On a pas toujours envie d'écouter de la musique "feelgood", et ça tombe bien, car en voilà une Némésis, un Antéchrist, c'est le bien nommé "
L'Appel du Néant".
Désolé d'avoir tué tout suspense, mais il vaut mieux être un peu prévenu avant de glisser un doigt innocent dans le premier opus de Salò.
Formé en 2019, ce groupe de Cherbourg-Octeville a commencé en quatuor : DLE aux samples et claviers, AVS à la guitare, HCT à la basse et au micro, et enfin de Neggy Röth à la batterie. Forts d'un premier EP "
Sortez Vos Morts" en 2021, les Normands ont commencé à se faire remarquer, et à chercher à progresser. C'est à trois et sans Neggy que le groupe a fait le choix de continuer, confiant ses tâches rythmiques à une boîte a rythmes, peaufinées cependant avec l'aide d'un vrai batteur. La création de l'album a démarré dès la sortie de leur premier EP et a pris deux ans, avec le besoin d'adapter leurs compositions à trois.
Enregistré par Manu Laffeach, ce premier album a été mixé par Cyrille Gachet (
Fange,
Year Of No Light, Yarotz,...) et masterisé par Alan Douches (
Suicide Silence,
Cannibal Corpse,...). En plus de Thomas
Njord (
Venefixion,
Ende) pour les sessions de batterie électronique, on trouve les featurings de Diego Janson (Karras) et de Marion (Mütterlein).
Signé chez Source Atone Records (Nature Morte, Néfastes, Sycomore,...), Salò a pu sortir "
L'Appel du Néant" le 23 février 2024, avec un artwork noir et blanc photocopie-style qui n'est pas sans me rappeler la fraîcheur candide des premiers
Napalm Death. Et du noir, on va en avoir...
Salò nous convie au cœur du pire de l'homme, avec un grand H ou un petit h, sous lumière noire et luminol. Ça bastonne sévère dans tous les sens du terme, avec une batterie qui s'acharne comme des coups de marteau ("Un Homme Ça ne S'empêche", "Il faut Qu'ils Crèvent"). Ça sonne comme une vraie, la double bombarde, la caisse claire est frénétique, et ça peut blaster sans pitié. Les guitares et la basse forment un mur de béton vermoulu impossible à escalader, avec des riffs simples, percutants et speeds. Les cris de HCT sont rauques, rageurs, hardcore.
Cris de souffrance, samples de voix emplies de haine et de rancoeur, sont le décor de cette musique où rien rien ne nous sera épargné. En français dans le texte, l'amour, les illusions et le bonheur, à peine éclos, crèvent sous les coups de la cruauté ordinaire.
Les arrangements sont élaborés, et des claviers en rajoutent quelques couches à des moments stratégiques, donnant un petit arrière goût black ou gothique ("Le Goût du Sang"). Ce mélange de brutalité froidement chaotique et d'ambiances synthétiquement poisseuses rend leur crust flippant, un peu à la manière d'un Strigoi.
Alors qu'on se dit que ça fait un peu beaucoup, niveau agression sonore, Salò nous donne quelques secondes de répit au cœur de "Liberté Surannée", dont l'ambiance nous plongerait dans un 1984 sauce bien française. "Et Pourtant J'essaie" se rapproche d'un
Converge , et j'ai pensé à
Gojira sur "La Cendre et le Sang".
En étant totalement extrême dans l'intention comme dans l'exécution, Salò parvient à doser son ultraviolence pour la rendre supportable. Son premier album ne manquera pas d'intriguer ceux qui auront résisté à sa furie.
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