Karma to Burn + Sons of Morpheus + Ecstatic Vision + Domadora @Aix Le Korigan 23-04-2016

le Samedi 23 Avril 2016, Le Korigan

En ayant passé toute ma jeunesse aux alentours d'Aix-en-Provence, ce fut pourtant en avril dernier la première fois que j'assistais à un concert de metal dans la région. Il faut dire que la région PACA n'est pas l'endroit le plus metal de France, et lors de tournées internationales, les groupes s'arrêtent bien plus souvent à Paris, et lorsqu'ils osent venir en province, à Lyon, Rennes, Nantes ou Strasbourg. Karma to Burn a fait le choix d'une longue tournée européenne, avec pas moins de cinq dates françaises et en l'occurrence un passage à Luynes, petite localité à quelques kilomètres d'Aix-en-Provence. C'est l'association Caught by the Fuzz qui les accueille, et qui est visiblement le spécialiste en ''bûche'' (comprendre : tout ce qui touche au stoner/sludge/doom/psyché) dans le coin.



Domadora

Le nombre de groupes accompagnant les Américains de Karma to Burn varie selon les dates, et ce soir-là nous aurons droit à un total de quatre performances. J'en profite pour découvrir la salle du Korigan, qui, il paraît, a été refaite récemment. Elle est de taille modeste, mais son agencement la rend plutôt respirable, contrairement à bon nombre de salles de cette dimension. On remarquera une petite alcove en hauteur sur la droite, qui peut laisser la place à une personne (mince) pour admirer royalement le show d'en haut.

Alors qu'une soixantaine de personnes se masse devant la petite scène, le trio parisien Domadora ouvre la soirée. Le groupe se présente comme du Heavy psyché, et force est de constater que l'étiquette n'est pas usurpée : les mélodies sont lourdes et lancinantes, et les guitares oscillent entre le gras et l'acide. La principale caractéristique de leur concert, c'est que tout est joué sans interruption, les musiciens ne parlent ni ne s'arrêtent à aucun moment pendant les presque quarante minutes de leur set. Le but est bien évidemment de réaliser une immersion complète dans la musique du trio, et dont on ne sortirait que lorsque la dernière corde de guitare aura cessé de vibrer. Le pari est osé et en accord avec la musique jouée.

Ainsi, sans pouvoir différencier les morceaux, Domadora fait alterner les émotions, en allant du gros son quasi-bruitiste aux moments plus intimistes et minimalistes, tout en gardant la veine psychédélique. Finalement, tout est question d'adhérer ou pas au délire. Le guitariste Belwil conclue le set en s'offrant une généreuse gorgée de Jack.

Ecstatic Vision

Alors qu'on s'attend à voir Sons of Morpheus débarquer sur scène comme il est prévu sur l'affiche, ce sont les Américains d'Ecstatic Vision qui prennent la relève. Heureusement, cela n'a rien changé par rapport aux durées de set ou à la présence du public. D'ailleurs, la salle continue de se remplir. Ecstatic Vision est donc un groupe venu des Etats-Unis, et plus précisément de Philadelphie, et qui comporte quatre membres suite à l'arrivée récente d'un flûtiste/saxophoniste, ce qui est déjà assez original.

Là aussi on fait dans le psychédélique et dans l'acide, mais en poussant beaucoup plus loin que Domadora. Les morceaux sont longs, peut-être un peu progressifs, et pas du tout monotones. Le saxophone apporte des touches colorées bienvenues, et la flûte contraste avec cette profusion de couleurs criardes pour apporter un peu de douceur. Comme pour son prédécesseur, la communication se résume au strict nécessaire. Néanmoins, on aurait peut-être aimé plus de chaleur de la part de musiciens somme toute assez distants et fermés sur eux-mêmes.

Sons Of Morpheus

Voici enfin les Suisses de Sons of Morpheus, qui fonctionnent sous forme de trio ; il faut croire que c'est le format qui fonctionne le mieux dans les musiques lourdes et grasses. En revanche, Sons of Morpheus se démarque très rapidement des groupes précédents : plus question de psychédélisme ici (ou très peu), faisons place à un hard rock/stoner gras et dynamique, lorgnant vers le blues, et définitivement old-school. Il y a un petit air de Scorpion Child. Même constat concernant la communication avec le public ; même si cela se résume à des banalités, le groupe fait l'effort de réveiller l'enthousiasme du public.

Le chanteur/guitariste Manuel Bissig en particulier donne beaucoup de sa personne pour faire vivre le show. On n'en dira peut-être pas autant du bassiste Lukas. Qu'importe ! Les compositions, courtes, sont très efficaces, et le Korigan commence à gigoter doucement. Bon signe : la zone tampon entre la scène et la foule se réduit peu à peu. Ce sera pour moi la bonne découverte de la soirée.

Karma To Burn

Alors qu'il commence à se faire tard (il est déjà 23h30, et je suis habitué aux concerts parisiens qui se terminent au maximum une heure plus tôt), le trio Karma to Burn entre en piste. On remarquera que le line-up a encore changé récemment : le bassiste punk Rob, qui joue aussi chez The Exploited, ne fait désormais plus partie de la bande, et est remplacé par un certain Eric Clutter qui n'a pas l'air d'un perdreau de l'année. Aux fûts nous retrouvons toujours Evan Devine, qui avait succédé à l'extravagant Rob Oswald quelques années auparavant. Avec un nouvel EP sorti en février, les maîtres de la bûche, menés par l'infatiguable William Mecum remettent donc leur titre en jeu. En réalité, il ne faudra pas bien longtemps au public aixois pour consacrer à nouveau Karma to Burn : des pogos apparaissent furtivement, et l'humeur générale est réhaussée d'un cran.

Des titres du nouvel EP comme des anciens sont joués, mais j'avoue avoir du mal à faire la différence, d'une part parce que j'ai beau avoir fait un bac S, je me plante toujours dans les chiffres de leurs titres, et d'autre part il faut bien reconnaître que leur style n'a jamais réellement évolué … Les bûches passent donc les unes après les autres, sans échardes et quasiment sans transition ; William Macum n'a jamais été un grand bavard.

Le son est toujours relativement bon depuis le début de la soirée, et les mélodies sont bien distinctes au milieu des riffs embrasés. Après que le batteur a éparpillé ses morceaux de baguettes un peu partout (des bûchettes, donc), le trio s'en va, humblement, devant un public aixois épuisé mais conquis. Karma to Burn, c'est simple, mais c'est bon.

 


3 Commentaires

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LostPhoenix - 05 Juin 2016: Une très bonne soirée, et le plaisir d'avoir partagé ces lives avec toi. Les groupes ont "envoyé du bois", mais j'avoue également que mon coup de coeur (et leur tee-shirt) va à Sons Of Morpheus. Merci pour ce reportage et ces superbes photos.
krakoukass56 - 11 Août 2016: Oui, photos d'enfer, bravo !
LeLoupArctique - 11 Août 2016: Merci beaucoup à vous deux :)
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photo de Le KoriganLuynes, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, France
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