
VOIVOD – War and Pain (Roadrunner '84) : Prenez les hurlements hystériques d’un chanteur névrosé, ajoutez-y une succession de bruits cataclysmiques, liez le tout aux vrombissements titanesques d’une basse en pleine agonie, sans oublier d’inclure quelques solos peu inspirés mais exécutés pied au plancher, et vous aurez la recette du contenu peu ragoutant de War and Pain. Voilà encore un exemple inquiétant d’un certain mauvais goût qui trouve pourtant assez facilement crédit auprès des labels indépendants. Sous la bannière du speed métal, une meute enragée de pseudo-terreurs déboule dangereusement et, entrainée par le phénomène, ne tarde pas à faire parler d’elle. Ce genre de production porte atteinte à la crédibilité d’un mouvement qui, bien que décidé, garde encore toute sa signification. En effet, par l’essence de sa démesure, le Power Metal stipule à sa base un monde qui aurait souvent tendance à oublier les bienfaits de l’énergie. Si la rébellion reste une valeur primordiale dans l’esprit pervers du rockeur, il ne faut pas pour autant marquer systématiquement le moindre groupe embauché du cachet d’authenticité. Voïvod pratique le speed sans aucun esprit, se vautrant avec fierté dans son gâchis. Si quelques rations de bons décibels font défaut dans votre pitance quotidienne, laissez tomber des affreux charlatans et prenez plutôt le dernier GBH.
Daniel Garcia – Enfer Magazine n°19, décembre 1984.
VOIVOD – War and Pain (Roadrunner '84) : Alors que l’hymne Show no Mercy résonne toujours seul sur le temple du speed, où culmine le pavillon impérial de Slayer, on pouvait commencer à douter d’un éventuel outsider prêt à monter sur une marche du podium. En effet, comparé au monde du Hardcore qui produit quelques beaux groupes kamikazes tels qu’Asocial, Siege ou Vorkriegphase, le Speed Metal baisse un peu les armes pour se recentrer vers le heavy traditionnel. Tout au plus produit-il quelques escarmouches pétaradantes, y allant toutes de leur production vrombissante et de leur Satan Bless You. Tout d’abord, il y a les productions speed qui sont à placer dans le même haut-fourneau que Venom et, croyez-moi, il y en a. Dans le genre, voici Voïvod, le porte-drapeau de cette escadrille. Ces canadiens proposent une « musique » inodore, incolore, sans saveur, pachydermique, indigeste mais bruyante. Ils sont parvenus sur Voïvod et Blower à faire deux titres qui ont l’air de courir par rapport aux autres, mais de là à les qualifier de speed… Soyez prévenus, si War and Pain ne contient pas une parcelle de mélodie, pas une seconde de hard FM, il n’en est pas pour autant un petit brûlot, mais bien plutôt un disque fait de rythmes décousus, de musique remplie de sons, de notes, de tapements, le tout-ordonné d’une façon qui laisse espérer que ce n’est pas forcément dû au hasard. Sincèrement, pour ceux qui comme moi aiment le speed pour son absolue violence, son côté tranchant, envoutant et fou, qui vous projette dans un monde où règne la fièvre du sublime, du délire, de l’extrême, et qui pensaient trouver en Voïvod le futur Motörhead / Discharge canadien, c’est raté !
Gil Tadic, Metal Attack n°20, mai 1985.
VOIVOD – War and Pain (Roadrunner ‘84) : Ce groupe canadien a un style qui ressemble à Bathory, en moins speedé. Toutes les intros de War and Pain font voyager dans l’univers fantastique. La musique semble turbulente faute à la mauvaise production, bien qu’on s’y habitue après plusieurs écoutes, tandis que le chant est totalement délirant, même si on ne comprend pas toujours les paroles. Aux thèmes souvent guerriers, War and Pain est farci de très bons riffs, tantôt lourds tantôt speed, et de solos un peu abregés. Voivod possède d’indéniables qualités.
Mercenaire n°02, 1986.
Des champions du monde hihi

LAAZ ROCKIT – City’s Gonna Burn (Target '84) : Il y a environ un an, ces californiens avaient sorti une maquette honorable intitulée Prelude to Death. Puis, plus rien ! Et voilà qu’ils se manifestent à nouveau avec un premier album fringant, alors que je les croyais mort et enterrés depuis tout ce temps. Laaz Rockit est une sorte d’Accept qui aurait rencontré Slayer au coin d’une rue, et qui auraient sympathisé de suite. Un chant Dirschneiderien, agressif à souhait, des riffs lourdingues et rentre-dedans, des accélérations étourdissantes, des solos à vous filer le tournis, des chœurs meurtriers (Ron Keel y participe) et des refrains accrocheurs. Bref, une musique contenant une violence intérieure toute particulière. Laaz Rockit, c’est du HM morbide, impur et malsain avec un grand M. JF Jimenez – Enfer Magazine n°19, décembre 1984.
LAAZ ROCKIT – City’s Gonna Burn (Target '84) : Imaginez ce qu’un patchwork sanguinolent entre Ratt, Wasp et Quiet Riot et vous obtenez Laaz Rockit, ravage déboulant de Californie. Le groupe frappe grand pour ses débuts avec ce premier disque. D’ailleurs, tout a été mis en œuvre aux US pour secouer l’opinion, avec un merchandising important (promo, concerts). Les morceaux City’s Gonna Burn et Caught in the Act sont à eux-seuls un délicieux massacre. L’allure tient le coup tandis le spectre du premier album d’Anthrax apparait avec Take no Prisoners. Le disque peut se résumer avec ces trois titres qui débutent en force. Vitesse, cynisme aigu et sadomasochisme des paroles, cruelles à l’extrême, Laaz Rockit est sauvage et hurlant, il raccroche, rabote, arrache vos vieilles dentelles, verse l’arsenic dans vos verres, pulvérise vos dentiers édentés, écrase le chat de la concierge, jette de l’huile bouillante sur votre platine. A tout prendre, ils ressemblent fort aux gremlins. L’Ace Rockit - Metal Attack n°17, janvier 1985.
Rhhaaah, les chroniques de Voivod de l'époque ont moins bien vieilli que "War and Pain"... Le temps a bien fait les choses.
Et Voivod est définitivement un des groupes les plus personels et attachants du thrash, quelle carrière ! Bien content de les avoir enfin vus en concert au Hellfest 2023.

