HEIDEVOLK
BATAVI (Album)
2012, Napalm Records (AUT) / Mazzar Records




AlonewithL : 13/20
Après un formidable « Uit Oude Grond », glorieux fait d’arme ayant élevé les néerlandais de « Heidevolk » en haut des cimes du folk metal, le livre d’Histoire des Pays-Bas était maintenu ouvert, marquant la fin des péripéties saxonnes. Il est resté ainsi dans l’état durant deux années, avant qu’une fenêtre s’ouvre par la force d’une bourrasque. Celle-ci s’introduisit dans la pièce, à l’humidité chargée de l’eau de la mer du Nord, et venait souffler sur les pages de l’ouvrage. On remonte donc le temps en arrière pour en venir pratiquement aux premières feuilles. On identifie encore aujourd’hui la population néerlandaise au terme « batave ». Mais d’où vient ce mot? Quelle est son origine? C’est ce que tendrait à nous convier désormais la nouvelle lecture faite par « Heidevolk ». L’issue de cette nouvelle bribe d’Histoire en terres hollandaises et de ce nouvel album nommé « Batavi », s’annoncera moins prestigieuse que celle qui avait été rapportée sur les belliqueux guerriers saxons. Durant l’antiquité, les bataves étaient une composante du peuple des Chattes (germains localisés dans l’actuelle région de Hessen en Allemagne), qui auraient remonté le Rhin pour s’installer à son embouchure. Là, ils deviennent alliés et tributaires de l’Empire Romain. L’album en question parcourt cette période, jusqu’au soulèvement batave de 69-70 ap JC contre l’Empire, réprimé sous le règne de l’empereur Vespasien.

Ce tragique épisode se verrait symbolisé sur la couverture de l’album par un masque de guerre ensanglantée. Pour le coup les cornes à boire disparaissent du logo. L’heure n’est donc pas à la fête et les photos des membres du groupe trahissent d’ailleurs une certaine mélancolie. Mais, en évoquant justement les photos du livret, personne n’aurait remarqué un petit inconvénient? On a dans l’ordre Rowan, Sebas, Joost, Joris, Mark, … Rowan encore qui remplace sur le champ visuel Raemon. Pour une formation aussi respectable et chez le gros marchand qu'est devenu Napalm Records, ce genre de petites, mais grossières, bévues fait décidément tarte. Je n’avais encore jamais vu une pareille bourde dans un livret depuis la sortie du « Gods of War » de « Manowar », qui était une sommité de grand n’importe quoi en la matière. Musicalement, « Batavi » satisfera une majorité de fans, mais néanmoins laissera sceptique quant à son avenir, au surplus avec le départ de Sebas Bloeddorst qui se profilait déjà avant l’enregistrement. Un membre essentiel au groupe, qui signe encore des compositions sur cet opus. Des combats difficiles s’annoncent pour « Heidevolk ». Le temps n’est plus à la conquête, ils auraient dorénavant besoin d’une révolte.

C’est par un nouveau début, par « Een Nieuw Begin » que cette nouvelle sortie commence. On rentrerait tout de suite dans le vif du sujet, dans le brut, pas besoin d’entame alambiquée ou d’introduction. Ce qui aurait pu paraître convenu, mais adéquat. Enfin passons. « Heidevolk » nous donnerait droit à ce qui se fait de plus compact et massif dans le milieu du folk. On reconnait bien cette paire de voix tribales si reconnaissables à la formation. Le riffing lui déçoit par sa nature peu imaginative et fortement rigide. Cela aurait pour mauvais effet de ne mettre constamment en position d’attente d’un élément déclencheur. Il y aura bien cette accélération en milieu de piste, mais le fan de folk est un gros mangeur en général et en attendrait plus de la part d’un poids lourd de cette scène. Heureusement le titre suivant pourra à terme le rassasier. « De Toekomst Lonkt » met la patate au menu et nous fout des beignes en entrée. Le riff tonitruant et thrashy qui nous parvient en première ligne serait une similitude à celui de « Hand of Doom » de « Manowar » (encore un lien fait avec ce groupe de heavy metal bodybuildé). Même si cette brusque tonicité s’estompera dans son impact au fil des passages et des différents rebonds, nous avons là le morceau le plus relevé de la galette.

