Art(s) et littérature >> Le titre viendra plus tard.
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Mardi 14 Avril 2015 - 18:32:54

Je dois avouer que la dernière phrase du grand maître me laissait circonspect. Et au vu des expressions sur les visages des autres participants à cette réunion, je pense que je n’étais pas le seul. Nous savons que nous avons tous été formés dans un but bien précis mais jamais il n’avait été clairement défini. Ou plutôt jamais il n’avait été abordé par les diverses personnes qui nous avaient pris en charge au long de toutes ces années... Nous avons réussi quand même, à partir de quelques bribes de conversations et d’échanges que nous n’aurions jamais du entendre, à apprendre qu’il était question de prévenir le retour d’un grand fléau sur Terre, parmi les hommes. Et ceci afin d’empêcher que celui ci ne detruise l’Humanité et son berceau. Cela nous faisait beaucoup rire parfois d’ailleurs. Et nous pensions surtout que nous avions mal interprété ces propos... Nous partions en conjonctures toutes plus improbables les une que les autres, nous répartissant des rôles imaginaires dans les endroits d’une exceptionnelle beauté dont nous avions appris l’existence passée dans les livres anciens que nous avons consultés. Des villes gigantesques aux murs d’une hauteur si impresionnante qu’il était improbable que l’homme ait pu prendre part à leur construction. Des bibliothéques si immenses qu’il était impossible de consulter un rayonnage entier au cours d’une vie. Des gouffres si profond qu’il était impensable de pouvoir remonter à la surface...
Mais cette dernière révélation avait été un choc.
    Nous pensions faire partie d’une organisation dont le nombre de membres se comptait sur les doigts des deux mains, une société secrête dont l’existence avait été tue tout au long des siècles précédents et dont seuls quelques initiés avaient entendu parler. Nous pensions aussi, à tort il est vrai au vu des dernières informations, que le sort du monde reposait sur nos seules épaules. Mais apparemment nous n’étions qu’une partie d’une vaste organisation tentaculaire implantée partout...
    Et notre guide suprême était le Pape...

    Le Silence de mort qui planait dans la salle s’éternisait, laissant chacun prisonnier de ses pensées. Ce ne fut que lorsque plusieurs d’entre nous commencérent à remuer nerveusement sur leur siège afin de trouver une position plus confortable, qu’Aethaire, le Maître de la Confrérie décida de reprendre la parole.
    - Je vois à vos visages que ce que je viens de vous révéler vous cause un grand choc. Néanmoins, il faut que vous compreniez que ce n’est qu’un raccourci verbal et que les choses sont bien plus complexes que cela... Je ne suis porteur moi même que d’une partie de l’histoire et de la vérité et que certains aspects ne me sont point connus. Certains livres de nos archives vous donneront d’autres informations afin de guider vos pas vers notre but final. Et les rencontres que vous ferez vous en donneront d’autres. Certaines créatures...
Il ne termina pas sa phrase. Les yeux dans le vide, il se reprit aussitôt:
    - Votre apprentissage est loin d’être terminé mais vous n’aurez bientôt plus besoin de guides. Le reste des connaissances il vous faudra l’acquerir par vous même. Il vous faudra aussi Voyager pendant de très longues périodes afin de récolter tout le savoir necessaire à l’accomplissement de votre tâche...
    Aethaire fit une pause et se dirigea vers le buffet au fond de la salle. Il en sortit un verre d’une saleté repoussante qu’il essuya avec sa manche, ainsi qu’une bouteille dont la couleur d’origine n’était plus visible sous la crasse et la poussière. Il déposa les deux objets sur la grande table autour de laquelle nous étions assis. Puis il retourna vers son fauteuil et se laissa choir comme pris sous le poid d’une lourde fatigue. Au bout de quelques minutes d’un nouveau silence pesant, Il reprit alors son monologue.
    - Le chemin est encore long. Les enseignements dispensés vous aideront dans votre quête. Mais une fois que chacun aura quitté ce lieu, vous serez livré à vous même et ne pourrez compter sur l’aide de personne. Certains d’entre vous ne reverront jamais les autres membres ici présents. Enfin pas physiquement s’entend...



