Le problème du découpage en trois périodes c'est qu'on en retient pas une date précise faisant office de début et de fin. L'épidémie de peste ou la guerre de cent ans en France peut être aussi vu comme une période épisodique importante. Le problème si l'on retient ceci, c'est qu'on l'on ne pourra pas retenir la date de 1492 comme départ de la Renaissance. Tout le 15ème siècle est à retenir comme un siècle de prospérité. Il parait assez difficile de coupler 14ème siècle et 15ème siècle pour en constituer une période à part du Moyen Age. Pourquoi il faudrait nécessairement une date précise? Ce qui compte ce n'est pas les évènements mais les transformations de la société qu'on ne peut pas forcément dater à l'année près. 1492 ce n'est pas pertinent pour le débût de la renaissance, en Italie elle commence bien avant. N'oublie pas que la notion de moyen-âge est une invention des humanistes pour rejeter l'époque précédente, ce sont les même qui ont qualifié les cathédrales d'art gothique dans le sens "art barbare". Une renaissance il y en a une au XIIe siècle déjà, et si on veut, et d'autres, mêmes si elles sont bien moins importante sous Otton, sous Charlemagne et avec Isidore de Séville. Jacques Le Goff n'hésite pas à parler d'un long moyen-âge qui se serait poursuivi jusqu'au XVIIIe siècle. Et le dernier chapitre du livre de Alain Demurger "temps de crise, temps d'espoir" se nomme "Pour en finir avec la renaissance" rejette cette coupure et met ensemble une les années 1450-1560 comme étant une période de reprise économique. Je ne suis pas sûr que l'histoire politique soit la plus déterminante pour etablir les différentes périodes, et pour nuancer encore plus il ne faut pas oublier non plus que les périodes de transition c'est tout le temps, pas à certains moment précis. Un état centralisé et moderne, c'est un état respecté dans toutes ses frontières, pouvant lever un impot unique sur tout le territoire, avec une administration centrale. Un Etat central et moderne ne peut aller de pair avec la féodalité. En France, il y a eu maintes tentatives de centralisation, sous Philippe le Bel, Charles V, Louis XI, Richelieu, Louis XIV. Il y a toujours eu de vives oppositions avec la noblesse. La "fronde" au milieu du 17ème siècle, ou les opposition des parlement de nobles au pouvoir royal (et plus particulièrement le parlement de Paris) au 18ème siècle. Il a bien fallu attendre 1789, pour que soit mis à bas tout le système de la féodalité, des généralités, et le redécoupage de tout le territoire français en départements. A partir de ce moment là on pouvait vraiment parler d'un état centralisé et moderne. L'ancien régime correspond à cette définition d'état moderne, état centralisé je ne sais pas, c'est plutot l'idéologie du jacobinisme, mais état moderne oui. Et comme toujours l'état a beneficié de la guerre pour sa construction, par la mise en place d'un système d'impot permanent. Je ne vois pas pourquoi les oppositions de la noblesse prouverait qu'il n'existe pas d'état moderne, bien au contraire je pense surtout que la fronde a été vouée à l'echec.
Pour la féodalité, elle existe encore à la révolution, mais sous forme de restes seulement, dès le XIIIe siècle elle commence à décliner, certains historiens avancent même la bataille de Bouvines en 1215 comme date symbolique.
Je ne vois toujours pas de date déterminante fixant le début du moyen age et la fin de l'antiquité. L'antiquité finissant au 6ème-7ème siécle, je ne sais pas si ça tient vraiment debout. L'antiquité c'était les grandes civilisations d'écriture, mésopotamiennes, grecques, égyptienne, phéniciennes, et romaine. La chute de Rome en 476 a signé la disparition de la dernière grande civilisation issue de l'antiquité. Les barbares ont évidemment cherché à copier les romains (un peu vainement) en tentant des compilations de droit écrit, en copiant des modes et des procédés romains. Mais la période de transition que tu semble retranscrire pourrait se prolonger jusqu'aux carolingiens. Personnellement je ne ferai pas partir le Moyen Age et finir l'antiquité au couronnement de Charlemagne, ça me paraitrait assez ridicule.
Moi non plus je n'en vois pas mais comme je te l'ai dit ce n'est pas l'essentiel, et si il fallait trouver une période la fin du VIe siècle me semble bien pertinente, je ne reviens pas sur les argus que j'ai déjà exposé a propos du peu d'importance de la date de 476, je ne reviens pas non plus sur le commerce au nord de l'Europe au VIIe siècle qui marque un changement de civilisation. Je précise aussi qu'au VIIe siècle il y a une reprise démographique avec amélioration climatique et la situation ethnique et politique devient plus stable, mais si je devais trouver un argument encore plus pertinent pour souligner la période du VIIe siècle pour marquer la véritable entrée dans la civilisation médiévale, c'est bien la transformation des pratiques funéraires.
Les basiliques sont fondés sur les restes des saints (martyrs et évêques fondateurs puis pionniers du monachisme) dans des necropoles à l'exterieur des villes. Un culte des Saints et donc des reliques se développe. Ces basiliques sont devenu des pôles d'attraction (grâce aux donations, à l'afflux des pélerins) et deviennent peu à peu des lieux de vie et des centres économiques. Puis le tabou antique qui interdisait l'inhumation dans les lieux habités est transgressé: on enterre plus les morts à l'exterieur des cités mais au centre de celle-ci, dans l'espace consacré aux églises. Les corps ou les reliques des saints dégagent une énergie qui poussent les chrétiens à se faire enterrer à côté. Non seulement le paysage change, mais les mentalités aussi : désormais les morts et vivants cohabitent, solidaire dans l'attente du jugement dernier.
Ce phénomène va de pairs avec les transformations dans les structures agraires. Les latifundia, grands centres d'exploitations aristocratiques autour de la villa, heritiers de l'antiquité, exploitant des esclaves disparaissent seulement au VIIe siècle. Au VIe siècle le nombre d'esclaves commence déjà à baisser fortement et au VIIe ils sont en partie remplacés par des slaves (d'ou le mot esclave, qui remplace celui de servus). Pour palier ce manque les grands propriétaires font entrer dans leur dépendance des petits paysans libres chassés de leur exploitation par la misère, l'impot et l'insécurité. Ils dépècent leurs domaines, les esclaves, en restant dépendant ont désormais leur propres exploitation (ce qui encourage la production) et leur propre habitat (ce qui encourage la reproduction). Bref leur mode de vie devient très proche de celui des petits paysans libres: ils ont, esclaves comme paysan leur propre maison et leur propre exploitation. Tout ça pour te dire, qu'une fois de plus c'est au VIIe siècle qu'à lieu la transformation, c'est la qu'on passe d'une économie agraire antique à une économie agraire médiévale. On passe de la villa au village.
Mais sous cloclo la page était déjà tournée et les peuples barbares se battaient pour le partage des territoires ayant appartenu à l'empire romain. Mais c'etait déjà le cas avant 476.
Quelles institutions? Le territoire de l'ex empire romain d'occident morcelé en d'innombrales morceaux, il n'y avait plus d'institution à la romaine, plus de prêteurs, plus de province. Une application du droit coutumier, même s'il y avait eu des tentatives primitives de retour au droit romain (bréviaire d'Alaric chez les wisigoths). Le système en place était dès lors celui des germains. En fait les liens entre les cités et la tête de l'Empire sont déjà rompu avant l'évènement de 476.
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