Art(s) et littérature >> Delirium Très Monstre - Wallbreaker's Novel
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Vendredi 28 Fevrier 2014 - 11:57:08
Bonne lecture à vous.

Je ne sais pas s'il est conseillé ou non de lire ce texte en sirotant une bière ou un p'tit whisky...


 
 

Delirium très monstre

 

Une lueur blafarde m’extirpe de ma torpeur.
Bon dieu quel mal de crâne ! On dirait que tous les démons de l’enfer dansent la sarabande dans ma pauvre caboche encore bouleversée par la cuite que je suis en train de cuver.
Bordel ! Il est déjà tard, la matinée est déjà bien entamée et je suis là, comme une vieille serpillière imbibé de mauvais alcools trop nombreux et disparates pour être encore analysables.
Avec une grande douleur neurale je me redresse, avec cette désagréable sensation que mon cerveau percute violemment les parois de ma boîte crânienne. J'ouvre les yeux et pose mon regard léthargique sur le mur qui me fait face. Il se passe bien une ou deux bonnes minutes avant que je ne bouge. Mes yeux scrutent mon environnement comme si c’était la première fois qu’ils voyaient mon salon. Une petite faiblesse de ma nuque me fait légèrement baisser la tête et j’aperçois ce bout de papier, posé sur la table entre la bouteille de J&B et le cendrier dégueulant ses mégots froids et nauséabonds, coincé entre deux verres à moitié vidé de leur substance éthylique.
Sur cette feuille se trouvent tracé par ma main une série de signes et de symboles indéchiffrables. Des ersatz de caractères de type hébraïques et cunéiformes entremêlés.
La vache ! Dans quel état je me suis encore mis hier soir ? C’est pas la première grosse cuite que prends… Mais c’est bien la première fois que ça me fait faire ce genre de truc.
Avec un entrain proche d’un condamné qui va à l’échafaud. Je me lève, titube jusqu’à la salle de bain et tente de me réveiller un peu plus en m’aspergeant d’eau froide. En me relevant j’aperçois un clone délabré de moi-même dans la glace.
- Bonjour machin… T’as vraiment une tronche d’enfer ce matin…
J’en étais là de mes réflexions à deux balles quand un flash fugace me fit croire qu’un autre visage s’était superposé au mien… Je clignai des yeux et retrouvait ma chère gueule de zombie que je croise un matin sur deux.
La journée s'annonce lamentable... Et ennuyeuse.

Je me traine jusqu'à ma chambre pour m'habiller et file à mon boulot minable de vendeur de machine à laver.
En voyant ma tête mon chef m'allume copieusement et me sermonne un truc que j'écoute pas comme à chaque fois...
La journée se passe entre clients chiants et clients mécontents et le soir arrive péniblement.


Je rentre chez moi dans un état identique à celui que j'avais ce matin. Je bouffe rapidement un truc et m'installe devant ma PS. Puis je revois ce papier. Celui où j'ai écrit des trucs bizarres cette nuit... D'ailleurs avec qui j'étais hier soir ?
Ouch !
Black out total.
Foutue bibine qui fait tout oublier et vous plonge dans un état second proche de la mort... Bon c'est pas grave. J'attrape la feuille et essaye de déchiffrer quelque chose... Peine perdue. C'est du charabia des plus opaque. Bon on s'en fout après tout, j'étais bourré. Point.

Jusqu'à deux heures du mat' je m'abruti sur ma console accompagnant ma partie de quelques teq' paf puis, de guerre lasse, je vais me coucher.