Mardi 14 Avril 2015 - 18:33:20

Il marqua une pause après ces mots afin de nous faire réfléchir à leur sens. Il posa un regard terne sur chacun de nous, essayant de voir au plus profond de nos âmes. Ce fût Baudouin qui posa la question qui brulait toutes les lévres.
    - Maître Aethaire, comment est il possible de se revoir autrement que physiquement?
    - Et vous avez aussi parlé de créatures et non d’hommes. Ce fait est...troublant et je pense que je ne suis pas le Seul à me poser des questions à ce propos, renchérit Clodomir.
    - Comment s’est porté le choix sur nos person...commença Roger mais Aethaire l’interrompit séchement.
    - Vous posez bien trop de questions...Et vous semblez avoir oublié l’un de nos précepte, une fois encore...Le Maître que je suis ainsi que mes prédécesseurs n’avons jamais été là pour donner des réponses claires et précises à vos interrogations. Tout simplement parce que nous ne savons pas quelle sera votre destinée dans ce grand dessin qui nous dépasse tous dans cette salle. Notre rôle est de vous mettre sur la voie en vous enseignant un savoir que vous seuls seraient à même d’utiliser suivant les circonstances. Nous pouvons vous apprendre à reconnaitre les signes que vous trouverez mais nous sommes incapables de vous en donner la signification. Nous pouvons vous raconter le passé mais vous seuls serez aptes à construire l’avenir...
    Aethaire marqua une nouvelle pause. Il semblait las et pensif. Il s’enfonça au fond de son siège et reprit à voix basse:
    - Il existera toujours un contact entre vous. Il serait très difficile de vous en expliquer les mechanismes simplement. Je vous ai Dis tout à l’heure que votre apprentissage touchait à sa fin mais il reste encore quelques... détails à voir.
    Le Maître joint ses mains comme s’il allait prier Dieu et posa son front sur ses pouces. Aprés avoir émis un long soupir, il releva la tête, les yeux fermé et croisa les doigts. Le Silence était tel qu’il semblait assourdissant dans nos esprits. Il m’était particulièrement difficile de réflechir et de comprendre tout ce qui avait été dit. Les mots semblaient dénués de sens même pour nous qui avons été initiés à certaines arcanes propres à la Confrérie. La voix du Maître nous fit sursauter:
    - Vous vous demandez aussi pourquoi avoir été choisis parmi tant d’autres et c’est légitime. Vous tous êtes ici non pas pour vos compétences, votre érudition ou votre charisme. Non. Vous êtes ici car vous avez été marqué par des forces et des créatures qui dépassent tout ce que vous pouvez imaginer. Oui, des créatures...
    Nouvelle pause. Ce mot semblait revenir souvent dans ses explications. Bien trop souvent d’ailleurs pour qui avait un esprit dénué d’imagination. Et il soulevait un nombre d’interrogations important.
    - Ce que vous prenez tous pour une tache de naissance à votre poignet gauche n’en est pas une. C’est le signe que vous avez été choisi par des entités qui feraient passer vos pires cauchemards pour les rêves les plus merveilleux.
Comme tous les participants relevaient la manche qui couvrait leur poignet gauche, il s’interrompit. Je regardais attentivement cette marque dont je ne faisait aucun cas depuis bien longtemps. Mais en la fixant des souvenirs étaient en train de refaire surface. Je revoyais ma mére redescendre mes manches quand elles étaient remontées et couvrir mes bras même en plein été. Mon pére qui haussait le Ton à chaque fois que je tentais de tenir quelque chose de la main gauche lorsque j’étais tout petit. Le curé du village se signant lorsque j’entrais dans la pièce ou il se trouvait, me fixant avec une pointe de terreur dans le fond des yeux...
    - Ce n’est pas la nature qui vous en a affublé, reprit Aethaire. Ni Dieu. Enfin pas le Dieu que l’Eglise vénére. D’ailleurs cette marque, vous ne l’aviez pas à la naissance. Elle est toujours apparue après un événement marquant de votre vie d’enfant. (Il marqua une courte pause). Mais il suffit pour aujourd’hui. Il va vous falloir assimiler tout ce que je viens de vous dire avant de pouvoir entreprendre la dernière partie de votre apprentissage...Et la plus difficile...
Personne n’osait se lever le premier. Nous étions tous en proie aux doutes les plus profonds. Quel pouvait bien être le but de tout ceci? Tant de secrets, de non-dits, de questions sans réponses. Et de quel Dieu avait il parlé?
Machinalement je posais les yeux sur mon poignet en redescendant la manche de ma chemise, tout en me demandant depuis quand je la portais et de quel événement elle découlait...



