Thrash Metal >> CHRONIQUES POWER/SPEED/THRASH/HC/DM 1983-89
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Lundi 21 Avril 2025 - 19:35:28

METAL MASSACRE IV (Metal Blade) : Voici enfin le quatrième Metal Massacre, provenance de Metal Blade Records. Eh oui, ça marche bien pour Brian Slagel, le boss de la compagnie qui, depuis le Metal Massacre I, n’a cessé de progresser tant au niveau de la production, du choix des groupes, que de la pochette. Il faut dire que je ne suis pas un inconditionnel des compilations qui sont généralement mal enregistrées (Metal Massacre I, Electric Warriors, Metal Clogs) ou qui regroupent des formations proche du niveau 0 (Heavy Metal Heroes II, Metallergy, Metal Explosion). Avec ce quatrième volume, Metal Blade nous offre sans doute l’une des meilleures compilations aux côtés de Metal Plated. Là, comme par enchantement, l’intensité est telle qu’une impression d’étranglement m’envahit au niveau des tympans. Parmi les douze gangs que regroupe ce LP, Les principaux coupables qui m’ont mis dans cet état sont quatre commandos ayant pour nom de code Sceptre, Death Dealer, Zoetrope et Abattoir.

Mais reprenons par ordre d’écoute. Sacred Blade ouvre le feu avec The Alien. Ce quatuor canadien a été formé en 79. Trois ans plus tard, il réalise l’une des meilleures maquettes pour le circuit parallèle avec Metallica. Sur cette compilation, il a hélas choisi un titre où le heavy est très présent et le power est absent. Dommage, car quand on connait le potentiel de ce groupe, on reste un peu sur notre faim. Par contre Death Dealer (encore un groupe canadien) nous délivre Cross my Way, l’un des morceaux forts de son répertoire et de la compilation. Un son pur et dur comme on les aime, qui tue sans laisser de trace. Trouble me fait penser quant à lui au Black Sabbath des 70’s, nanti d’une rythmique très lourde, d’une guitare qui tâche et d’une voix de loup-garou, éléments suffisants pour que moi, méchant critique de mon état, vous colle une étiquette. Puis c’est au tour de Spectre de nous injecter son venin Mortel. Ce groupe constitue le clou de ce LP et vérifie bien la maxime « chaque volume de Metal Massacre nous fait découvrir un super groupe ». Si dans les volumes I, II et III, il s’agissait respectivement de Metallica, Aloha (maintenant Hawaii) et Slayer, Spectre remporte ce volume IV. Attribuons donc une mention excellente à ce gang qui conjuge puissance et feeling, duels enflammés de guitares et de rythmiques choc, incantations de plomb et tambours de guerre. Zoetrope réussit quant à lui à ne pas passer inaperçu derrière Sceptre, ce qui représente déjà un exploit. Ce groupe originaire de Chicago possède un son et une manière de composer très différente de tout ce qu’on a l’habitude d’entendre. Speed Zone, le morceau enregistré sur cette compilation, est à la limite du power et du heavy. Evidemment, après les deux bolides précités, War Cry passe pour un diesel qui roule en plus dans un bruit sourd et désagréable.

On fait sauter la crêpe et on commence avec des bouchers répondant au nom d’Abattoir. Ces californiens donnent dans le macabre pour les paroles et dans le speed pour la musique. Passons très vite sur Witchslayer et Lizzy Borden, deux groupes très ennuyeux pour ne pas dire autre chose. August Redmoon et Thrust, les deux quatuors suivants, ne sont pas des inconnus. Le premier a déjà enregistré un LP quatre titres intitulé Fools Are Never Alone tandis que le second est apparu sur l’intégralité de la face B d’un album live, qui avait pour but de venir en aide au syndicat Solidarnösc. Ces deux formations jouent du très bon hard rock, très entrainant. On termine avec Medieval, où seul le guitariste / chanteur et le batteur sont des membres à part entière de ce gang des ancêtres. Du hard-rock style baroque plutôt préhistorique comparé au Power Metal de Sceptre.

