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Biographie : Asphyx

Asphyx. Aujourd' hui ce légendaire combo (pourtant précurseur de la scène death néerlandaise avec Pestilence et Gorefest) semble oublié. Il était donc grand temps de remédier à cet état de fait. Amateurs de groupes tels que Venom, Possessed, Death et Hellhammer, le batteur Bob Bagchus et le guitariste Tonny Brookhuis fondent de manière un peu anticipée Asphyx en 1987. En effet outre une formation incomplète, ces jeunes musiciens sont encore inexpérimentés et manquent de pratique, mais qu' importe !

L' année suivante Bob Bagchus rencontre le guitariste/vocaliste Theo Loomans qui partage lui aussi les mêmes goûts et centres d' intérêt (fascination pour l' occultisme et la mort). Ensemble ils fonderont un éphémère duo de doom death: Evoker, qui sortira une unique demo baptisée "Insurrection of Doom". Pendant ce temps Christian Colli a rejoint Asphyx au poste de bassiste/vocaliste. C' est ce trio nouvellement formé qui va enregistrer la 1ère demo officielle du groupe "Enter the Domain". A l' image des références précédemment citées à leurs débuts, le death metal d' Asphyx est extrêmement rudimentaire (version poussive du "Countess Bathory" de Venom à l' appui).

1989 est synonyme d' évolution et de changement pour Asphyx. En effet Eric Daniels s' empare du poste vacant de 2nd guitariste tandis que Christian Colli fait ses bagages. On le retrouvera 2 ans plus tard chez Sacrosanct, un groupe de thrash mené par Randy Meinhard, ex-guitariste de Pestilence. Quant à savoir qui va le remplacer chez Asphyx, Bob Bagchus n' hésite pas à proposer à Theo Loomans de les rejoindre. Ce dernier accepte de récupérer la basse à son compte en plus des vocaux et c' est sous forme de quartet que les néerlandais retournent en studio pour enregistrer leur 2ème demo: Crush the Cenotaph.

Leur progression en tant qu' instrumentistes et les partis pris concernant l' orientation musicale sont nets. A la faveur de tempos ralentis et d' une production plus audible Asphyx nous dévoile un doom death relativement primitif axé sur la lourdeur et le groove, à l' instar d' un Morgoth. L' apport du guitariste Eric Daniels aux compositions d' Asphyx est considérable dès le départ. Il amène une nouvelle dimension au travers d' excellents soli qui deviendront une marque de fabrique et un signe distinctif pour les néerlandais. De son côté Theo Loomans remplace avantageusement son prédécesseur.

Les progrès accomplis les conduisent à quitter l' autoproduction pour signer sur la petite structure "Gore" qui produit en 90 le vinyl "Mutilating Process". Avec ce 2 titres les néerlandais enfoncent le clou et poursuivent sur la voie emprunté avec "Crush the Cenotaph". Mieux produit, plus technique et contrasté, cet EP dévoile le potentiel d' un groupe qui apparait dès lors comme très prometteur. Mais il laisse aussi apparaitre les limites du guitariste fondateur Tonny Brookhuis qui choisit de quitter Asphyx pourtant en pleine ascension.

En 91 tandis que les néerlandais obtiennent à la faveur d' une 3ème demo une signature sur un nouveau label allemand du nom de Century Media, Theo Loomans saute sur l' occasion pour rebrancher sa guitare (il fonde aussi Swazafix un groupe de thrash death qui sortira 2 demos). C' est Martin Van Drunen frontman démissionaire de Pestilence qui est débauché au poste de bassiste/chanteur. En ce début de décennie tout semble réussir à Asphyx. Ils insufflent à leur 1er album "The Rack" la puissance et l' intensité qui faisait défaut à leurs demos. L' aspect rythmique est privilégié aux soli d' Eric Daniels qui apparaissent plus en retrait mais sont mieux utilisés. Asphyx évolue dans la bonne direction.

En 92 les néerlandais choisissent d' en remettre une couche en réenregistrant partiellement la demo "Crush the Cenotaph" comprenant 2 anciens titres réarrangés, un autre de leur 2ème album à venir ainsi que 2 morceaux live. Cet EP prépara le terrain à un "Last One on Earth" à la genèse bien chaotique. Je ne sais si le début de reconnaissance d' Asphyx leur monta à la tête mais toujours est-il que ses membres jouèrent un bien mauvais tour à Martin Van Drunen, ce dernier enregistrant seul ses parties sans savoir qu' il ne faisait déjà plus parti du groupe. Les néerlandais, non content de l' évincer en installant Ron Van Pol à son poste, décidèrent d' utiliser les parties de Van Drunen qui figurent donc sur leur 2ème opus. Une détestable façon de faire qui n' enlève cependant rien à la qualité de l' enregistrement.

Histoire de témoigner un peu du respect qu' on lui doit en regard de sa carrière et de ce qu' il a apporté à Asphyx, je me permets une digression sur Martin Van Drunen. Outre ses travaux antérieurs avec Pestilence, les amateurs auront pu le retrouver sur le 2ème album des suédois de Comecon en 93 (en lieu et place de LG Petrov d' Entombed) et il retrouva un ex-Asphyx, à savoir Christian Colli, chez Submission, une éphémère tentative heavy metal menée par Randy Meinhard (Sacrosanct et ex-Pestilence). Ces contributions mises à part il intégra le line-up des guerriers anglais de Bolt Thrower entre 94 à 97. Par la suite Martin Van Drunen disparu un temps de la circulation avant de refaire surface en 2001 avec un nouveau groupe: Death by Dawn.

