L'Etre Ange Démon

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17/20
Nom du groupe ACWL
Nom de l'album L'Etre Ange Démon
Type Album
Date de parution Septembre 2012
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. You Run 04:09
2. Marie-Anna 03:26
3. How Long 03:28
4. Someone Will Stay 04:59
5. Ma Peluche en Laine 03:39
6. Ghost Love 03:29
7. Way Back Home 04:41
8. Introversion 03:24
9. Des Profondeurs 04:19
10. Rokh 02:21
11. Asher 03:57
Total playing time 41:52

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ACWL


Chronique @ Icare

19 Mai 2013

Un rock onirique aux relents de ténèbres, une musique simple et hallucinée qui nous convie à des rêveries brumeuses

Mine de rien, cela fait maintenant presque 20 ans que ACWL susurre ses complaintes désabusées et hypnotiques à l’oreille mi-close d’un rock français protéiforme mais parfois étonnamment obtus. On ne peut pas dire que le groupe soit un inconnu, ayant été honorablement relayé par les médias (le clip de A l‘Absent sur MCM en 2001, la première partie d’Indochine sur le Paradize Tour, une entrée dans les charts du rock indé de Le Mouv avec leur Une Vie plus Tard de 2005), et s’étant composé au fil des années une fanbase solide et fidèle. Mais, inexplicablement, là ou d’autres groupes français plus ou moins légitimes ont explosé aux oreilles engourdies d’un hexagone musicalement formaté, ACWL n’est jamais parvenu à s’imposer durablement sur la scène nationale et est resté dans l’ombre maudite qui lui sied si bien et qui nourrit son âme mélancolique, malgré sa sincérité et la qualité de sa musique qui ne sont plus à prouver. Qu’à cela ne tienne, les Parisiens ne se sont jamais démontés et ont toujours poursuivi leur chemin tortueux, faisant fi des modes et continuant à développer et raffiner leur style si atypique, et ce, jusqu’à la galette qui nous intéresse aujourd’hui. J’ai nommé : L’Etre Ange Démon.

ACWL, qu’est-ce-que c’est? Avant de commencer les présentations, il convient tout de même de prévenir le metalleux lambda en mal de headbang, de blasts et de riffs qui tuent : non, le combo parisien n’est pas à proprement parler un groupe de metal. Ce qu’il partage avec cette scène et qui lui vaut le privilège de figurer dans les pages de notre webzine préféré, c’est cette noirceur poétique qu’il dégage et cette esthétique sombre qu’il se plaît à cultiver. Dark rock hybride aux teintes gothiques et coldwave, voilà comment on pourrait grossièrement étiqueter le groupe. Et, les onze mélopées de l’Etre Ange ou Démon nous font penser tour à tour à Dolly, X mal Deutschland, The Cure ou Syd Matters. On obtient alors une musique sombre et apaisante, déversant des flots de mélancolie salvatrice, reposant sur une instrumentation simple et envoûtante et sur des mélodies vocales savamment travaillées.
Le tout est parfaitement mécanique, mais d’une froideur envoûtante, renforcée par l’effet de répétition, implacable et hypnotique, et quelques boucles électroniques et effets subtils qui viennent achever la transe. La basse pulse comme un cœur morbide et porte les compos de ses résonances lourdes, tandis qu’arpèges lancinants et lignes de piano aux mélodies faussement naïves, aussi touchants qu’ils sont simples, mènent la musique et s’insinuent sournoisement dans notre boîte crânienne pour ne plus en sortir.

La musique est épurée, simple et va directement à l’essentiel: toucher l’auditeur. En ce sens, L’Etre Ange Démon est diaboliquement efficace, l’addiction est totale, et une seule écoute suffit pour mémoriser et fredonner la plupart des pistes. A ce titre, on peut véritablement parler de chansons. Il est difficile de détacher quelques titres tant l’ensemble forme un tout homogène. Mais, citons entre autres le première piste, You Run, avec sa mélodie enchanteresse égrainée à la guitare classique et au piano et ce pont onirique à 2,58 minutes, d’une beauté simple et touchante, ainsi que le morceau suivant, Maria Ana, bien plus rock et dansant, s’ouvrant sur un arpège de guitare sombre et grondant vite, accompagné par une batterie à la frappe lourde. Le refrain fait la part belle aux grattes, rehaussées d’un sample électronique envoûtant. Une des particularités du son d’ACWL, c’est cet accordage très bas qui fait que guitares et basses se mêlent en un magma grave et tellurique, ce qui renforce l’aspect sombre et désespéré du tout. Il n’est d’ailleurs pas rare que les parties musicales flirtent avec le gothique, comme avec How long et cet arpège de guitare entêtant dans sa simplicité qui rappelle Just Waiting de The Silent Agony. L’enchaînement de ces deux titres illustre à lui-seul la dualité qui nourrit l’univers d’ACWL, toujours tiraillé entre compositions fragiles et touchantes d’une fausse candeur désabusée et rock plus dur, sombre et hypnotique. L’artwork et le titre de la galette illustrent parfaitement cette ambivalence, et ceux qui étaient déjà familiers de la musique des Parisiens ne seront pas dépaysés avec cet opus, qui ne fait que renforcer les contours déjà largement dessinés sur les albums précédents de l’art personnel et atypique du combo.