Voici donc une bonne compilation qui, je l’espère, poussera Brian Slagel à produire Sceptre, Death Dealer et autres Sacred Blade, comme il l’a fait pour Slayer.  

Gil Tadic – Metal Attack, février 1984.



Mardi 22 Avril 2025 - 20:16:14

VENOM – At War with Satan (Bernett Records '84) : Dévoré par une féroce passion, Venom porte l’étendard de sa démesure sur les terres surpeuplées du speed-metal et impose sa folie suicidaire parmi la médiocrité inhérente à ce genre très en vogue. Précurseur indiscuté, il a jeté les bases à un style évoluant aux confins de l’immortalité et de la débauche à outrance, qui sert maintenant de référence à une myriade de jeunes ambitieux. A cette échelle, le compromis n’existe plus. Venom bouscule avec acharnement quelques puissantes institutions, dans le but de rallier à sa cause la nouvelle génération fatiguée des héros croupissants. Pour mener à bien l’épuration bienfaitrice, le dantesque power-trio vomit sa dernière œuvre au visage pétrifié de cet univers décadent. Sous la férule d’étranges ordonnateurs, cette ignoble création arrive à temps pour répandre le châtiment universel. La Terre ne sera plus qu’une immense plaie sanguinolente où traineront des hordes de pénitents en quête d’un impossible salut. At War with Satan, où l’ultime maléfice trempe dans l’infamie, nous précipite directement aux avant-postes de l’horreur collective. Le cauchemar, élevé au rang de symbole absolu, guide les pas de nos démons à travers les méandres du royaume de l’épouvante. Deux faces suffisent à prouver une confrérie outrancière, régentée par Cronos, Mantas et Abaddon avec un sadisme presque sauvage, nous ayant mitonné une face concept en l’honneur du maître des ténèbres qui, dans ce conte diabolique, a trouvé le moyen de venir squatter le Paradis. Accompagnée de ses fidèles serviteurs, elle n’attend plus que les âmes chastes, venues trouver le repos éternel, pour leur faire subir les pires sévices. Ce long thème musical baptisé du nom de l’album est la suite logique de Black Metal, alternant les passages d’une intense ardeur avec des climats plus oppressants. Venom a su donner une ambiance malsaine à ce morceau de bravoure. L’autre face plus conventionnelle reste au fidèle au concept de Venom, jetant le désarroi chez les adeptes des mélodies peaufinées. Le tout dégage une sombre énergie et donne une idée stéréophonique de la prochaine fin du monde. RIP Ride et Women Leather and Hell ordonnent l’extermination en masse des derniers survivants. Mantas taraude sa pauvre guitare, lui arrachant d’horribles gémissements qui se métamorphosent peu à peu en riffs mortels. L’orgasme rageur se poursuit, devenant par moments presque indécent, à l’image de Cry Wolf, Genocide et Stand Up and Be Counted, où la section rythmique se fait atrocement pénible. Pour finir en beauté, cette orgie infâme d’incarnations sépulcrales, Venom nous offre un petit délire que même Sex Pistols n’aurait jamais osé enregistrer : Aaaaaarrghh est une gigantesque cacophonie où se mêlent insultes, rires, cris et bruits divers, ponctués par l’apparition sporadique et incongrue d’instruments bizarres. At War with Satan s’annonce déjà comme l’une des plus grandes catastrophes de l’année 1984 et doit normalement précipiter notre pauvre humanité sur les voies de la troisième guerre mondiale.
Daniel Garcia – Enfer Magazine, mars 1984.

