Liste des groupes Death Metal Coffin Rot (USA-2) A Monument to the Dead

En paraphrasant le grand William Shakespeare, je suis sincèrement convaincu qu’il y a quelque chose de manifestement pourri dans l’état d’Oregon, USA. Sinon, comment expliquer la profusion de groupes de Portland qui officient dans le death metal putride, sombre et délicieusement old-school ? Bourbier prolifique d’où émergent de nombreuses formations talentueuses (Witch Vomit, Torture Rack, Ritual Necromancy), cette ville et par extension cet état représentent le fer de lance de cette nouvelle vague du death metal américain, comme le fut jadis la Floride, toutes proportions gardées bien évidemment.

Coffin Rot nous vient donc de Portland, se formant en 2017 autour de Hayden Johnson (growl), Tre Guetner (guitares), Derek Johnson (batterie). Se définissant comme gore et sans fioritures, le groupe affirme puiser son inspiration chez les grands Anciens (Cannibal Corpse, Cianide, Carcass). Le trio se met vite au travail et publie une démo-répétition en 2017 et sa première démo studio éponyme en 2018. S’ensuit un split avec Molder (groupe de death/thrash de l’Illinois), une compilation des 2 démos suscitées et finalement, un accord est passé avec les labels Rotted Life Records et Blood Harvest pour la sortie de leur premier album en octobre 2019 (vynil, cd et cassette). Le groupe est rejoint entre temps par le bassiste Brandon Martinez-Woodball.

Composé de 8 titres, le bien nommé A Monument to the Dead débute par une courte introduction sonore, rappelant celle qui entame le Cause Of Death d’Obituary. Déboule alors le riffing sauvage et addictif de Compremesis qui va donner le ton pour le reste de l’album : growl gras et profond, break vicieux, soli courts et travaillés et même mise en avant d’une basse adéquatement saturée.

La machine à équarrir est alors lancée. De la courte et efficace Saw Blade Suicide à Miasma Of Barbarity remarquable d’équilibre, en passant par Necrotized au riffing jouissif en diable et à la violente Mechanical Separation qui me donne envie de tout réduire en charpie à chaque écoute, l’amateur de death old school (que je suis) est frappé par la volonté du groupe de proposer des titres forts. Le groupe soigne l’agencement interne de leurs compositions et cela s’entend. Et quand résonne les dernières notes du magistral titre éponyme qui clôt l’album, on a qu’une envie : appuyer sur play à nouveau. Sa durée de 32 mn est aussi un atout non négligeable. Côté influence, on peut dénoter des traces de Cannibal Corpse des débuts, Autopsy pour le côté crade et maîtrisé, Cianide pour la lourdeur (et j’en oublie certainement).

Le soin est aussi apporté dans la production de l’album, doté d’un équilibre notifiable. Chaque instrument est audible. La batterie se targue d’un son profond et naturel, où les toms résonnent comme pour une oraison funèbre. Les guitares sont crunchy, sales et incisives. La basse et sa légère distorsion amènent un supplément de lourdeur dévastateur (le break qu’elle introduit dans le dernier morceau est terrassant). Bravo aussi au growl de Hayden Johnson, profond, articulé et modulé.

Ne disposant que des titres des chansons, je suppose que la thématique globale demeure en l’aspect gore et mortifère propre au style. Les zombies bouchers de l’artwork, signé par Skadvaldur, corroborent cette impression et font un beau clin d’œil à leurs comparses de Butchered at Birth.

Bref, la scène de Portland propose une nouvelle fois un groupe prometteur, qui sort ici un premier album réussi. Certes, on peut leur reprocher de s’engouffrer comme tant d’autres dans la voie du revival old-school, de ne rien proposer d’original mais fi de ses sempiternels arguments. La passion qui les anime et surtout leur envie d’écrire de bons morceaux font vibrer la corde sensible en moi. Donc amateurs du style et curieux en tout poil, je vous invite donc chaudement à prêter une oreille à ce Monument To The Dead.