Mardi 14 Avril 2015 - 18:34:03

Baudouin fut le premier à se lever et nous finîmes par tous quitter la pièce les uns derrière les austre. Personne ne plaisantait comme à l’accoutumée, chacun gardant ses réflections pour lui. Beaucoup avaient le regard perdu dans le vide et je n’avais jamais vu un tel air grave sur les visages de mes camarades.
Je fermais la porte de la grande maison et me dirigeais vers le batiment dans lequel nous avions tous nos chambres. La nuit commençait à faire son Apparition et la pluie tombait de plus en plus fort. Un vent d’Ouest se levait et je finis par me mettre à courir pour éviter d’être complétement trempé. Nos chambres n’avaient pas de cheminée et la seule qui existait se trouvait entre la cuisine et la salle à manger. C’était les deux seules pièces ou l’on pouvait trouver un peu de chaleur le soir et c’est là que nous restions tous habituellement avant de regagner nos paillasses pour la nuit. Généralement les conversations allaient bon train mais, à mon avis, ce soir il n’y aurait personne pour discuter ou pour jouer aux cartes.

    De retour dans la minuscule pièce qui me servait de chambre, je décidais d’éxaminer de plus prés cette marque. Je n’y avais toujours porté qu’une faible attention, n’y voyant rien de particulier, que ce soit au niveau de la forme ou de la taille. Elle ne me faisait jamais mal non plus et je n’avais jamais eu de raison de m’en inquiéter. Ce qui me troublait le plus, c’était qu’on nous ait annoncé qu’elle était apparue plus ou moins comme par magie. L’inquisition étant devenue une institution cléf de l’Eglise depuis de nombreuses années, ce n’était pas le moment de tomber dans ses griffes. Surtout depuis que nous savions faire partie d’une société secrète dépendant de Rome et de ses légats. C’était bien là toute l’ironie de la situation.
   
    J’essayais de me remémorer mon enfance en Normandie. Malgré que mes parents ne soient pas affiliés à la Noblesse, nous n’avons pratiquement manqué de rien. Le fait d’avoir un membre de la famille haut placé dans la hiérarchie de l’Ordre du Temple y étant surement pour quelque chose. Mais tout avait basculé lorsque Geoffroy de Charnay, précepteur de la Normandie avait fini sur le bucher en compagnie du Grand Maître de l’Ordre, Jacques de Molay, le 18 Mars 1314. Le reniement de ses aveux passés, certainement obtenus sous la Torture ne lui ayant pas porté chance. C’est à peu prés à ce moment que notre pére nous fit démenager loin de Caen. J’avais 4 ans lors de ces jours sombres pour notre famille. Je me souviens avoir suivi mon pére derrière la maison à son insu. Je l’ai vu se diriger vers le grand arbre prés du potager avec dans sa main une grande pelle. Après quelques minutes d’efforts à creuser la terre, il en ressortit un grand sac duquel tomba une grande épée. C’est à ce moment là que je suis sorti en courant de ma cachette. Arrivant près de lui alors qu’il ramassait son arme, je trébuchais et me cognais le bras gauche contre le pommeau. Il me releva sans ménagement et me tança vertement. Lorsqu’il remit l’épée dans le sac, il prit grand soin de me cacher le dessin qui ornait le pommeau de celle ci. Il me ramena alors à la maison et à bien y réfléchir maintenant avec le recul des années passées, le calme apparent dont il faisait preuve ne semblait pas naturel.
Je ne revis pas l’épée pendant de nombreuses années et je ne sus que beaucoup plus tard ce que contenait ce sac.