 

VENOM – At War with Satan (Bernett Records) : Ce disque est très important car il va passer pour beaucoup comme le manifeste du Power Metal. Ce qui est faux. Certes, Venom a fièrement porté pendant un moment ce nouveau flambeau qu’est le Speed Metal, mais ce n’est plus désormais qu’une croix de bois qui flambe. Le vrai public du Power Metal est celui qui a connu l’irréel. C’est celui qui connait le monde où le rêve, le noir et la folie extrême supplantent l’Homme. C’est celui qui a transporté son âme dans un flottement sans frontière avec l’imagination humaine sur une route noire bordée de balises illuminées à perte de vue. Sur cette route : la vitesse, la puissance, la violence, le frisson et le feeling. Au bout de cette route : la rencontre du troisième type, le soleil noir. Un mode où l’enfer n’est plus méprisable, car il a perdu le sens de son propre dépassement. Nous touchons de l’esprit cette masse noire qui porte en son générateur le feu sacré. Sur cette route, il faut avoir les oreilles neuves pour une musique nouvelle et des yeux de métal pour le plus lointain, le plus brillant et le plus glacial. C’est le public qui comprend le Power Metal qui le comprend avec nécessité, qu’importe le reste. Le reste, c’est l’humanité et il faut lui être supérieur pour l’altitude de l’âme, par l’indifférence. Et c’est là que Venom se trompe, car il ne roule plus sur cette route balayée par le vent qui court vers l’Infini. Non, le trio de Newcastle veut à la fois jouer la carte du speed, celle du H.M. lourd, celle du satanisme et ne fait que s’engouffrer dans un tunnel sans issue. Bien sûr, ma soif de vitesse toujours assouvie m’a presque fait apprécier des titres comme RIP Ride et Women Leather and Hell, bien que je pense qu’au-delà du fait de quitter cette ligne d’acier qui s’étend vers l’horizon et le feu, Venom dessert le Power Metal en l’encerclant dans un carcan de musique. Cacophonie, contre-temps et borborygme comme Aaarrgghh, Venom en fait, mais quand on a le culot de nous placer un morceau de vingt minutes bourrés de breaks inutiles et nuls, on ne brandit pas le drapeau du groupe le plus rapde du monde ! Allez messieurs, je vous tite ma réverence et vous remercie encore pour votre passé.
Gil Tadic – Metal Attack, juin 1984.


VENOM – At War with Satan (Bernett Records) : Si le disque peut paraitre brouillon au départ, il devient en fait sublime au bout de quelques écoutes. C’est du Venom avec un grand V, donc vous risquez de vous bruler les ailes si vous n’avez déjà pas aimé les deux premiers albums. At War with Satan possède par ailleurs un meilleur son que ses deux prédécesseurs, particulièrement en comparaison de Welcome to Hell, muni d’une ambiance supplémentaire par rapport à un disque de heavy metal. Retenons Rip Ride avec la voix toujours aussi caverneuse de Cronos ou encore Woman Leather and Hell renfermant la rythmique la plus marquante du disque. Rien n’est à jeter hormis le titre final Aaaaaarrghh, le seul plantage. En bref, une nouvelle invitation aux enfers à conseiller en premier lieu à tous les amateurs de Venom.
Eric, Metal gods n°03, juillet 1984



Mercredi 23 Avril 2025 - 19:52:10

EXCITER – Violence and Force (Megaforce, MFN, RR '84) : Fou et tueur, tel est Exciter. Muni d’un gilet pare-balles, l’écoute de ce nouvel album d’Exciter revêt un caractère plus envisageable et constitue de ce fait un test très crédible quant à vos aptitudes physiques. Prévenus donc, ne venez pas vous plaindre des quelconques troubles auditifs ou enfoncement de la boite crânienne que Violence and Force pourrait occasionner. Si Heavy Metal Maniac conférait à ce power-trio canadien le lauréat du heavy-metal, irritant et corrosif par excellence, celui-ci toujours soutenu par des riffs en lame de rasoir a gagné en force. Ainsi, Exciter conjugue la folie destructrice des mémorable Fire in the Sky et Machine Gun (Saxon) avec une lourdeur à mi-chemin entre Judas Priest et Motörhead, savant amalgame déchiré par le chant guerrier de Dan Beehler. Malheureusement, comme bon nombre de ses confrères délivrant une musique dont l’essence reste le speed, Exciter délivre des morceaux un peu trop semblables les uns aux autres. Hormis cette fausse note, ce monstre prend plaisir à nous faire partager un heavy-metal qui transpire la rage de vaincre.
Bruno Labati – Enfer Magazine, mars 1984.

