Fortune's Gate

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16/20
Nom du groupe Furies (FRA)
Nom de l'album Fortune's Gate
Type Album
Date de parution 16 Octobre 2020
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album22

Tracklist

1.
 You & I
 04:11
2.
 The Fortune's Gate
 04:35
3.
 Voodoo Chains
 04:52
4.
 Antidote
 05:42
5.
 Delusions of Daylight
 04:36
6.
 Never Say Die
 04:38
7.
 Superstition
 04:45
8.
 Prince of the Middle East
 05:04
9.
 Fire in the Sky
 04:27
10.
 Unleash the Furies
 04:44

Durée totale : 47:34

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Furies (FRA)


Chronique @ Hibernatus

10 Octobre 2020

L'esprit du Heavy Metal est toujours vivant. Hail the Furies !

La poudre étant inventée depuis longtemps, il n'est pas très honnête d'exiger d'un groupe de Heavy
qu'il la redécouvre à chaque fois. Mais on est au moins en droit d'attendre qu'il la fasse parler avec talent, fougue et enthousiasme. Le premier full length des Parisiens de Furies répond point pour point à ce cahier des charges. Si, jusque dans leurs tenues scéniques, l'esprit des 80' vient imprégner leur Heavy Speed, il est transcendé par une fraîcheur et une spontanéité des plus convaincantes.

Furies n'est pas un perdreau de l'année. À l'origine un all female band, le groupe est fondé en 2013, intègre une remarquable bassiste-chanteuse en 2015 et prend son format actuel en 2016, atteignant la parité avec l'intégration de deux excellents gratteux masculins. Le quatuor officie sous pseudonymes. Ceux des mâles ne brillent pas par l'originalité, mais illustrent la belle vivacité de leur technique de jeu : Sam Flash et Billy Laser. Seule rescapée de l'équipe fondatrice, la batteuse se fait d'abord appeler Roxie Velour avant d'opter pour le délectable Zaza Bathory. J'apprécie aussi le surnom de la bassiste-chanteuse, Lynda Basstarde : il me rappelle avec nostalgie mon arme préférée de l'époque où je jouais à Donjons et Dragons, l'épée bastarde (2d4 aux dégâts, kill ! kill !).

Avec les pseudos, c'est toujours compliqué de retracer des backgrounds. C'est seulement chez Lynda que j'ai trouvé de quoi étoffer un CV. Elle a longtemps tenu le poste de bassiste chez Hemoragy, on retrouve d'ailleurs dans son jeu la touche Motörheadienne perceptible chez les thrashers ; mais elle a également joué dans Women in Iron Form, un tribute band féminin d'Iron Maiden. où elle affronte le rude challenge du chant Dickinsonnien et de la basse Harrissienne. Et c'est elle que découvrent beaucoup de fans de Sortilège à Vouziers, lors de l'éphémère et discutable reformation du groupe, apportant ses performances vocales à la rescousse de l'organe défaillant de Zouille (honni soit qui mal y pense).

Sept ans pour sortir un album, ça peut paraître long, mais le résultat en vaut la peine avec ses 10 petits brûlots, dont deux avaient été révélés sur la cassette démo de 2017 et bénéficient ainsi de la bonne production concoctée aux studios Labomatic. La pochette leur donne un habillage sympa sur fond de varappe sur la tour Eiffel, m'évoquant la couverture de l’inénarrable « Club des punks contre l'apocalypse zombie » de Karim Berrouka (chanteur de Ludwig von 88, mais aussi écrivain de talent).

Si le propos musical n'est pas révolutionnaire, il a l'immense mérite d'aller à contre-courant de la tendance actuelle du Heavy dit « traditionnel », consistant à jouer plus lourd que lourd : comme si un paresseux mid tempo était gage d'épopée. Face à ces trop souvent poussifs vaisseaux de ligne (des manowars, comme disent les Anglo-Saxons...), l'étrave aiguë de Furies fend les eaux à toute allure, manœuvre et remonte au vent comme pas deux ; agile et rapide, c'est un cotre corsaire, qui délivre une bordée certes légère mais à la précision mortelle.

