Art(s) et littérature >> Intouchable - VinzWallbreaker's novel
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Mardi 27 Mai 2014 - 09:28:36





Intouchable


Lorsque les trois policiers et le concierge entrèrent dans l'appartement de M. Martoni ce fut pour tomber nez-à-nez avec l'invraissemblable, l'impossible. Non que le corps de M. Martoni, mort depuis plusieurs jours, fut en parfaite conservation mais plutôt parce qu'il flottait littéralement au-dessus du vide. Il lévitait. Droit comme un "I" au beau milieu de son salon. D'aucuns prendront ce récit pour une nouvelle imaginaire emprunte d'un lecture trop récente d'un ouvrage de Howard P. Lovecraft ou de Richard Matheson.
Mais ce qui se passa n'en est pas moins l'exacte vérité. Du moins je crois...

Donc le corps inerte et sans vie de M. Martoni était suspendu dans le vide. A environ trois pieds du sol. Les bras légèrement décollés du corps, les paumes tournées vers l'avant et la tête légèrement baissée. Les yeux à demi clos. Les quatre observateurs de la scène restèrent paralysés d'effroi, bouches béées, pendant de longues minutes. Un Silence de plomb envahit la pièce, aussi palpable que s'il s'était agit de sable. Puis l'un d'eux, le sergent Doug Philips, dans la police depuis plus de trente ans se ressaisi. Il s'approcha précautionneusement du cadavre et entreprit de le toucher du bout de sa matraque. Las ! A peine eut-il approché son instrument que le corps se mit à reculer. Bien avant que l'extrêmité de la matraque n'entre en contact avec ce dernier. Tous sursautèrent devant cette réaction inattendue. En même temps : qu'attendre comme réaction normale d'un corps soumis à l'apesanteur dans un appartement banal d'une ville sans histoire ? Il essaya de nouveau. Le mort recula derechef sans toute fois être atteint. Doug fit signe à son second, John Marshall Jr, d'aller se poster à l'opposé du corps et lorsqu'il réitéra son expérience son collègue fut repoussé par une force invisible. Les trois agents tentèrent ensuite d'encercler le corps et s'approchèrent simultanément. Et furent bloqués comme par un mur invisible. Ils forcèrent. Mais rien n'y fit. Pas un ne pu s'approcher à moins de trois pieds du défunt. Devant ce mystère, ils contactèrent leur supérieur. Quelques minutes plus tard le périmètre fut bouclé. Et seulement quelques heures après des agents fédéraux prirent en main les opérations. D'abord la scène fut photographiée sous tous les angles possible afin de fixer de façon permanente l'étrange phénomène. Là encore les sceptiques argueront qu'il s'agit de photomontages. Il n'en est rien. Une fois les lieux passés au peigne fin il fallu s'occuper de sortir la dépouille de la pièce. Malheureusement il était toujours rigoureusement impossible d'atteindre ce corps. Toute tentative d'approche se soldait par un cuisant et inquiétant échec. Après de nombreux essais infructueux l'on décida d'en appeler au département de physique nucléaire de l'armée.

Pendant la semaine qui suivit un tas de scientifiques procéda à un nombre incalculable de tests, de mesures et d'essais en tous genres sans parvenir au moindre résultat concluant. Durant ce laps de temps la police n'eut de cesse d'éloigner badauds et journalistes afin de préserver le secret sur ce qu'il se passait. Il y eut bien quelques infimes fuites mais aucune ne pu révéler ne serait-ce qu'un début d'information susceptible d'ameuter encore plus de curieux.

Suite aux infructueux travaux des scientifiques l'on décida tout bonnement d'abattre la façade de l'immeuble afin d'en extraire, caché dans un caisson de neuf pieds de côtés, le corps de M. Martoni. Ce fut fait de nuit alors que la police maintenait un cordon de sécurité à plusieurs centaines de mètres, le quartier entièrement bouclé. Au milieu de la nuit un convoi militaire très spécial se fraya un passage vers une des bases secrètes de l'armée.

A peine arrivé, le colis fut immédiatement prit en charge par une véritable armée de laborantins avides de percer ce mystère. Et ainsi, jour et nuit, pendants des mois les experts échaffaudaient des théories qu'ils mettaient aussitôt en pratique sans plus de résultat. Ils finirent même par faire des tests ballistiques de toutes natures : tir de balles, de roquette, lance-flamme, dynamite... De puissantes décharges électriques furent envoyées sans aucun effet notable. Ils aspergèrent l'ensemble d'acide ultra concentré qui ne fit que désintégrer le sol en dessous et permettre de mettre en évidence que le corps était dans une sphère protectrice parfaite. D'autres tests chimiques furent tentés mais rien ni fit. Le cadavre était toujours celé dans sa bulle
indestructible.