 

EXCITER – Violence and Force (Banzai '84, Import Canada) : Revoilà les canadiens d’Exciter venant de briser une nouvelle fois la glace avec la sortie de Violence and Force. Le nom de l’album est également celui du morceau qui déclenche le chrono de la bombe Exciter. Le rythme est à l’image de l’appellation de cette chanson, qui arrache et cogne dans tous les sens. Le grand jeu, quoi ! Si la seconde attaque est bien souvent l’occasion d’un affaiblissement très net dans le monde du Heavy Metal et que le début nous laisse une nouvelle fois le supposer, Exciter fait mieux que redresser la tête et arrive même à bastonner plus que sèchement. C’est au tour suivant qu’Exciter craque, hymne pour le Heavy Metal oblige. Le morceau ressemble à America de Motörhead et fait davantage ressortir les influences de Judas Priest et Saxon. C’est mou, tout ça ! La bombe Exciter arrive enfin au virage et l’aborde d’ailleurs de belle manière avec Evil Sinner, un petit boulet bien composé. Grâce à cette accélération dans la courbe, Exciter attaque la seconde ligne droite toutes voiles dehors. Ce pétard en Fusion porte le dossard Destructor et renoue avec le style destroy metal vraiment dérangeant. Exciter s’essouffle hélas quelque peu et, après Sword of Darkness où nos trois assassins retiennent leurs coups comme au tennis, c’est le slow imparable. Et clap, une bonne petite claque au bon speed ! La bombe se transforme en serpent sans venin et, en dépit d’une fin speedée, le goût n’en reste pas moins amer. Mais c’est bien connu, la ligne d’arrivée donne des ailes et les deux derniers morceaux permettent de terminer assez fort malgré des dernières foulées un peu lourdes, c’est le moins que l’on puisse dire. Les canadiens sont néanmoins largement dans les temps du Power Metal mais ils auraient pu faire mieux.
Gil Tadic - Metal Attack, avril 1984.



Mercredi 23 Avril 2025 - 20:10:09

Globalement la lecture des chroniques diffusées par M Fabien m'interpelllent.

En effet au delà de la nouveauté avec cette transition stylistique Speed/thrash et le peu de possibilité pour poser des bases de comparaisons efficaces , je trouve que les chroniques sont globalement mal rédigées. 

Néanmoins elles gardent 1 charme suranné ...

Merci pour ce partage.



Mercredi 23 Avril 2025 - 20:28:06

C'était quand même une grosse époque de transition, cette période, avec le Heavy qui digérait les influences punks pour évoluer vers le Metal. Surtout qu' en plus les 2 scènes étaient bien scindées, parceque punk / post-punk /hardcore et scène Heavy, à la base , ça ne pouvait pas trop se voir. Les uns évoluaient dans la continuité des années 60-70 et les autres se voulaient en rupture.

Après, il y en a qui ont fait le lien ( cf le Garage Inc de Metallica, Maiden , Motörhead ou encore Black Flag pour l'autre versant, pour citer les plus connus)

 