Le meilleur des navires ne vaut que par son équipage et Furies est servi par des matelots premier brin. La batterie de Zaza est époustouflante, la basse de Lynda tour à tour meurtrière et gouleyante. Sans pitié, la rythmique de Sam et Billy ignore toute concession, tandis que leurs virevoltants soli alternés se teintent volontiers d'une tonalité néo-classique : pas de doute, ces deux-là ont biberonné du Malmsteen et du Stéphan Forté (The Fortune's Gate, Never Say Die, Superstition). Question chant, l'ample registre de la voix de Lynda, puissante et assurée, en fait le maître à bord du domaine ; pourtant, dans la marine à voile, toute manœuvre est collective. On ne saurait donc négliger les backing vocals de Zaza qui garde encore assez de souffle après le martyre qu'elle inflige à ses fûts ; ni les chœurs graves des guitaristes, omniprésents et offrant sur la plupart des titres un profond contrepoint, énergique et bref, au chant de Lynda. Au delà du chant, la longueur des plages instrumentales pleinement réussies témoigne du talent et de la complicité des musiciens.

Furies donne résolument dans l'up-tempo, se livre au Speed sans aucune retenue. La meilleure illustration est Unleash the Furies, débridé, agressif et mélodieux, pur régal de rythmique sauvage et plein d'allant. Le riff est parfois mâtiné de Thrash, comme sur Prince of Middle East ou You and I. Avec Never Say Die (rien à voir avec Black Sabbath), on assiste à un véritable concours d'agressivité entre la voix abrupte de Lynda et les puissants chœurs de Billy et de Sam. Le groupe ne reste toutefois pas prisonnier du tempo rapide et use avec bonheur de ruptures de rythme, de ponts chantés ou instrumentaux, d'introductions ou de breaks trompeurs aérant judicieusement un propos qui épargne toute lassitude à l'auditeur. La composition est d'une fallacieuse simplicité, issue du savoir-faire et de l'expérience de vieux routiers rompus à l'exercice, aptes à transmuter le travail acharné en spontanéité.

L'ambiance est souvent allègre et optimiste, comme sur Voodoo Chains, pas le titre le plus ambitieux du disque, mais qui séduit par son allant tout feu tout flamme, son attaque nerveuse et ses agaceries de basse ; ou The Fortune's Gate, à la composition plus variée. Plus heurté, You and I se teinte d'un défi et d'un volontarisme bien à leur place : en dépit de son intitulé, le morceau n'a rien d'une romance (pas le genre de la maison) mais évoque la genèse et les ambitions du groupe.

Furies sait intelligemment varier les climats et tente de nous égarer parfois sur du tempo plus ralenti, comme avec Prince of the Middle East, Never Say Die ou Delusion of Daylight, mais ne chasse jamais très longtemps son naturel avant de s'abandonner à son tropisme rapide. Le grand écart est parfois spectaculaire : l'intro et l'outro du remarquable Superstition s'avèrent aussi plombés que du Candlemass ou du Solitude Aeturnus ; mais entre les deux, on retrouve un Speed farouche, au riffing haletant, syncopé, qui baigne le titre d'un fort prenant clair-obscur. Plus inhabituel est Antidote, unique titre en français de l'album, plus lent, noir et poignant que le reste, où s'épanouit comme jamais la voix de Lynda. Par contraste, on peut signaler au passage une certaine faiblesse dans sa prononciation de l'anglais, perceptible sur les (rares) passages lents (Delusion of Daylight).