La nuit ouvre ses portes et m'engouffre dans son linceul. J'y plonge rapidement. Pour me réveiller quelques temps plus tard. En sueur. Le cœur emballé à fond les pédales. Une migraine à vous fendre la tête en trois morceaux. Je me lève et titube jusqu'à la salle de bain pour y prendre une bonne dose de Paracétamol. Je lève mes yeux machinalement sur le miroir et comme ce matin j’entr’aperçois une image ne correspondant pas vraiment à mon reflet qui s'efface aussitôt.
Aïe. Si je commence à avoir des hallus j'suis mal barré, moi.
Pendant une bonne heure je tourne en rond dans mon appart sans trouver le sommeil qui me ferait pourtant le plus grand bien...
Finalement je me met devant la télé et m'endort devant la vie secrète des
bêtes...
 

Il est bien onze heures quand j'émerge de mon coma réparateur. Je me lève peinard, c'est dimanche. Le repos du guerrier. Je profite de la pseudo bonne humeur pour faire un peu de nettoyage dans mon antre. Je jette tous les détritus accumulés sur ma table basse. Les bouteilles, les mégots, le carton de pizza... Quand sonne mon téléphone. C'est mon pote Seb qui débarque. En quelques secondes il est chez moi. Il s'affale direct sur mon canapé. Je lui offre une bière. Et puis il saisit la feuille (tiens, je croyais l'avoir jeté).
- C'est quoi ?
- Bah j'en sais rien. J'l'ai découverte hier matin après une bonne grosse biture avec je sais plus qui.
- C'est ouf on dirait de l'hébreu complètement déstructuré. T'as pas une idée de ce que ça signifie ?
- Pas la moindre. Et pis on s'en fout, non ? Allons donc profiter du beau temps en terrasse pour une fois qu'il fait beau dans cette ville.

Il est bien vingt-trois heures quand je rentre chez moi. On a bien profité de l'après-midi et de la soirée. Mais à peine ai-je passé le seuil de la porte qu'une vieille odeur nauséabonde m'agresse les narines. Une odeur de pourri comme j'en ai jamais flairé. Un truc à vous faire dégueuler à jeun. Je me précipite pour ouvrir les fenêtres. Et tente de localiser d'où vient cette puanteur. En vain. L'odeur semble s'être de toute façon dissipée. Dans le doute je ramasse toutes les poubelles et les descends dans la cour. En remontant, l'ascenseur se bloque entre deux étages. Merde ! A presque minuit, un dimanche soir. J'ai vraiment la guigne en ce moment. J'appuie sur le bouton d'urgence... Rien ne se passe. Je réitère mon appel... Toujours rien. Putain ! Je commence à m'énerver et appuie encore sur le bouton comme un forcené... Puis, alors que j'allais me mettre à crier pour ameuter les voisins j'entend un petit bruit venant du haut-parleur de la cabine... Ça crachouille... J'explique mon cas mais n'ai que grésillements et friture comme seule réponse. Saloperie de matos pourri ! J'enfonce encore une fois le bouton et répète que je suis bloqué... Et je n'ai comme seule réponse que des bruits... Puis il me semble distinguer une voix... Non plutôt une espèce de rire... Ah ! Le salaud ! Ça l'fait rire que je soit coincé dans cette foutue boîte métallique. J'allais vociférer lorsque l'ascenseur, comme par magie, se remet en marche. Et s'arrête au bon étage. Je sort furax de ce piège et retourne dans mon studio. Ouf. Plus d'odeur pourrie. Plus de trucs louches. A part cette chiotte de feuille. Pourquoi ai-je l'impression désagréable de l'avoir déjà jetée et de la voir encore ?

Bon aux grands maux... Les grands remèdes. Je prends mon briquet et crame cette page impie. A peine ai-je commencé à la brûler qu'une douleur foudroyante me vrille la tête. Je tombe à la renverse et m'étale sur le dos dans un bruit mat. La feuille enflammée virevolte au dessus de moi comme un papillon fantomatique... Bougeant comme une chauve-souris épileptique. Puis retombe sur le sol à côté de moi.
Je reste allongé, raide comme un cadavre, pendant d'interminables minutes. Ça va vraiment pas fort. J'dois être surmené ou quelque chose dans le genre. Je me redresse péniblement et m'assois. Bon. On va pas se triturer les méninges. Je me relève et reprend ma partie de jeu d'hier soir. A trois heure et demie du mat, je sui fin rincé et vais m'étaler dans mon lit. Et dort d'un sommeil que la Belle au Bois Dormant n'égalerait pas.