SODOM : In the Sign of Evil (Devil’s Game '84): Même chose chez les teutons de Sodom que chez les canadiens de Voïvod. Force est de constater que si quelques titres tournent bien, notamment Sepulchral Voice et Blasphemer, les autres, sans compter cette guitare au bruit d’insecte, vous transforment le tout en un speed sans volume ni relief, à cent lieues de vous broyer la tête afin qu’elle éclate dans un processus métabolique d’accélération. Remarquez que Sodom nous montre sur le mini-LP qu’il est effectivement capable de faire presque aussi bien que Venom. Mais à quoi cela avance-t-il ? Non monsieur, je n’échangerai pas deux barils de Sodom contre mon Welcome to Hell de Venom.
Gil Tadic, Metal Attack n°20, mai 1985.
SODOM : In the Sign of Evil (Devil’s Game ‘84) : Un mini-album déchirant et ultra-speed, qui ne tombe pas dans le bruit mais conserve une musicalité. Les morceaux s’enchainent à un rythme fulgurant et les solos défilent à 200 km/h, à l’image de Blasphemer, un titre très recherché et assurément le bijou de ce disque. In the sign of Evil devrait taire tous les détracteurs arguant que les groupes de speed ne savent pas jouer !
Mercenaire (fanzine) n°02, 1986.
Des visionnaires sans nul doute.
La rigolade du jour merci Fabien
Comme quoi tout ce qui nous paraît évident aujourd'hui ne l'était pas à l'époque de la découverte....
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OMEN – Battle Cry (Metal Blade '84, import US) : Si la liste des groupes émergeant de Californie est bien trop longue à dresser sur ces pages, ajoutez donc le nom d’Omen si vous vous amusez à ce petit jeu. On vous l’avait annoncé dans les news : Kenny Powell avait quitté Savage Grace pour former son groupe Omen. Le voilà de retour avec un album très convaincant. Alliant le potentiel découvert sur le mini-album de Savage Grace à de nouvelles compositions riches en idées revigorantes, Battle Cry risque en effet d’enthousiasmer bon nombre d’adorateurs du riff affûté mais mélodique, un peu dans le style d’Iron Maiden. A la remarquable production s’ajoute un excellent travail des musiciens respectifs et en particulier du chanteur JD Kimball. Les bonnes voix dans le domaine du HM se remarquent ! Bref, un investissement productif. JF Jimenez – Enfer Magazine n°19, décembre 1984.
OMEN – Battle Cry (Roadrunner '84, import NL) : Voici un combo monté par un ancien guitariste de Savage Grace, dont les quatre membres réussissent l'exploit de délivrer un metal qui cartonne, malgré les trois tonnes d'armures qu'ils se trimballent. Applaudissons les super-héros, merci. Christian Vinot, Metal Attack n°17, janvier 1985.

DESTRUCTION – Sentence of Death (Steamhammer '84) : Voici un groupe allemand dont le nom Destruction, le titre de l’album Sentence of Death, et la photo des musiciens au look n’ayant rien à envier aux punks les plus hirsutes avec une coupe de cheveux différente, ne risquent pas de tromper sur la marchandise. S’il aborde des thèmes empruntés à la toute puissante mythologie vénomienne, c’est que son black Speed Metal s’avère tout à fait démoniaque. Ne cherchons donc pas une quelconque originalité dans le concept usurpé où le diable fait figure de symbole, comme dans la musique du groupe : Black Sabbath, Venom et Slayer se la disputent déjà. Avouons toutefois que des morceaux tels que Black Mass, Total Desaster et Mad Butcher raviront les adeptes d’un sacrosaint masochisme musical délivré à coups de riffs (fouets) cinglants et de vociférations (gueulantes) très olé-olé. « Destroy, Destroy ! », disent-ils. Et cela ne vous rappelle rien ?
Jean-François Jimenez – Enfer Magazine n°21, février 1985.
DESTRUCTION – Sentence of Death (Steamhammer '84) : Même avec la meilleure volonté du monde, je ne peux pas me forcer à écrire que Destruction, trio teuton de trash-metal, est génial. Non ! Sentence of Death s’inscrit entre Kill ‘em All et Black Metal (Metallica, Venom). Bardés de chaines, de poignets cloutés et de ceintures de balles, Schmier, Mike et Tommy semblent aligner cinq fois le même morceau, bien que Destruction ne soit pas franchement mauvais, loin de là. Mad Butcher se laisse même écouter, mais le problème réside dans la voix et la batterie exécrables. Dommage, car le « mad axeman » se détache très loin au-dessus de ses congénères gratteux. Oui, il y a des soli d’enfer, des chorus et d’excellents riffs. Si seulement le groupe avait eu la bonne idée de ne graver que la six et la quatre-cordes….
Christian Vinot - Metal Attack n°19, avril 1985.
De mieux en mieux.
Mais quels génies ces mecs.
Black Sabbath et Destruction comparés, c'est a pisser de rire. Entre autres. Fabien tu me régales