
L'Homme, depuis la Nuit des Temps, a toujours essayé de comprendre l'Univers et ses nombreux mécanismes complexes, ainsi qu'il a perpétuellement tenter de savoir s'il était seul dans ce vaste plan multi-dimensionnel. Et, en 1947, un événement assez
important est arrivé à Roswell : un objet venu tout droit d'une autre planète
s'est écrasée sur ce coin désertique du Nouveau-Mexique, bouleversant toutes
les connaissances scientifiques acquises jusqu'alors. Et c'est à partir de
cette année fatidique, et grâce à Kenneth Arnold, pilote privé de Boise (Idaho,
USA), que nous savons aujourd'hui que les premières vraies apparitions d'OVNIs
dans l'espace aérien américain s'effectuèrent dès le mois de juin 1947 et que
les engins non-identifiés, probablement aussi celui de Roswell, ressemblaient à
des "soucoupes volantes", selon les dires d'Arnold.
Ces deux incidents ont tout de suite créé un nouveau phénomène de mode et ont inspirés un grand nombre de romanciers de séries B, mais, surtout ont aidé la propagande durant la Guerre Froide...Et, c'est dans un contexte assez tendu politiquement et sociologiquement, que l'adaptation cinématographique du roman de H.G. Wells, "La Guerre des Mondes", apparaît sur les écrans en 1953, étant suivi
de près par de nombreux autres films de science-fiction, plus ou moins bien
réussis ("Les Daleks envahissent la Terre", "Les soucoupes-volantes attaquent", "Invasion planète Terre", "Invaders from Mars", "Le Jour où la Terre s'arrêta", etc),
puis par des blockbusters d'une très grande qualité artistique ("La Rencontre du troisième type", "E.T.", "Predator", "Aliens", "Abyss", "Mars Attacks", "Independance Day", etc), qui font passer, tour à tour, les extra-terrestres pour des gentils ou des méchants, reflétant, entre-autres, l'ignorance de l'Humanité à ce sujet.
Auparavant, c'était Orson Welles qui, en 1938, à la veille de la fête de Halloween (soit le 30 octobre), avait porté à la radio une adaptation fidèle et bien raisonnée de "La Guerre des Mondes". Cette adaptation personnelle avait été tellement bien mise en scène, que des milliers de personnes, un peu naïves, soit-dit en passant, crûrent à l'invasion imminente venue de l'outre-espace, ce qui engendra, évidemment, une panique inconsidérée et ridicule...Mais, l'effet était là!
Soixante-sept ans plus tard, en 2005, c'est Steven Spielberg, grand passionné de science-fiction, ayant réalisé "La Rencontre du Troisième Type" et "E.T.", qui a décidé de reprendre sa place de grand réalisateur de films avec des petits hommes verts, qui est allé de sa propre adaptation de H.G. Wells et qui nous a concocté avec son savoir-faire unique, un film d'anticipation extra-ordinairement bien réalisé et avec des acteurs de tout premier choix : Tom Cruise, Miranda Otto et Dakota Fanning!
Sur le plan technique, ce film est une pure merveille! Nous pouvons remarquer l'ingéniosité de Spielberg de se servir de certaines techniques empruntées aux grands
artistes-peintres, comme si le réalisateur voulait immortaliser les scènes les plus importantes et les capturer sur un cadre. C'est le cas de deux scènes clés :
- celui où Ray Ferrier et ses deux enfants roulent sur une route déserte, juste avant que
Rachel, sa fille, n'aperçoive un mort dans la rivière, en allant "faire pipi" : tout est très vert aux alentours, le ciel est lumineux, mais, éclairé de façon assez étrange, comme dans un rêve, qui se termine mal (les morts dans la rivière)...pourtant, à travers la clarté, on peut remarquer ce jeu de "clair-obscur", très apprécié par Rembrandt...Cette technique a permis de faire ressortir les acteurs sur les décors, tout en les y insérant, comme s'ils étaient partie intégrante de "l'autour"...
