le ton est irrité au début, pas brillant d’originalité, peu d’énergie ressenti, linéaire aussi. L’appréhension sera identique pour le morceau « Scornforger », entièrement composé par Thibaud Vuille pour le coup, et encore une fois nous avons droit à une musique quelque peu redondante. Il n’y a que le refrain qui pourrait éventuellement attirer, comme l’étrange soli de fin. Ce qui nuirait à l’album est sans nulle doute le ton ramassé adopté par la guitare rythmique, donnant un aperçu linéaire à des titres moyennement inspirés comme « Blood Calls Blood ». Le contraste est particulièrement édifiant avec les chants. Pareil constat sur le pourtant massif « Hell Ride » qui manquerait indéniablement de zest et de subtilité. Y compris sur le violent et déchaîné « Satan’s Whore », qui paraît sous-alimenté, ennuyeux et très répétitif.

Première pierre d’un édifice, enfoncée dans la terre, « Neighbours Are Livin’ Dead » n’est pas un mauvais album, mais il serait frappé des faiblesses des premières écritures, ne divulguant à peine le réel potentiel d’un groupe (que l‘on sent, que l‘on sait), qui se sera permis de soigner la production, le livret (réussi pour le coup et amusant), ainsi que le chant, en négligeant toutefois de se concentrer davantage sur les compositions. C’est clairement là où il faut mettre le paquet pour pouvoir un jour se démarquer et faire comprendre à d’autres pays, qu’en France on sait faire du thrash metal aussi bien que les autres. En attendant, je reprendrai bien un morceau de votre voisine.

12/20