Le produit n’est pas dépourvu de titres forts et puissants, comme « Als de Dood Weer Naar Ons Lacht » et sa rythmique soutenue inspirée de la scène black/pagan. On avait déjà du remarquer quelques clins d’œil adressés au metal extrême pagan sur « Uit Oude Grond ». Ici, nos compères poursuivent dans la voie tracée par leur précédente œuvre, avec bien moins s’inspiration cependant. Le présent titre comme « Vrijgevochten » ne laisseront pas un souvenir impérissable. Exploitant pourtant tous les deux une fibre pagan. Le dernier des deux étant le moins digeste. Linéaire, trainard. Contenant les ingrédients essentiels à la lassitude du gentil et courageux auditeur. Il y aurait pour contrebalancer cette expertise un second souffle en seconde partie de piste, lié aux affinités de « Heidevolk » à l’extrême et plus singulièrement au black pagan. Mouvement perceptible en premier lieu au niveau des guitares. Ce n’est décidément pas très festif tout ça, heureusement de l’entrain viendrait s’ajouter, notamment avec « In Het Woud Gezworen ». Il ne faudra pas faire attention à ses prémices adoptant un ton grave et cassant. Vite, on se rassurera quand nous parviendront des riffs étriqués et électriques. Là encore, le pagan fera son apparition, très exactement sur le break instrumental du morceau, associé à de l’acoustique. Autre élément en commun avec « Als de Dood Weer Naar Ons Lacht » et « Vrijgevochten », la redondance de la musique, qui pour le coup pousse vraiment à la répétitivité.

« Het Verbond Met Rome » souffrirait également d’une certaine redondance, et ce serait lié lui aussi au dynamisme pagan, si on prend en compte la violence et le tabassage produits par la batterie de Joost. Seulement, en faisant légèrement abstraction de ce côté impétueux, nous pourrons y dégager une composition chaloupée propre aux deux premiers opus. Impression d’ailleurs renforcée par un chant plus acteur du duo Joris/Mark. Un chant toujours au défit, gagnant en fluidité et en domination sur une musique concassée, sèche, morose. Il y aurait là une véritable cassure, un duel au corps à corps entre les chanteurs et les instrumentistes. Les derniers se montrant impitoyables devant la fraîcheur et la relative naïveté des deux voix. À noter, l’apparition du violon, apportant de sa fragilité, de sa tendresse mélancolique, comme il le fera de plus sur l’instrumental « Veleda », nom de la celle qui avait prédit la victoire des germains sur les romains et qui aurait intrinsèquement inspiré la révolte ou du moins été l’une de ses sources. On le retrouvera partiellement sur l’incontournable « Wapen Broeders ». Le meilleur titre de « Batavi » sans qu’il y ait à discuter. Prenant une dimension hymnique des plus palpitantes et souples, remontant bien au premier opus du groupe, « De Strijdlust Is Geboren ». Le rendu ne montre aucun signe de crispation et n’est plus aussi campé sur ses appuis, d’où un rehaussement niveau qualitatif.

« Batavi » n’est pas vraiment ce que l’on pouvait attendre de « Heidevolk », après un « Uit Oude Grond » qui contenait des arguments de poids pour rosser la concurrence. Là pas de « Saksenland », de « Nehalennia » ou de « Het Bier zal Weer Vloeien ». Pas le moindre titre majeur, comme le groupe avait eu l’occasion d’en produire pour chacun de ses produits, si on excepte néanmoins à demi-mesure « Wapen Broeders », qui n’est pas non plus comparables au niveau que pouvait offrir cette authentique formation batave au préalable. L’album prendrait un tournant pagan, que l’on a déjà pu voir entamé par son prédécesseur, sans le même brio. La qualité technique ne serait pas contestable en soi, les critiques à faire seraient essentiellement dirigées contre le manque d’engagement et d’inspiration des membres, la linéarité et la faible durée de l’album (environ 39 minutes, presque l’équivalent de celui d’un EP). À l’écoute des quelques riffs constipés, on aurait envie de leur dire de manger de la Batavia. Tant d’attente pour en arriver à un album, certes dans un folk/pagan soigné, travaillé, mais peu approfondi., que cela peut être frustrant pour un fan prêt à débourser 20 euros pour le nouvel ouvrage d’un de ses groupes préférés. L’ouvrage le moins percutant de « Heidevolk ».