- le plan large est en plongée sur les milliers de personnes qui attendent sur le ponton pour embarquer sur le ferry du fleuve Hudson : on remarque de nombreuses couleurs,
celles des habits, mais, aucune précision, tout est mélangé. Ceci est une référence aux impressionnistes à la Monet et aux pointillistes, dont Van Gogh était l'instigateur...Cela apporte une impression de petitesse de l'Être Humain face aux envahisseurs, ce qui, d'ailleurs, est suggéré au début et à la fin du film, lorsque la voix "off" introduit le film...
Ces deux exemples sont les plus flagrants, mais, il y en a pleins d'autres :
- la scène où l'on voit la maison en bois qui sauvera la vie à Ray et à sa fille (avec
l'ambulancier) pour la première fois : au loin, nous voyons de la lumière, créée par les bombardements des chars contre les "tripodes" et au premier plan, nous ne voyons qu'un seul pan de l'habitation, ce qui est encore une référence à Rembrandt et à sa technique du clair-obscur => c'est une image assez intéressante puisqu'elle démontre que dans l'obscur se cache la lumière...
- celle où les tanks grimpent la colline pour s'attaquer aux envahisseurs : la
colline ressemble à s'y méprendre à celle peinte par Guillaume Pissaro dans son
oeuvre "La Gelée Blanche".
La succession de tous ces plans est rapide avec quelques ralentissements
bienvenus, comme si Steven Spielberg voulait apporter de la vitesse et montrer
que tout était fini en 48 heures...
Il nous faut également insister sur les effets spéciaux de toute beauté, réalisés par Harlow Effects (effets spéciaux de maquillage), Industrial Light & Magic (ILM) (SFX visuels et animation). Les effets ne peuvent que nous clouer le bec, car ils sont les meilleurs jamais réalisés au cinéma, tant ils sont complétement réalistes! Même Independance Day, qui pourtant est une fabuleuse prouesse, ne dépasse pas en qualité la production de Steven Spielberg, c'est dire!
Côté scénaristique, nous pouvons remarquer le classicisme du genre : des
envahisseurs viennent attaquer nos civilisations humaines pour s'accapparer nos
ressources naturelles...il s'agit d'un élément récurrent dans le cinéma de
science-fiction où les aliens sont méchants. Ce n'est pas cela qui fait
l'originalité du film, loin de là...En fait, ce sont les nombreuses similitudes
à des événements historiques plus ou moins récents, ainsi qu'à des clins d'oeil
à sa filmographie, que Spielberg apporte un plus :
- les événements historiques : les attentats du 11 septembre 2001 à New York
(Ray travaille à New York, crash d'un avion, cendres sur le visage des gens,
"cellules dormantes" extra-terrestres positionnées un peu partout
dans le monde de façon stratégique), l'holocauste juif (exode, réfugiés cachés
dans les caves, génocide, vêtements qui volent, guerre, train en flamme qui
fait penser aux trains de la mort)...
- clins d'oeil filmographiques : E.T. (extra-terrestre et le vélo dans la cave
de la maison de l'ambulancier), la Rencontre du Troisième Type
(extra-terrestres et Ray et sa fille dans la cave)...
Ce film est une réussite à tous points de vue! Il a réussi à moderniser une
oeuvre de science-fiction et lui apporter fougue et animation. Le jeu des
acteurs est fabuleux (Dakota Fanning est d'une justesse fabuleuse et Tom Cruise
est tout simplement émouvant dans le rôle du père "raté") et la mise
en scène quasi-parfaite.
Tout a été étudié dans les moindre détails pour faire de ce film un chef
d'oeuvre du genre! Attention, cependant aux âmes sensibles, surtout vers la fin
du film, où des plantes faites de chair humaine et de sang se répandent dans un
décor apocalyptique, où la couleur rouge prédomine (comme dans Sin City)...Un
monument du cinéma à conseiller aux amateurs du genre!!
5/5