Mais revenons en à Asphyx qu' on avait laissé aux prises avec son 2ème opus "Last One on Earth". Tout en étant plus nerveux et chaotique que "The Rack", ce dernier confirme les espoirs de Century Media et des amateurs de death les plus éclairés (et les plus avides). Classique mais très efficace, ce 2ème album entièrement dévolu à la cause du death "traditionnel" est considéré par certains fans comme leur meilleur enregistrement. Il permet aussi aux néerlandais d' enchainer les dates sur une période de presque 2 ans. A son retour, Asphyx a grandi, et c' est enrichi de cette expérience scénique qu' ils s' attèlent à leur 3ème opus qui, c' est décidé, sera éponyme. Tout un symbole...

En 94 l' inspiration est donc au rendez-vous mais les dissentions aussi semble-t-il. J' en ignore la ou les raison(s) mais le batteur et leader de la troupe Bob Bagchus cède temporairement sa place à Sander Van Hoof (aka Roel Sanders fraichement intégré à Inhume, futur God Dethroned, et ex-Malignant) qui se charge des sessions studio. Asphyx fait apparaitre 2 invités sur son album eponyme, à savoir le claviériste Heiko Hanke (qui n' a pas grand chose à faire il est vrai) et plus surprenant le guitariste cofondateur du groupe Tonny Brookhuis qui se charge des soli habituellement attribués à Eric Daniels.

Ce nouveau cru toujours plus consistant et bourru bénéficie aussi d' un mixage signé Andy Classen qui leur redonne un peu du groove de leurs débuts (avec une section rythmique mise en avant). Les vocaux de Ron Van Pol plus rauques que ceux de ses prédécesseurs conviennent parfaitement à un ensemble certes accrocheur mais guère novateur (cela dit ce n' est pas ce que les fans leur demandent). "Asphyx" sera l' unique témoignage studio de son passage dans le groupe, ce dernier étant à son tour remercié. On l' appercevra un temps chez Twisted Truth à l' aube du nouveau millénaire.

De nouveau en galère de line-up Asphyx doit se remettre en question, d' autant que l' âge d' or du death metal semble révolu. Bob Bagchus réintègre donc son poste (et récupère les rênes du groupe par la même occasion) tandis que Theo Loomans fait machine arrière, abandonnant la guitare pour remplacer Ron Van Pol. Eric Daniels redevient l' unique gratteux d' un groupe revenu à la formule du power-trio. Les néerlandais disparaissent alors de la circulation. Le déclin est amorcé et les 1ères rumeurs de split se font entendre. Mais Asphyx n' a pas encore dit son dernier mot et revient à la charge 2 ans plus tard.

En 96 le groupe flanqué d' un nouveau guitariste (Ronny Van Der Wey) dégaine "God Cries" un 4ème album atypique. Piochant sans vergogne quelques idées chez leurs voisins de Morgoth, les néerlandais tentent un dernier coup de pocker en changeant leur fusil d' épaule. L' intégration d' un feeling plus rock et de parties mélodiques n' est pas une mauvaise idée mais la production trop brouillonne à mon gout diminue leur impact. Les critiques sont mitigées et quoi qu' on en pense l' album passe inaperçu. Sentant le vent tourner le trio Bob Bagchus, Eric Daniels et Theo Loomans prépare sa reconversion en secret.

Visiblement conscients de l' accueil devant être réservé à "God Cries", ils ont concocté avec l' accord de Century Media "Embrace the Death" une semi-compilation (moitié inédits / moitié titres de leurs demos/EP) au nom évocateur qui débarque seulement quelques mois après la sortie de God Cries. Un empressement qui peut paraitre étrange mais qui s' explique lorsqu' on apprend qu' à l' instar des membres d' Autopsy avec Abscess, le trio d' Asphyx a crée un nouveau groupe: Soulburn (une façon de splitter sans avoir à l' annoncer).

Après une 1ère demo autoproduite qui voit Century Media leur renouveler sa confiance (un tel soutient à ce nivau et dans un tel contexte est chose rare !) Theo Loomans quitte Soulburn et raccroche. Bob Bagchus et Eric Daniels se tournent vers Wannes Gubbels, frontman de Pentacle depuis 1989, le candidat idéal en somme. Soulburn enregistre en 98 son unique album "Feeding On Angels". Mais incapables de proposer autre chose que ce qu' ils ont dans les tripes, à savoir un death metal "traditionnel" d' inspiration 80's, ils choisissent d' abandonner le patronyme Soulburn pour récupérer Asphyx, avec la bénédiction de Century Media.

Durant les derniers mois de 99, le Asphyx nouvelle génération enregistre un 5ème (sans compter Crush the Cenotaph et Embraced the Death) et ultime album "On the Wings of Inferno". Cet opus brut de décoffrage parvient à synthétiser plus de 10 ans de carrière en moins de 30 minutes, signe d' une formation à la motivation retrouvée. Mais quelques mois plus tard Theo Loomans décède dans un accident qui se révèlera être un suicide. Par respect pour lui, Bob Bagchus et Eric Daniels décident d' arrêter les frais. Cette fois ci Asphyx c' est terminé. Depuis seul l' inusable Wannes Gubbels a continué à assouvir sa passion pour le death metal au sein de son groupe de toujours: Pentacle.