SADUS
SWALLOWED IN BLACK (Album)
1990, Roadracer Records




Fabien : 18/20
Formé en 1984 dans l'état de Californie, Sadus officie à ses débuts dans un registre thrash rapide et violent. Il enregistre en 1986 la démo Death to Posers, qui lui vaut une participation remarquée sur le split culte Raging Death de Borivoj Krgin, aux côtés de Ravage et Xecutionner (Atheist, Obituary). Mais, ce n'est qu'à partir d'Illusions, son LP auto-produit en 1988 et vendu à 7000 exemplaires (réédité en 1991 en version CD sous le nom Chemical Exposure), que le quatuor attire l’attention de Monte Conner, Boss de Roadrunner, qui décide alors d'ajouter le groupe à son catalogue. Le contrat débouche sur les sessions de Swallowed in Black en mai 1990 sous la houlette de Michael Rosen (ayant enregistré le Souls of Black de Testament), puis sur sa commercialisation en octobre de la même année, en même temps que le génial Tower of Spite des anglais de Cerebral Fix, paru sur le même label.

A l’époque, Sadus est au plus proche de la fibre deathmetal et sort ainsi un Swallowed in Black au style plus brutal, représentant à ce jour son missile le plus crasseux, rapide & agressif, à l'image de son illustration montrant la mort évoluant dans un marais gluant et goudronneux à souhait.

Dès le titre Black, tout commence très vite, sur une musique véloce et survoltée où les guitares tranchantes soutiennent la voix écorchée de Darren Travis, qui se déchire littéralement les entrailles à chaque cri. Puis vient le redoutable Man Infestation avec son introduction lente & morbide, sur des chuchotements inquiétants se transformant très vite en un tonnerre de vitesse et d’agression. Le décor est ainsi planté pour le reste de l’album, dominé par cette déferlante de riffs monstrueux et ces petites intros utilisées avec parcimonie, insufflant à l’ensemble une atmosphère glauque & mystérieuse, pour citer la mort latente d'Arise, la folie de Last Abide ou encore la furie de The Wake et Images.

Sadus n'est pas en reste côté technique, imposant les jeux de guitares de Darren Travis & Rob Moore d’une sacrée dextérité, sur le rythme pourtant effréné de Jon Allen. Les superlatifs manquent également pour exprimer la précision et la richesse des lignes de basse de Steve DiGiorgio, qui effectue un travail remarquable, dans un style extrême où les bassistes s’appuient malheureusement trop souvent sur les guitares.

Différent du deathmetal de l’époque, plus généralement massif et caverneux, Sadus sort ainsi un album possédant une identité très forte, mixant à la perfection la violence et la rapidité du thrash avec les aspects les plus malsains et sombres du deathmetal. Plus injustement méconnu à sa sortie, en regard des incontournables Consuming Impulse, Deicide et Slowly We Rot du même label à cette époque, Swallowed in Black reste une pièce à insérer dans toutes les discothèques extrêmes, sa vitesse hallucinante et la richesse de ses atmosphères façonnant un joyau unique en tout point.

Fabien.

2007-05-22 00:00:00