OBSIDIAN GATE
COLOSSAL CHRISTHUNT (Album)
2001, Skaldic Art Productions




BEERGRINDER : 14/20
Alors que le Death Metal fait un retour en force avec d’un côté l’avènement de nouveaux groupes (Nile, Anata, Hate Eternal,…) et de l’autre le second souffle de ténors comme Malevolent Creation et Morbid Angel, le Black Metal se voit à son tour récupéré par des combos souhaitant s’éloigner des préceptes et adoucir leur musique pour éventuellement toucher un plus large public. Ceci est particulièrement vrai pour le Black Metal dit symphonique avec une multitude d’opportunistes ayant piétiné allègrement l’authenticité du style, ou tout simplement indigne de leur dénomination (spéciale dédicace à Mystic Circus).
Obsidian Gate ne mange pas de ce pain là et n’a cure de placer un single mielleux sur MTV. Le trio de Düsseldorf s’installe donc dans sa ville au Tollhaus Studio et y met en boite un deuxième album de Black Metal symphonique dans les règles de l’art, nommé Colossal Christhunt (2001).

Au cas où nous l’aurions oublié, les envolées de Urgewalten rappellent immédiatement leur mentor musical Limbonic Art. Toutefois l’ambiance n’est plus purement galactique comme dans le bien nommé The Nightspectral Voyage : on y distingue des velléités plus guerrières et antiques, à l’image de la pochette, tirée d’une toile de maître représentant un gladiateur victorieux piétinant ses victimes dans l’arène.
Les compositions sont plus travaillées que sur le premier opus, les orchestrations de Marco et Daniela ont gagné en maturité. Les nappes de clavier sont plus subtiles, moins effrénées et trépidantes que par le passé, mais suivent un schéma plus complexe. On y trouve d’ailleurs plus fréquemment des lignes superposées différentes mais complémentaires. Les experts en écriture musicale au sens strict y verront une avancée, tandis que les inconditionnels de la pureté originelle regretteront une légère perte d’authenticité et de folie.

Même si les structures sont légèrement plus complexes, l’esprit reste le même, la sensation de tempête "Black sympho" est plus que jamais présente sur Behold the Imperial Rise, titre épique et dynamique mettant en lumière une autre de leur influence majeure : Bal Sagoth. Afin de parfaire leur concept, Obsidian Gate parvient à nous immerger en plein empire romain sur la remarquable Dux Bellorum, qui là encore peut faire penser aux anglais (Blood Slakes the Sand at the Circus Maximus tiré de Battle Magic). L’enchaînement avec le terrible Of Purest Pandaemonium est le temps fort de l’album : un titre immersif et narratif suivi d’un autre extrêmement violent, rapide et intense, avec cette fois un bon travail sur les guitares. Cette sensation d’overdrive symphonique omniprésente sur leur premier album se retrouve donc de temps à autre, notamment sur Tide of the Envenomed Oceans.
La longueur des chansons a diminué de façon notable : de 5 titres pour presque une heure, nous nous retrouvons avec 6 pour 45 minutes. On y gagne en concision, mais on regrette l’absence des très longs titres à tiroirs héroïques qui faisaient la particularité de The Nightspectral Voyage.

Ne s’occupant guère des modes en vigueur du moment, Obsidian Gate perpétue tout simplement la tradition d’un Black symphonique pur, non pollué par la modernité aseptisée et / ou le mercantilisme. Hélas, bien que distribué par Napalm Records, Colossal Christhunt ne connaîtra qu’un succès d’estime dans l’underground, sans parvenir à s’imposer réellement, le groupe splitera d’ailleurs en 2003 après un ultime EP, avant de se reformer en 2007 sans résultat tangible jusqu’à présent.
Vu la rareté du produit à l’heure actuelle, il vous faudra hélas débourser une somme colossale pour acquérir ce bon disque…

BG

2012-02-16 21:19:16