Texte narratif personnel rédigé en 2009 pour une épreuve de maîtrise de la langue :
Yvonne, la voisine de palier de Dutilleul, n'avait pas bien compris pourquoi celui-ci s'était lancé plusieurs fois sur le mur extérieur de son appartement, avant de s'endormir au milieu du couloir, éreinté. Elle ne saluerait plus cet hurluberlu, c'est certain !
C'est avec l'aide de la concierge que Dutilleul parvint à regagner son appartement, prétextant une perte de clés. Il décida d'aller disserter de sa mésaventure chez son ami de toujours : Dufenouil - herboriste de renom. Ce dernier ne crut pas un mot de son histoire folle et répondit à Dutilleul, rire à l'appui, qu'il manquait cruellement de sérieux pour un employé du ministère. Excédé, Dutilleul voulut lui prouver sa bonne foi en passant à travers la grande baie vitrée qui donnait du salon de Dufenouil sur la grand-rue.
Dutilleul connaissait désormais le prix exact de la baie vitrée de son vieil ami, et il avait promis de lui rembourser les dégâts qu'il venait d'occasionner. Yvonne, qui passait dans la grand-rue ce jour-là, n'avait pas bien compris ce qui avait poussé son voisin de palier à se jeter sur elle en passant à travers une fenêtre, mais elle ne s'approcherait plus de cet hurluberlu, c'est certain !
Les rumeurs allaient désormais bon train, et personne ne comprenait comment le charmant Nestor Charles-Henri Dutilleul en était arrivé là. Lui qui était si distingué ! Notre homme décida donc de se montrer plus prudent : il partit s'isoler des regards à la campagne, où il avait récemment acheté une petite villa. La maison était un peu à l'écart des autres et le bâtiment voisin n'était que rarement occupé. Seule une vieille dame venait à l'occasion entretenir les lieux, à ce que l'on racontait. Yvonne pensait que son voisin déménageait et se disait, c'est certain, qu'elle n'aurait plus à supporter les frasques de cet hurluberlu !
Il aura fallu à Dutilleul de nombreuses semaines pour maîtriser son don et parvenir à réitérer l'exploit. Il passait désormais d'une pièce à l'autre sans ouvrir les portes, sans même les emprunter. Murs, fenêtres, cloisons... tout cela n'était que voile de fumée pour lui.
Pourtant, la situation manquait déjà de piquant. Que faire d'un tel don, si ce n'est l'exploiter à des fins personnelles ? Toutefois, Dutilleul était très droit et se refusait à transgresser la loi. Qu'à cela ne tienne, il n'allait pas commettre l'irréparable en pénétrant dans la maison voisine, inoccupée. Il le ferait le soir-même.
Il visita le bâtiment - une villa également, sans doute achetée par des gens bien plus riches que lui au vu de l'épatante réserve de vins prestigieux que Dutilleul avait prévu de revenir goûter. Le temps passait, et le visiteur n'avait pas vu le jour se lever. Il décida alors de rentrer chez lui précipitamment et emprunta -
Imprudence - la porte d'entrée. Une fois passé à travers, il fut plus que surpris de se trouver face à Yvonne, qui venait pour nettoyer la maison. Elle eut la peur de sa vie, et n'aurait plus de répit tant que cet hurluberlu ne serait pas incarcéré, c'est certain !
Un coup de sac à main avait retardé Dutilleul dans sa course pour rattraper Yvonne, qui se rendait au commissariat tout proche. Malgré un détail douteux de "passage à travers une porte", la déposition d'Yvonne fut retenue et les empreintes de Dutilleul, relevées sur le lieu du délit, confirmèrent l'effraction. L'homme serait donc incarcéré durant plusieurs mois. Quant à son don, il a subi un sérieux choc.
Les gardiens de prison ne comprirent pas bien pourquoi Dutilleul se lançait fréquemment sur les barreaux de sa cellule, avant de s'endormir au sol, éreinté. Yvonne, elle, s'en moquait. Elle n'aurait plus jamais affaire à cet hurluberlu, c'est certain !
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Je l'ai retrouvé sous une pile de tests et de documents il y a quelques semaines... N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez
Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
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