Pour être fermement ancré dans les vieilles valeurs, les compositions de Furies dédaignent le stéréotype, et nous offrent même de plaisantes surprises. Une négative, d'abord : malgré son nom, on nous épargne la facilité d'une ritournelle orientalisante sur Prince ot the Middle East, un grand merci ! De façon plus positive et moins anecdotique, on est parfois très agréablement trompé sur la marchandise. Fire in the Sky déroule ainsi deux couplets-refrains plaisants mais aussi banals que son intitulé avant de changer brusquement la donne en basculant en mode instrumental sur plus de la moitié du morceau. S'installe une rythmique souveraine, agrémentée de vifs soli, dominée par un couple basse-batterie sourd et ténébreux, ponctuée de samples grinçants ; puis retour des guitares, d'abord solennelles, accélération du tempo avec batterie frénétique, aboiements sauvages de Lynda et final en apothéose. Finement exécuté !

2020 est une année bien pourrie, mais parmi ses rares aspects positifs, elle aura été faste pour le Metal français : « Fortune's Gate » de Furies le confirme. Album simple et direct, où une rythmique d'acier se mêle à des mélodies entêtantes, avec des musiciens de qualité et débordant d'enthousiasme : que demande le peuple ? L'esprit du Heavy Metal est toujours vivant. Hail the Furies !

11 Commentaires

10 J'aime

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David_Bordg - 16 Octobre 2020:

De bonnes choses sur ce premier disque.

 
Hardos1984 - 26 Octobre 2020:

Malheureusement un album totalement sans âme c'est de la pure démonstration technique c'est clinique bref c'est chiant a l'écoute seul la jolie voix de Lynda reste interessant sinon pour moi c'est un plantage complet et c'est dommage vraiment le groupe avait les moyens de faire autre chose trouvé une ligne musicale claire et au lieux de faire un heavy metal direct et accrocheur a préféré navigué entre Manigance et Malmsteen incomprehensible et décevant .

PhuckingPhiphi - 29 Octobre 2020:

Après plusieurs écoutes attentives, je trouve ce premier album réussi – hormis sa couverture acidulée limite manga qui, si elle est techniquement tout à fait correcte, me semble en décalage graphique complet avec l’esprit de la musique qu’elle est censée promouvoir.

Si le disque en lui-même n’a rien de révolutionnaire (mais qui pouvait s’y attendre vu le style revendiqué ?), l’ensemble est bien foutu, les mélodies sont accrocheuses et les influences néo-classiques à la Malmsteen évoquées dans la chronique sont dans l’ensemble bien digérées. Seuls deux petits bémols : le mixage des backing vocals sonne plutôt bizarre, et l’album comporte deux titres qui ne sont guère des nouveautés. Deux réenregistrements après une si longue attente, on aurait été en droit à s’attendre à un peu plus de sang neuf.

Après, reste le problème de l’accent français assez prononcé de Lynda… mais en est-ce vraiment un ?

Doro et Udo n’ont-ils pas l’accent teuton ? Max Cavalera et Fernando Ribeiro l’accent portugais ? Tarja Turunen l’accent finlandais ? Fabio Leone l’accent italien ? Fenriz et Nocturno Culto l'accent norvégien ? Même au sein des chanteurs anglo-saxons, Billy Gibbons n’a-t-il pas l’accent texan ? Angry Anderson l’accent australien ? Et Wattie Buccan un accent écossais tellement à couper au couteau que la plupart des anglophones ne comprennent rien de ce qu’il chante (enfin… braille) ? Bref, l’accent frenchie, il n’y a guère que les Français que ça dérangera, les autres s’en foutront probablement, voire trouveront ça charmant. En parlant de chant français justement, la chanson “Antidote” évoque forcément un mix de Sortilège et de Manigance, ce qui n’étonnera pas ceux qui ont suivi.

Un joli petit disque, honnête et respectueux (peut-être un peu trop) des codes du genre auquel il rend hommage. Je ne regrette pas mes 12 balles.

Hibernatus - 30 Octobre 2020:

Intéressant d'avoir des avis aussi divergents sur cet album. Au moins ne provoque-t-il pas l'indifférence.

Merci pour vos coms.

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