Je ne décrierais pas ma semaine. Morne et fade. La seule chose de notable, c'est qu'elle est en tout points aussi identique aux autres. Mais vu les derniers événements c'est plutôt une bonne chose. Finalement j'étais juste un poil fatigué.

Samedi.
Super soirée.
Il est trois heures. Je rentre un peu éméché en compagnie d'une demoiselle, ma foi, fort jolie. Elle est motivée pour un dernier verre chez moi. Cool... J'le sens bien. On arrive dans mon petit nid. Je lui propose un verre. Elle me demande ce que j'ai en stock. Bon j'évite les alcools de clodos comme la bière et le whisky et lui énumère les perles de mon bar : vodka polonaise, rhum arrangé, mezcal, téquila mexicaine, Champagne, absinthe... A ma grande surprise elle choisi le mezcal. Trop bien, ça fait un bail que j'ai pas touché à cette bouteille. Tout en dégustant le rude nectar elle me parle d'elle et se colle contre moi. On s'en jette encore un. Puis deux (faut que j'y aille mollo, si je veux pas être tout mou dans les heures qui viennent). Elle me dit qu'elle a chaud. Moi aussi. Encore un verre (c'est pour se donner du courage et montrer que je suis pas une mauviette). Elle commence à m'attirer vers mon plumard tout en ôtant son haut. Elle se laisse tomber en arrière et rebondit sur le matelas. Je défais ma chemise. Elle retire ses sandales. Je quitte mes chaussures. Elle enlève sa jupe. Je descends mon pantalon. Elle dévoile sa poitrine et s'approche de moi pour me débarrasser de mon boxer. Un instant je ferme les yeux pour me délecter de ce qui va suivre. Puis : trou noir.



Vendredi 28 Fevrier 2014 - 12:02:39
Je me réveille seul. L'impression d'avoir la tête à l'envers. Les murs de mon appart couverts d'écritures que je reconnais malheureusement trop bien. Pas de trace de la fille de cette nuit. J'essaie difficilement de remettre en place les pièces du puzzle qu'est devenu l'amas de neurones ivres et déconcertées qu'est mon cerveau. En vain.

Le téléphone sonne.
C'est mon pote d'hier soir qui m'appelle. Il me dit que la copine de la nana qui était avec moi cette nuit lui a dit que cette dernière l'avait appelé en pleine nuit, affolée d'être tombée avec un psychopathe... Bref je sais pas c'qui s'est passé mais elle a eu la peur de sa vie. Donc elle était là quand s'est arrivé. Bordel ! Non seulement ça m'fout les jetons mais en plus je vais passer pour un cinglé. Je remercie mon pote et prétexte qu'on avait trop bu et que j'ai dû dire ou faire un truc pas cool dont je ne me souviens pas. Il me répond qu'apparemment la fille est bouleversée. Je remercie encore mon ami et raccroche. Bon première chose. Effacer toutes ces merdes de mon mur. Deuxième : tenter d'entrer en contact avec ma conquête d'hier pour qu'elle me dise ce qui s'est passé parce que moi je ne me souvient de que dalle.