La chose fut alors transférée au Nouveau-Mexique pour un ultime test. Dans le puits d'une ancienne mine désaffectée on descendit la sphère étrange à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Sa position fut notée avec une précision chirurgicale. Le lendemain à dix heures vingt précise une charge nucléaire de plusieurs centaines de kilotonnes fut allumée. Sous la puissance de l'explosion le sol se creusa. Les galeries s'effondrèrent. La roche fut vitrifiée.

Une équipe du génie se mit à l'œuvre pour forer un accès à la zone exacte où avait eu lieu l'apocalypse atomique. Après plusieurs jours de forage et de sondages dans des conditions rendues extrêmes à cause de la radioactivité ambiante, les soldats percèrent un trou à travers une couche de roche vitrifiée par la fission et découvrirent avec stupeur que le corps de M. Martoni flottait toujours au milieu de sa sphère protectrice.

La semaine suivante au cœur de leur QG les sommités de l'armée se réunirent afin de trouver une stratégie à adopter. Il fallait savoir s'il était possible de détruire ou non cette chose mais surtout découvrir comment la recréer. Imaginez un peu si l'on pouvait protéger nos armées. Nous serions invincibles... La suprématie militaire serait incontestable. Les Russes seraient bien obliger de le reconnaître : les Etats-Unis d'Amérique deviendraient alors la seule et unique puissance armée du globe.

A la fin de cette réunion une voiture banalisées quitta la base avec à son bord quatre agents spéciaux chargés de refouiller toutes les affaires de M. Martoni pour tenter de découvrir comment le phénomène avait pu se produire. Ils inspectèrent sans répit toutes les affaires du défunt, consultèrent son entourage, sa famille, interrogèrent même des médiums. En pure perte. Le mystère restait entier et impénétrable. Après ce fiasco l'on rangea M. Martoni dans un caisson étanche antiradiations, classa ses biens et les notes relatives à l'affaire dans des boîtes qui rejoignirent les archives. L'armée fini par se désintéresser de l'affaire et le phénomène tomba peu à peu dans l'oubli.

Jusqu'au jour où un jeune agent, frais émoulu de l'école militaire tomba, en rangeant le bureau qu'on lui avait assigné, sur quelque note laissée par son prédécesseur. Il demanda la permission de ressortir le dossier et surtout voulu voir l'étrange phénomène. Deux jours plus tard il accéda à l'ensemble de l'affaire. Et pu inspecter le caisson le lendemain. Ce dernier était d'une banalité affligeante. Un vulgaire cylindre de six pieds de diamètre par environ neuf de haut. Un simple numéro l'identifiait : PH-3-1947-M.

A l'ouverture du sarcophage une surprise les attendait... Neuf années s'étaient écoulées mais le corps était toujours intact, mais surtout, les radiations consécutive à l'explosion nucléaire avait disparues. Pas la moindre parcelle de radiation n'émanait de la chose. Quand au corps, il était toujours inatteignable. Ce n'est qu'en refermant le caisson que le jeune agent l'aperçu... Brillant dans la pénombre comme de la peinture phosphorescente sur le torse de M. Martoni. Un symbole étrange entouré de glyphes encore plus étranges et mystérieux. La clé se trouvait là. Probablement. Depuis le début sans doute. On prit des photos pour étudier les symboles mais l'étrange motif ne se fixait pas sur les pellicules. Il fallu faire appel à des dessinateurs pour reproduire l'image aussi fidèlement que possible. Et les spécialistes se brisèrent les neurones à tenter de percer le secret. En vain. Après des mois d'étude et l'aide des plus grands experts dans le domaine il fut déclaré impossible à déchiffrer. Et les nombreuses notes de recherches de rejoindre les autres centaines de fiches dans les archives. Le caisson d'être de nouveau remisé et oublié.

Pendant les vingts années suivantes les dossiers furent réouverts à chaque fois qu'un linguiste ou archéologue pensait avoir une solution. En vain. Encore et toujours. À la fin des années soixante-dix, un physicien voulu par simple curiosité voir le diagramme abscons. Il l'étudia sans relâche pendant plusieurs semaines.

Et la nuit du 6 avril 1979 l'homme disparu. On ne trouva qu’une partie de ses notes. Et un dictaphone. Sur l'ensemble de la bande ne subsistait que grésillements et friture, sons bizarres et fréquences aléatoires. Seule une phrase était encore audible et compréhensible : ... y est ! Je viens de déchiffrer ce truc ! J'ai enfin percé le mystère ! Je vais chercher de quoi écrire tout ça... A moi le prix Nobel !! Puis un fouillis de sons et de vibrations captées par la bande.

Des recherches furent menées mais on ne retrouva pas le savant. Du moins pas tout de suite. 

Il n'a été découvert que récemment....
Dans la bulle indestructible et impénétrable de M. Martoni...
Les deux corps flottants côte à côte dans le vide...