Jeudi 24 Avril 2025 - 19:53:04

WARLOCK – Burning the Witches (Mausoleum '84) : Prudence, ralentir ! Nous voici arrivés à proximité de la Forêt Noire, aussi vous prierais-je de coiffer vos casques lourds, le temps de traverser ces landes infestées de démons. Actuellement, le métal germain semble connaitre une nouvelle vague : déjà de nouveaux groupes nous ont délivré leur message de feu et de sang, que voici le petit dernier qui vient de s’échapper de sa cage. L’animal en question se nomme Warlock et est à classer dans la catégorie ‘sauvage’. Que vois-je ? Une blonde amazone qui tient le monstre en laisse ! Cette perfide chasseresse se prénomme Dorothée et a pu dresser le fauve, qui semble lui obéir au doigt et à l’œil. Warlock nous arrive de Düsseldorf, la ville du vampire : on ne saurait renier ses origines ! Du heavy rock racé et plombé, des envolées sauvages et carnassières, le groupe en a plein ses valises, alors laissez-vous bercer. Jugez plutôt du programme des festivités : Signs of Satan, un refrain maléfique connu, quoique la force occulte au féminin revête un intérêt nouveau. Du satanisme au futurisme, il n’y a qu’un pas que Warlock franchit dans le coin. After the Bomb : choisissez votre mort, tandis que l’Homicide Rocker viendra vous conseiller sur ce choix délicat. Le temps pour la demoiselle de vous chanter un cantique à sa manière, Without You, et nous voilà repartis sur la face B, l’autoroute brûlante du Metal Racer, une bonne bourre ça creuse et une pause casse-croute sera la bienvenue. Vous désirez une grillade ? Justement, on s’amuse à brûler ici les sorcières sur Burning the Witches. Personnellement, je préfère la cuisse, hé hé ! L’album prend fin dans un brasier de fureur et de sexe sur Holding Me. Voilà un groupe qui a de beaux jours devant lui. Fin de la viste touristique.
Bruno Bagès – Enfer Magazine, mars 1984.

 

WARLOCK – Burning the Witches (Mausoleum '84) : Mausoleum créé la surprise ce mois-ci. Après la sortie de nullités comme les récents Maggie’s Madness ou K.West, la qualité semble être dorénavant au rendez-vous avec une grande offensive de l’écurie belge (Crossfire, Ostrogoth, Killer (ce dernier à sortir)) et ce Burning the Witches du quintette allemand Warlock, le meilleur vinyl sorti à ce jour sur le label. Une très belle pochette, une charmante & excellente chanteuse nommé Dorothée (pas notre speakerine nationale) et un Heavy Metal torride et ravageur comme les hardos purs et durs l’aiment. Un groupe dont on risque fort d’entendre beaucoup parler d’ici peu, si le petit vieux cochon ne le brûle pas. Christian Vinot – Metal Attack, avril 1984.     

 

 

OSTROGOTH – Ecstasy and Danger (Mausoleum ’84) : Si certains groupes font preuve d’originalité parmi le flot de nouveautés proposées, d’autres plus nombreux se contentent tout simplement de resservir les plans de leurs glorieux ainés. Ostrogoth fait partie avec Ecstasy and Danger, tout comme Oz avec Fire in the Brain, de cette seconde catégorie. S'il faut reconnaitre que ces disques renferment quelques bons titres au travers desquels chorus et guitare et parties vocales surplombent une rythmique de fer, ils constituent aussi le reflet d’une génération qui ne parvient pas à se forger un style propre malgré d’évidentes qualités. Ainsi, Ostrogoth s’apparente de près à Iron Maiden.
Bruno Labati – enfer Magazine n°11, mars 1984.