Malgré la peur que je lui ai causé, la fille accepte de me voir dans un endroit public, avec deux amis à elle. De mon côté j'appelle Seb, c'est mon meilleur pote. Je lui explique par texto de quoi il retourne. Il me répond que je suis un enfoiré de le tirer du lit en ce début d'après midi mais qu'il sera là. Par contre il me demande de prendre une photo du mur. Je prend cette foutue photo et m'attèle à effacer ces horreurs. A peine ai-je effleuré un des signes avec mon éponge qu'une soudaine envie de vomir me prend. J'éclabousse le mur à deux reprises. Bonjour l'ambiance. Bref je nettoie les écritures et ma gerbe. Ça m'a prit une bonne heure et déclenché de nombreuses nausées. Je me sent comateux, vaseux, crasseux bref je me sent vraiment nase. Une bonne douche devrait me faire le plus grand bien. J'entre dans ma salle de bain et me prend une douche bien tiède. Après avoir vidé les soixante quinze litres d'eau chaude de mon chauffe eau, je me sens ragaillardi. Je sort de la douche et m'essuie. Je chope un slip propre. Et je me regarde dans le miroir, non sans appréhension. Rien. J'ai juste la tête de quelqu'un qui a passé une très mauvaise nuit. Je commence à me raser. Je me regarde dans la glace pour attaquer le côté gauche du visage quand la vision que j'ai déjà eue se manifeste. Je sursaute et me coupe avec le rasoir, qui m'échappe des mains. La vision reste la collée, non calquée, à mon reflet. Terrorisé j'expédie un violent coup de poing dans le miroir qui se brise en une mosaïque sanglante me renvoyant divers reflets de moi épouvanté.

Après avoir soigné ma main tailladée et la coupure au visage j’entreprends de finir de me raser, sans miroir. Je me sape rapidement et cours à mon rendez-vous. J'arrive à l'heure. Je m'approche honteusement vers la demoiselle qui me scrute avec un regard dur et accusateur. Je balbutie un bonjour foireux. Et puis je me jette dans le vif du sujet.
- Peux-tu me dire ce qui s'est passé ? Car je ne me souvient de rien du tout et quand je me suis réveillé c'était le matin...
- Quoi !? Tu vas me faire croire que tu ne te souviens pas d'avoir hurlé comme un malade. Et de t'être mis à gesticuler dans tous les sens en en proférant des menaces ?! T'es barge ! Va t'faire soigner !
Et elle se sauve. Avec ses deux gardes du corps. Je la regarde s'éloigner. Pourquoi ? Pourquoi ça m'arrive ce truc ? Pourquoi avec une aussi jolie fille ?
Seb arrive après les hostilités. Je lui raconte le peu de chose qu'il y a à dire.
- Elle a p'têt pas tort. Enfin j'veux dire que tu devrais sans doute voir un médecin, je sais pas moi t'as pas l'air bien ces derniers temps.
- Ouais c'est ça : bonjour docteur j'suis fou ? Tu veux pas que j'aille voir un exorciste pendant que t'y es ?
- C'est pas ça. Mais j'sais pas, tu t'es peut-être blessé à la tête un soir de biture et tu t'es flingué un truc dans le cerveau... Ou alors tu couves quelque chose de grave. Sérieux : consulte.
- J'veux pas finir chez les dingues... Ni shooté aux anxiolytiques. Ca va aller. Faut juste que je me repose.

Je rentre chez moi. C'est vrai quoi, voir un médecin ? Et puis quoi encore ? Faut juste que je me repose. C'est tout. D'ailleurs je vais me faire une sieste.  

Je me réveille vers dix neuf heures. Le jour commence à décliner et le ciel embrase les toits de la capitale. Je commence à me faire chauffer de l'eau pour cuisiner des pâtes. Je suis en train de fixer bêtement l'eau qui commence à frémir lorsqu'un frisson glacial me traverse le dos. Je me retourne vivement. Rien. J'inspecte mes fenêtres. Elles sont bien fermées. Bon bah j'dois être vraiment crevé. C'est un signe de fatigue les frissons. Non ? Je retourne devant ma casserole pour y verser une portion de farfale, lorsque mon genou gauche se dérobe sous moi. Je tente de me retenir au meuble. Las ! En faisant ça j'accroche la poignée de la casserole qui se renverse et m'ébouillante le bras droit et le torse. J'hurle de douleur au contact du liquide brûlant. Et puis lâche une série de jurons biens senti... Et je jure que j'ai entendu un rire. Vous savez un rire de sadique... Un rire obscène... Je me relève et  crie :
- Ca vous amuse ? Espèce d'enflure ?!
Holà !!!! Du calme tu vas pas te mettre à parler tout seul, non ? Y a personne. T'es seul dans ton appart...