S’il y a quelque chose qu’on ne peut passer sous silence lorsque l‘on veut parler de L‘Etre Ange Démon, ce sont bien les voix, car elles expriment presque à elles seules l’âme sombre qui habite ACWL, servant des textes souvent désabusés et métaphoriques qui colorent de leurs clairs-obscurs les mélodies des Parisiens. La première qui nous est donnée d’entendre est celle de Céline, chaude et suave, marquant de son sceau unique l’entité ACWL. Polymorphe, tantôt éthérée et angélique, tantôt traînante et lascive, tantôt plaintive et douloureuse, tantôt mystique et lointaine, elle mène véritablement le bal et nous entraîne au détour de ses mille et unes modulations dans un kaléidoscope d’émotions brutes : rock, pop, heavenly voice, tous les registres y passent. Ceci dit, son impact ne serait pas d’une telle ampleur sans les interventions de Jean. Le bassiste prend le micro et une voix grave et ténébreuse, tantôt susurrée, tantôt plus rocailleuse (Someone Will Stay), fusionnant avec la basse, vient agréablement contraster avec le chant plus aérien de Céline et donner plus de relief à l‘ensemble. La dualité vocale fonctionne à merveille, soufflant le chaud et le froid, allant parfois même jusqu’à rappeler une sorte de Lacrimosa, en moins grandiloquent et symphonique, mais avec la même dimension dramatique ( Someone Will Stay me fait un peu penser à Allen Zu Zweit).

Certes, ACWL ne crée pas ici une révolution musicale. Leurs onze complaintes douces-amères ne sont pas d’une complexité et d’une originalité à toute épreuve (même si leur son est reconnaissable entre mille), et les grands connaisseurs de gothique ne seront pas bouleversés par la musique du combo. Mais, force est de constater que le tout est sacrément homogène et prenant, et surtout - chose ô combien rare et appréciable sur cette scène! - ne s’encombre pas des clichés mièvres et dégoulinants trop souvent inhérents au genre. Un rock onirique aux relents de ténèbres, une musique simple et hallucinée qui nous convie à des rêveries brumeuses et qui démontre, si besoin était, qu’il n’est nul besoin de rimmel dégoulinant, ni de longues robes noires et de pentacles pour produire une musique sombre et mélancolique, sincère et habitée.

3 Commentaires

1 J'aime

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LeLoupArctique - 20 Mai 2013: Très belle chronique, pour ma part j'en étais resté aux deux premiers opus qui étaient très bons, et ne m'étais pas donné la peine d'écouter les suivants. Ta chronique va donc m'y faire remédier, et le plus vite possible.

Je te trouve peut être un peu sévère sur la note, ou alors tu ne montres pas assez les défauts, je ne sais pas.
Icare - 24 Mai 2013: J'ai hésité entre 15 et 16, je mettrais un bon 15,5 en fait. C'est vrai qu'au vu de ma chronique très positive, la note peut paraître un peu faiblarde, mais la force de la musique fait aussi sa relative faiblesse : c'est le manque de complexité et d'originalité du tout qui m'a fait baisser un peu la note, et peut-être une certaine redondance, même si c'est le style qui veut ça...

Ceci dit, en ce qui me concerne, ça reste un très bon album, et 15 est une note plus qu'honorable!
LeLoupArctique - 25 Mai 2013: Je ne m'intéresse pas assez à la scène gothique (bien qu'ACWL n'en soit pas vraiment) pour voir le manque d'originalité, au contraire, c'est le seul groupe que je connais à faire une musique aussi étrange, donc pour moi c'est un groupe très original. En ce qui concerne l'album je reviendrai donner mon avis quand je l'aurais écouté ;D

Et bien sûr 15 reste très bon ;-)
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