Vendredi 25 Avril 2025 - 18:46:09

CROSSFIRE – See You in Hell (Mausoleum '84, Import) : Wildfire, Thunderfire, Crossfire : décidément, les flamands ont tous le feu aux fesses ! Le phénomène est difficilement explicable pour quiconque prend la peine d’écouter des gangs susnommés, en particulier Crossfire qui nous occupe aujourd’hui. Je reviens personnellement de loin et j’avoue n’avoir dû mon salut qu’à mon fond de culotte d’amiante blindée. Les petits chanteurs à la croix de feu ont donc enfilé leur cuir, violé le curé et inversé tous les crucifix de l’église. Le décor est planté et tout est prêt pour la visite aux enfers : See you in Hell ! Crossfire ne fait pas de détail et s’impose déjà comme un gang de tout premier plan. Les graisseux n’ont pas de paluches à tricoter des napperons mais à tailler des riffs de bûcherons ! C’est déjà chose faite dès le premier titre Demon of Evil : bonjour l’ambiance ! Killing a Cop est encore mieux charpenté et la sauce commence à bouillir. J’ignore si leurs chansonnettes sont autobiographiques et si les lascars ont l’habitude de bouffer du képi, mais une chose est sure : ce ne sont plus des enfants de chœur (leur ex-guitariste est en taule !). Le rythme s’accélère avec Magnificent Night et cela rappelera aux anciens coloniaux la charge de la brigade blindée. Avez-vous remarqué la pyramide dessinée sur la pochette ? Elle reflète très bien le concept de bloc dont s’inspire Crossfire pour mener ses batailles. Le groupe est une machine de guerre qui ne craint pas les aiguillages complexes. Breaks incessants, changement de rythmes ou de riffs (Fly high), ces croisés de feu n’ont peur de rien. Si la longueur de certains titres est tout de même relativement importante, la flamme qui les anime est très endurante. Crossfire nous a donc pondu un bel album, certes sans réelles surprises, mais nous rassure quant à la volonté pyromane du nouveau métal belge. A bientôt en enfer.
Bruno Bagès – Enfer Magazine, avril 1984.

 

CROSSFIRE – See You in Hell (Mausoleum '84, Import Belgique) :Quelques-uns d’entre vous se souviennent sans nul doute des quatre petits joyaux gravés par Crossfire sur la compilation Metal Clogs, première sortie en début 1982 du désormais célèbre label néerlandais Rave-On Records (Mercyful Fate). Les belges nous délivre leur premier album deux ans plus tard avec une formation quelque peu modifiée : Nero Neerinckx, chanteur et guitariste rythmique a disparu (ne le cherchez pas dans un autre groupe puisqu’il est derrière les barreaux) tandis que Peter de Wint abandonné ses baguettes et assure désormais les vocaux, le groupe ayant enfin complété ses rangs par un nouveau batteur et un second guitariste. Avalanches de riffs, changements fréquents de tempo, le Heavy Metal de Crossfire, s’il demeure toujours aussi intense et bouillonnant, même plus violent qu’auparavant, notamment par la voix de Peter de Wint proche de celle de Mark Strace (Krokus), a perdu son originalité. Si cet « à bout de souffle » made in Belgium est intrinsèquement un excellent album, Crossfire a malheureusement une fâcheuse tendance à piquer une intro par-ci, un riff par-là. Demon of Evil débute comme The Number of the Beast, le riff de Killing a Cop est pompé sur celui de You Don’t Have to Be Old to Be Wise, celui de Danger on Earth rappelle étrangement le Paris by night de son compatriote Ostrogoth et j’en passe. « On ne l’a pas fait exprès, on ne l’avait même pas remarqué ! »
Christian Vinot – Metal Attack, avril 1984. 