Vraiment ?

Bon quitte à me faire jeter j'appelle Seb à nouveau pour lui demander de passer.
J'ai du bol il accepte. A condition de regarder le match de foot.
OK.

Il rapplique sur les coups de vingt heures et s'installe direct devant la télé. Je lui sers une bière. Moi je me prends un verre de soda.
- Bon alors ? Pourquoi tu m'as fait venir ?
- Pour avoir ton avis sur ce qui se passe.
- Par rapport à hier soir ?
- Et les autres soirs. Celui où j'ai écrit ces lettres bizarres. Les visions que j'ai en me regardant dans un miroir. Le fait que je me suis subitement effondré lorsque j'ai brûlé la feuille. Et là ce soir où j'ai cru entendre un rire comme l'autre soir dans l'ascenseur.
- Tiens ? Qu'est-ce que tu t'es fait au bras ?
- Je me suis pété la tronche par terre et en me rattrapant j'ai renversé ma casserole d'eau.... Dis tu m'écoutes ?
- Oui. Bah franchement je sais pas. Soit t'es surmené et t'es entrain de péter les plombs. Soit...
- Soit quoi ?
- Bah... C'est pas que j'y croie mais si ça se trouve on t'a jeté un sort ou un truc du genre.
- Arrêtes un peu, ça n'existe que dans les films.
- Bah tu m'a pas dit que t'avais parfois l'impression de sentir une présence ? Ca se trouve les fantômes, ça existe pour de vrai.
- Merci de me remonter le moral.
- Quelle autre explication tu veux que je te donne ?
- Donc pour toi je suis soit schizo, soit possédé ? En gros j'suis foutu.
- Ou alors tu t'es tapé de bons gros Delirium Tremens. Parce qu'apparemment à chaque fois t'étais pas à jeun.

C'est con mais il a p'têt pas tort. Et si j'étais simplement devenu... Comment dire... Allergique à l'alcool et que ça me fais faire des trucs bizarres. Ce serait idiot mais pourquoi pas. En tout cas ça m'a l'air plus plausible que d'être envouté ou une connerie dans le genre. Non mais quoi ? Et puis qui m'aurait marabouté ? Hein ? D'abord. Non va falloir que je me fasse violence et que j'essaie d'arrêter un peu la tise pour voir si ça s'améliore. Putain ça va être dur. Et merde, j'suis une vielle poivrasse en fait. J'me rend compte que depuis quelques temps j'ai quasiment pas passer une journée sans prendre au moins une bière ou un p'tit apéro. Sans compter une à trois cuite par semaine. La vache ! J'ai rien vu venir.

- Hey !
- Hein ?! Quoi ?!
- Tu rêves ou quoi, je te parle et je te vois l'air ahuri comme si tu étais tout défait et que j'étais pas là. Tu prends des trucs ou quoi ?
- Non, non... C'est juste que je réfléchissais à un truc. J'me disais que t'as p'têt raison. Faudrait que j’arrête ou au moins que je diminue ma conso de bibine... Parce que c'est vrai que les deux grosses "crises" que j'ai eu j'étais plutôt chargé, en fait. Va falloir que je teste.

Tiens ça me donne une idée, c'est impossible  que j'arrive à rien boire avec le bar que je traine. Donc le mieux à faire  c'est de se programmer une bonne grosse teuf avec pour objectif de vider  jusqu'à la dernière goutte ma réserve. J'invite un max et je dis à tout le  monde de ne rien apporter en boisson, juste de la bouffe.