13/20

2012-03-23 13:55:31


Renaud62 : 15/20
Un album que j'attendais avec impatience !!!! Le nouvel album de la révélation folk métal de ces dernières années : HEIDEVOLK !
A noter que cet album est le dernier de Sebas (guitariste fondateur du groupe). Cet album lui fera-t'il honneur ??
Suite aux trois excellents premiers albums, j'attends de cet album une continuité de "Uit Oude Grond" qui est l'album de référence pour ma part

L'album démarre avec "Een Nieuw Begin" (ah oui je ferais une track par track pour faire une conclusion générale à la fin) ou l'on repère immédiatement le style unique de ces guerriers hollandais avec un riff d'intro qui n'est pas sans rappeler "Nehalennia. Les mélodies entrainantes font de ce morceau : un morceau taillé pour le live et parfait pour ouvrir ce nouvel opus.
"De Toekomst Lonkt" est aussi faite pour le live avec ce refrain guerrier et l'alternance parfaite entre riffs saccadés et mélodies mélancoliques. Je ne peux m'empecher de remarquer une bien meilleure coordination entre les deux voix. Meme si sur les autres les voix étaient parfaitement réglées : je dois dire que là ça fout vraiment les frissons.

Mais ce que je craignais arriva. Dès le troisième titre on repère les premières limites de cet album. Le riff continu assez bourrin de "Het Verbond Met Rome" est inutile, les transitions sont assez répétitives et le refrain guerrier ne fait oublier que partiellement ce que l'on a entendu précédemment. Sur quel ton sera la suite de l'album ? Cet opus continue avec "Wapenbroeders" : très bon morceau, assez entrainant pour devenir un morceau phare en live et ici les riffs saccadés empêchent efficacement ce morceau d’être plat. Mais, la pire de l'album arrive.... "In Het Woud Gezworen" débute avec une longue intro pour quelque chose de banal finalement. Une linéarité qui nous blase du morceau, ça tourne en rond....Heidevolk nous a déjà proposé bien mieux... Une piste à oublier !

Mais "Veleda" me reconcilie avec cet opus : instrumentale magnifique (bien que trop courte).Le coup de coeur et grande réussite de cet album pour ma part.
On enchaine avec "Als de Wood Weer Naar Ons Lach" présenté comme le titre phare de l'album. Bien que ça ne soit pas le meilleur titre de l'album, il est assez représentatif de l'album : alternance mélodies et riffs saccadés. Malgré tout on ne peut s'empecher d'éprouver une certaine nostalgie en repensant aux "Ostara" ou "Saksenland". Enfin, les deux derniers morceaux finissent l'album en beauté : au niveau de ce que l'on attend du groupe.


En conclusion : un bon album taillé pour le live, le calage entre les deux voix est parfait et le style guerrier de plus en plus mis en avant par le groupe. Cependant, attention à ne pas perdre son identité... Parfois les riffs bourrins prennent le dessus sur les mélodies et rendent les morceaux linéaires. De plus, les choeurs "OhOhOh"(désolé de nommer ces choeurs ainsi) sont trop banalisés.. On met ces choeurs quand le riff est trop simpliste ou autre raison...
Heidevolk, dans ce quatrième album, cherche encore son style. Orientation plus guerrière ou continuer en tant que pur folk métal? Le juste milieu est le morceau "De Toekomst Lonkt" qui devrait etre le fil directeur pour le prochain opus. Ma note de 15/20 se justifie de cette manière : un bon album mais moins bon que les deux précédents. Ce que j'aime avec Heidevolk c'est des mélodies folk et parfois un break brutal : or ici il arrive que l'on ait la tendance inverse.
Ceci dit, Heidevolk n'a pas déçu : bien au contraire ! Un bon album pour tous les fans du groupe et du folk métal

2012-04-01 01:41:08