Dimanche 27 Avril 2025 - 14:38:50

SORTILEGE – Métamorphose (Devil’s Records '84) : Cristal couleur métal, le divin Métamorphose me laisse muette et stupéfaite devant ses facettes éclatantes de technicité et de mélodie. Il y a dans cet album une énergie monstrueuse qui a parfois bien du mal à ne pas dépasser les limites qu’on lui octroie : de démoniaques solos de guitare qui ravagent à feu et à sang chacune des neuf superbes compositions, des somptueux atouts. J’avoue m’être laissée entrainer sans aucune résistance dans l’antre incandescente de Sortilège. Chaleur intense, tempos speed : D’Ailleurs, Civilisation Perdue, Métamorphose et sa gracile ouverture acoustique. Tempos plus modérés, rythmique forgée dans le béton armé : Majesté, Légende, Cyclope de l’Etang à l’intro de batterie menée de main de maître par le talentueux Bob Snaxe. L’inquiétant et imposant morceau Hymne à la Mort possède une ambiance toute particulière, propre à l’angoisse la plus tenace et aux cauchemars les plus éprouvants. Poison mortel qui s’immisce traitreusement dans les veines, Nuit des Limbes est l’instrumental relativement court qui clôt la face A sur une vague de vent furieux. Quant au slow Délire d’un Doux, il est magnifique. Devant cette voix fabuleuse, aux intonations si chaudes, si pures et si majestueuses, je dois dire que mon émotion est grande. Pour un délire, c’est est un, mais bien agréable ! Tout au long de Métamorphose, je n’ai cessé de ressentir intensément la force et le brio de ces grands sorciers que sont les musiciens de Sortilège. Qu’hommage leur soit rendu en conséquence. « Aucun ne peut résister, je suis Majesté ». Assurément !
JEE, Enfer Magazine, mai 1984.

 

SORTILEGE – Métamorphose (Devil's '84) : Ce premier album n’est pas ce qu’il y a de plus fort, ça n’est pas non plus ce qu’il y a de plus speed, ni même de plus cacophonique, et cela n’est pas plus mal au contraire ! Si la devise de certaines formation hard’n heavy consiste en 1984 à jouer plus vite que l’éclair, plus fort que le mur du son et plus merdiquement que jamais, et si en plus ces formations prétendent jouer non pas du Heavy Metal, le H.M. étant maintenant dépassé, mais du Speed and Black Metal (quel grand terme pour si peu de qualité), d’autres par contre, au risque de ne pas plaire à ceux de la première catégorie, travaillent intelligemment le dosage de tout ingrédient constituant une mélodie, composent des lyrics au sens profond, imagés, un peu trop littéraire par moment. Sortilège, avec ce premier album, fait partie de cette catégorie. Après tout, qui dit hard-rocker ne dit pas analphabète. Rob Halford et Dio le prouvent dans leurs textes et ne sont pas les seuls, heureusement. Sortilège aborde pour sa part des sujets aussi variés que celui des limbes, de civilisations perdues, ou encore le résumé de l’œuvre de Kafka : La Métamorphose. OK, ce n’est pas franchement le contenu lyrique qui incite au headbanging mais, rassurez-vous, le contenu musical est tout aussi voire plus riche. Chaque morceau possède ce petit quelque-chose qui le distingue de l’autre. Du hard atrocement lourd et intrigant de Civilisation Perdue, à la douce mélodie acoustique et électrique pleurant sur Délire d’un Fou, Métamorphose n’est autre qu’une tempête de rythmes, de riffs violents, où coulent des solos un peu dans le style de Judas Priest, précis, jamais trop longs ni trop courts, tempête parsemée de moments étrangement calmes. Amateurs de supersoniquement Shit Metal, s’abstenir !
ELKA - Metal Attack, mai 1984.