- T'es sûr ?
- Bah oui. J'vais pas jeter tout ça, non.
- Et toi ? Tu vas rester sobre ?
- J'vais essayer. De toute façon tu seras là ? Tu pourras me surveiller...
- Mmmmouais... Why not ? Enfin pas toute la soirée non plus...
- Bah jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'alcool...

De la semaine qui précède ma grosse teuf j'ai réussi à ne pas (trop) boire. Juste une bière ou deux. Et rien à signaler.

Le samedi je suis sur le pied de guerre dès dix-neuf heures. Ce soir j'ai réussi à dealer avec mon chef la possibilité de partir plus tôt. A dix-neuf heures dix Seb débarque chez moi avec Vince, un de ses meilleurs potes. A trois on fini de préparer la soirée : finir le ménage, sortir toutes les boutanches du bar, préparer une bonne set list de musique pour tenir plusieurs heures sans se faire chier. A vingt heures pétantes arrivent Serge et sa copine, Isabelle. Suivit quelques minutes plus tard par Nico.
J'ai beau avoir dis et répéter que personne ne devait amener de boisson, ce con  est venu avec une bouteille de vin. Je dis trop rien, on en avait pas.


Je lance la play list et commence à servir les invités.
- Whaou ! T'as un putain de bar !!! S'exclame Nico lorsque je dévoile l'arsenal : whisky, vodka, gin, mezcal et absinthe  quelques bières, une vieille bouteille de cognac, deux porto à peine entamés  qui côtoient un pineau des Charentes, du pastis et un autre whisky lui même  accolé à deux rhums arrangés et du Get 27. Sans oublier le bordeaux de Nico et  la bouteille de champagne qu'on m'a offert y a deux mois à la suite d'un pari à  la con.

A vingt et une heure quinze nous sommes au  complet avec la présence de Marie et Jean, de Nono et son frère Gilles. 
L'ambiance est bonne, chacun profitant de l'occaz pour "goûter" les  breuvages qu'il ne connait pas. Vers vingt deux heures les esprits s'embrument  et se lâchent, nous jetons nos premières victimes à la poubelle : le J&B et  un des deux porto. Et à chaque fois qu'on vide un cadavre nous saluons  l'événement par un "Olé !" digne d'une véritable corrida. Puis  régulièrement le cimetière de se remplir. Vers minuit tout le monde est  fortement chargé, on parle fort, on rit de tout et de rien. Bref on s'marre  ben. Jusque là je suis sobre. Je n'ai bu que les deux bières brunes qui  traînaient. Par contre mes potes ont bien enquillé. Il ne reste plus que la  moitié du gin, un fond de mezcal (je sens que personne n'osera la finir,  rapport au vers dans la bouteille), un porto à peine entamé, un gros tiers du  pastis et de vodka et encore un peu de whisky et une bouteille de rhum intacte.  Je désespère d'arriver à faire vider tout ça quand sonne l'interphone : Claude, Matt et Aurélien débarquent, chauds bouillants et assoiffés.


Yes ! On va y arriver. J'en profite pour  envoyer un SMS à Pierre et à Brice, on n'sait jamais, des fois qu'ils n'aient  rien d'autre à foutre. Les trois "Stooges" attaquent direct, sans  préambule, et en quelques minutes ils achèvent le whisky et mettent une bonne  claque au rhum. Pierre rapplique vingt minutes plus tard et drague la bouteille  de pastis. Vers une heure et demie l'ambiance retombe un peu. Tout le monde est  un peu "stone". Seb a déjà "quiché" deux fois. Pierre a  payé sa déchire en renversant la moitié du porto que Marie avait attaqué direct  au goulot. Pour ma part j'ai pas résisté à me prendre un p'tit rhum et deux  absinthe. C'est chiant, personne ne veut y toucher, ni au mezcal. Tant pis. Au  pire j'en boit un peu ce soir et puis s'il ne reste que ça je les finirais tranquillement dans la semaine. Je ne risque plus grand chose maintenant.