Lundi 28 Avril 2025 - 17:46:23

KILLER – Shock Waves (Mausoleum '84) : Après avoir été Ready for Hell et s’être construit un Wall of Sound, Killer porte enfin le coup meurtrier avec Shock Waves. L’angle d’attaque reste pourtant le même, son Metal demeurant alimenté par une sève rock’n roll et tient toujours pour cible un hard puissant et lourd. Mais cette fois-ci, la cible a été placée plus haut dans le sens où l’album a été pensé du début jusqu’à la fin et qu’il ne contient aucun remplissage comme ses prédécesseurs. Ne comprenez pas par-là que Shock Waves ne renferme que des brûlots mais, néanmoins, pour côtoyer l’art si dangereux que travaille le trio belge, faites simplement gueuler la platine au maximum et vous verrez que Killer s’enfonce plus profondément que bon nombre dans le royaume d’une musique fièrement mâchée et vrombissante. C’est devenu une habitude, l’ouverture, qui est toujours l’intitulé de l’album, tient le haut du pavé. Ce morceau est un petit bolide racé dans le plus pur style speed, la tête dans le guidon. Le second titre Scarecrow est surtout un hymne au Heavy très puissant qui vous enfonce deux mètres sous terre. Puis le speed reprend son doit et l’entaille se creuse. Ca souffle dans tous les sens tandis qu’In the Name of Law trouve idéalement sa place dans le rayon découpage en tous sens. Pour clore la face A, Killer nous gratifie d’un instrumental rugissant avec King Kong, un morceau que j’aime beaucoup, au tempo moyen, emmené par une guitare qui intègre feeling et speed, bouillonnement et retenue, pureté de son et larsen vrillé. Le groupe ouvre les hostilités de la face B avec Blood on the Chain, que certains connaissent déjà via la compilation If It’s Loud We’re Proud, où Crossfire et Ostrogoth jouent également. La version LP est différente et meilleure, nantie d’une rythmique d’acier qui colle au fond du siège. Puis vient Richter Scale 12. Douze sur l’échelle de Richter, peut-être pas, quoique le titre nous fasse tout de même bouillir le sang de nos veines, nous, jeunes métalovores. Mon bunker d’écoute commence à trembler, c’est bon signe. In the Eye of my Gun et Time Bomb sont du même calibre : de brusques décharges d’énergie entrecoupées de breaks & refrains très sauvages, nous rappelant les premiers Rods, sans oublier bien sûr une production bien léchée, au son puissant, clair et profond. Et maintenant, si je vous dis que la pochette est superbe, alors là, vous aller craquer, n’est-ce pas ?
Gil Tadic – Metal Attack, juin 1984.
 

 

CUTTY SARK – Die Tonight (Mausoleum ’84) : Cutty Sark n’en est pas à son premier méfait puisqu’il avait déjà enregsitré un mini LP intitulé Hard Rock Power, combo relativement connu sur ses terres allemandes mais beaucoup moins dans nos contrées faute à une distribution quasi inexistante. Le quatuoe a opté pour une signature chez Mausoleum afin d’exporter sa musique, nanti d’influences comme Ted Nugent ou Alkatrazz, qui ont manifestement guidé ses pensées guerrières. Cutty Sark est toutefois difficile à cerner, mi-hard, mi-heavy, avec pas mal de miel. Ce quatuor franchement agréable parvient à créer des sons et des ambiances maléfiques, noyées dans l’incertitude, le frisson & le feeling et, dans le registre « atmosphère malsaine », le morceau éponyme est d’ailleurs est un petit chef d’œuvre. Vultures in the Air est cadré de la même façon, mais traine davantage en longueur, avant un bon coup de speed bien foutu, original et ficelé par un solo impeccable. Hands Up et le très bon instrumental October Holidays ont quant à eux ce petit plus, qui les rend bien léchés. Somme toute, Cutty Sark a produit là un bon disque de hard. Notons enfin le timbre de voix du chanteur, identique à celui de Steve Zodiac, le bassiste frontman de Vardis. Tiens, d’ailleurs, qu’est-ce que ce groupe devenu ? Décidément, la jungle HM est vraiment impitoyable.
Gil Tadic, Metal Attack n°10, juin 1984.



Lundi 28 Avril 2025 - 22:43:00
Fabien dit
SORTILEGE – Métamorphose : Ce premier album n’est pas de qu’il y a de plus fort, ça n’est pas non plus ce qu’il y a de plus speed, ni même de plus cacophonique, et cela n’est pas plus mal au contraire ! (...) Amateurs de supersoniquement Shit Metal, s’abstenir !
ELKA - Metal Attack, mai 1984.


Salut, mais quel torche-cul celle-ci. C'est fou quand même cette propension à la condescendance comme ça.

'fin bref, en tout cas merci beaucoup pour ton taf (j'espère au moins que tu ne tapes pas toute la dactylo), c'est carrément plus agréable à lire ici que sur des scans de l'époque.