Serge et Isabelle sont partis. Nico roupille  dans un coin, un verre encore dans la main. Matt et Claude jouent au  "cap's". Aurélien s'est endormi sur les chiottes... Enfin la tête  dedans serait plus juste. A deux heures du mat' j'ai la bouteille, vide, de  mezcal dans la main et lorsque je lève les yeux je vois que l'absinthe est bien  descendue... J'ai des fourmis dans la langue... Et la désagréable impression d'avoir...  Trop bu.

Et merde... Finalement j'ai pas réussi à  tenir. Oh et puis chiotte ! C'est des conneries. C'est pas un verre ou deux qui  vont me foutre en l'air. J'attrape l'absinthe, la verse dans un verre puis je  saisi un sucre et une cuillère, puis l'eau. Aller ! Au diable le protocole ! Je  jette le sucre dans le verre et verse l'eau à l'arrache. Je prend la cuillère  et touille distraitement le breuvage. Je porte le verre et son mélange blanc  bleuté verre ma bouche lorsqu'une irrépressible envie de vomir m'assaille. Le  verre me glisse des mains et tombe. Rebondi puis s’immobilise. D’un bond je me  lève pour aller au chiottes mais à peine ai-je fais un mètre qu’un immonde flot  noirâtre et épais jailli de ma gorge et s’écrase par terre dans un bruit mat et  étrange. Deux autres soubresauts me font vomir encore une bonne quantité de ce  « liquide ». Puis je m’écroule. La masse pâteuse semble bouger et onduler. Un  autre spasme me prend et une fois encore une portion de cette substance sort de  moi et s’en va rejoindre le reste. Je lève la tête et soudain tout se met à  partir en couille. Les murs se tordent et changent de couleur, j’entends des  sons bizarres et inquiétants. Devant moi la masse gélatineuse s’est mise à  boursouffler et j’ai l’impression d’y discerner deux excroissances se  matérialiser pour former une ersatz de « bras » qui tentent de s’agripper.  D’abord sur le mur puis d’un commun accord se tournent vers moi. Je les vois  s’approcher alors même qu’ils se transforment encore pour ressembler vraiment à  deux bras avec des mains à trois et quatre doigts qui tentent de m’attraper  pour me tirer vers une espèce de gueule abjecte qui vient juste de se former au  milieu de ce gloubiboulga écœurant et puant. Je tente de reculer mais mes  forces semblent m’avoir abandonné. Et je suis impuissant à arrêter la  progression du monstre vers moi. Je le vois se transformer en un truc vraiment  indescriptible. Des yeux éclosent au hasard de la surface pour darder leur  regard maléfique sur moi. Je tombe à la renverse. La tête en bas je ne  différencie plus rien de normal. Là où se trouvaient des gens (mes invités) je  ne distingue que d’étranges formes hostile. J’entends des rires salaces et  honteux. Puis il me semble que des dizaines de bras me saisissent vigoureusement pour tenter de déchirer mon corps comme le feraient des zombies dans un film du genre.

Il paraît que j’ai crié comme un dément mais je ne m’en souviens pas. Quand je suis revenu à moi j’étais à l’article de la mort en hypothermie, pris de convulsions et vomissant alcool et sang en quantité dans l’ambulance. Sur moi un liquide pâteux et nauséabond colle à mes fringues et me brûle. L’infirmier à une tête dégénérée et les yeux luisants d’un plaisir malsain. Et j’ai l’impression que ses mains gantées sont pleines de sang.

Aujourd’hui j’ai l’impression que ça va mieux à part la nuit où je fais des cauchemars redoutables et quelques moments la journée où j’ai l’impression de voir des choses bizarres. Enfin, au moins ici les gens ont l’air gentils. Mais complétement « space ». Vraiment. On m’a dit le nom de cet hôpital. Attendez, je l’ai sur le bout de la langue. Ah ! Oui, je me souviens : Sainte-Anne je crois.