Skálmöld

Nous avons profité du passage de Skálmöld à Lyon pour poser quelques questions à la moitié du groupe (Baldur, Gunnar et Jón), à propos de la tournée en cours, de la musique en Islande, et de leurs projets à venir.

Bonjour à vous, vous êtes en plein milieu de votre tournée européenne, comment ça se passe jusque là ?

Baldur : Très bien, on est extrêmement chanceux de tourner avec deux groupes super. C’est une très bonne compagnie, on s’entend et on se comprend très bien entre nous.

Est-ce que c’est vous qui avez choisi les autres groupes, ou eux qui vous ont choisis ?

Jón : En fait c’est un tour avec une double tête d’affiche, on se partage la tête d’affiche avec Omnium Gatherum, et on alterne qui joue en deuxième et en dernier.

Baldur : C’est notre agence de booking qui a organisé tout ça, et qui nous a proposé cette tournée. Il y a des gens qui connaissent tout le monde, qui réfléchissent aux groupes à combiner pour la tournée, et qui font les liens. Omnium Gatherum et Stam1na se connaissaient déjà avant, ça facilite les choses. C’est plus ou moins une personne qui gère tout ça.

Votre tournée s’appelle l’Arctic Circle Alliance, est-ce que c’est juste pour votre provenance géographique ou il y a une autre signification ?

Jón : Non, il n’y a pas vraiment d’autre signification. Omnium Gatherum et Stam1na viennent de Finlande, nous d’Islande, la proximité de l’arctique nous rapproche. Mais il n’y a rien de particulier en plus pour les concerts.

Vous n’avez tourné pour l’instant quasiment qu’en Europe, est-ce que vous avez des plans pour ailleurs, par exemple en Amérique ?

Baldur : On aimerait beaucoup. On a joué une fois en-dehors d’Europe, sur la croisière du 70 000 Tons of Metal. Mais c’est difficile pour nous d’aller jouer en Amérique, déjà qu’on n’est pas connus là-bas !

Jón : Pas encore ! (rires)

Baldur : Voilà, donc pour l’Amérique on a tout à construire du début, mais on est très déterminés !

Hellfest 2016

 

Vous êtes là en tournée européenne pour promouvoir votre album sorti l’an dernier, quelles sont les réactions jusque là ?

Jón : Très bonnes ! Mais l’album en lui-même est vraiment différent des précédents, donc la réception est différente. Celui-là est plus mélodique, alors que les deux précédents étaient plus sombres. C’est vraiment différent cette fois. On a des influences de tous les membres, on mélange tout ça, et le résultat est donc différent selon les périodes.

Quelles sont justement ces influences de chaque membre ?

Baldur : Alors Gunnar, c’est le gars « classique ». Il écoute du classique, il joue du hautbois, c’est des influences très différentes des notres. Il apporte les parties les plus étrange, mais c’est fait exprès (rires).

Jón lui est plus dans l’écriture des rythmes …

Jón : Ce qui est plutôt logique pour un batteur ! (rires)

Baldur : … Puis il est bon pour savoir jusqu’où on doit aller dans une chanson, pour mettre un cadre. Dans le groupe on n’a pas de restriction sur comment chacun apporte ses influences, on laisse toutes les inspirations venir. Comme on s’entend très bien entre nous, il n’y a pas d’ « aveuglement social ». On peut tout se dire. Quand c’est de la merde, on dit que c’est de la merde. On gagne beaucoup de temps comme ça ! (rires) Et comme on croit évidemment beaucoup en notre musique, ça se passe très bien. On n’a pas de plan sur ce que sera le prochain album, on ne prévoit jamais dans quelle direction va aller notre musique, c’est quelque chose de très spontané, on écrit ce qui nous vient à l’esprit sur le moment.

Jón : Et Baldur écrit beaucoup, même si tout n’est pas forcément retenu. Une bonne partie des riffs vient de lui.

Gunnar : Snæbjörn lui, apporte plus le côté joyeux et barré des compositions. Puis il écrit les paroles évidemment.

Jón : Þráinn, notre guitariste est plus dans le rock classique et le metal classique. Il a toujours baigné dans ça, ça l’influence beaucoup, et donc nous aussi par répercussion. On a trois guitaristes dans le groupe, mais lui est vraiment différent de Baldur et Böbbi, justement avec son jeu influencé par le heavy metal classique.

Baldur : Et enfin Böbbi (Björgvin) est plus comme moi, il écrit beaucoup, et il apporte beaucoup de riffs. Ça clashe un peu avec le gars « classique » comme c’est très différent, mais c’est ça qui créé notre musique !

Et qui apporte le côté viking, les influences de la mythologie ?

Gunnar : C’est Snæbjörn, mais c’est plus moi qui apporte les influences folk, et les mélodies des voix.

Vu depuis l’Europe continentale, on dit beaucoup que la musique islandaise a un son particulier, qui serait typiquement islandais. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ?

Jón : C’est difficile à dire, je pense qu’on est trop proches personnellement, qu’on n’a pas de recul là-dessus.

Baldur : Nous on se dit pas « il faut qu’on fasse de la musique islandaise ». On fait juste ce qui nous plaît, avec nous influences diverses. Évidemment on est influencés entre nous, comme c’est un petit pays. On connait tous la musique de Sigur Rós ou de Sólstafir par exemple. Je vois ce que tu veux dire, quand j’écoute Sólstafir dans la voiture, en conduisant sur les routes de campagne en Islande, je vois bien qu’il y a une connexion avec le pays. Mais une musique islandaise typique, je ne sais pas.

Jón : C’est vrai aussi quand on écoute les groupes de black metal islandais, on sent qu’il y a des influences communes, mais si ça se trouve ça n’a pas de rapport avec le pays, c’est juste que c’est quelque chose qui arrive en Islande. Mais tu vois, en Islande, la scène musicale est tellement petite, on ne peut pas se restreindre qu’à un seul genre. On joue tous plein de choses très différentes, et on se retrouve très souvent à jouer dans plein de groupes en même temps …

Baldur : Tous dans le groupe, on a plusieurs groupes. Je joue dans quatre ou cinq, je sais même plus ! (rires)

Jón : Puis on a tous plus ou moins joué de la musique pour enfants avant, on a fait beaucoup de théâtre …

Reykjavík Nasa 2016

 

Plusieurs fois vous avez eu des invités, sur album et sur scène, je me souviens avoir vu Aðalbjörn Tryggvason de Sólstafir ou encore Edda de Angist. Est-ce que c’est quelque chose que vous allez continuer à faire ? Est-ce qu’il y a des personnes que vous voudriez beaucoup inviter sur scène avec vous ?

Gunnar : En fait c’est pas tout à fait ça. On fait des concept albums, et donc sur scène quand on a des invités, c’est pour interpréter des personnages, qu’on ne pourrait pas jouer nous-même. On n’est pas dans une optique de vouloir inviter telle ou telle personne, il faut que ça serve le concept, que ça fasse sens.

C’est pour ça que vous ne jouez jamais Hel en tournée ?

Baldur : Exactement. On ne peut pas la jouer sans Edda. Elle a une voix très particulière, c’est impossible à reproduire, surtout qu’au même moment, sur la fin de la chanson, on est déjà Böbbi et moi en train de crier …

Gunnar : Puis Hel est très compliquée à jouer d’une manière générale, on a plein d’autres chansons en stock, donc c’est pas si grave !

En 2013, vous avez joué à Harpa (Reykjavík) avec un orchestre symphonique et des chœurs, est-ce que c’est quelque chose que vous voudrez reproduire un jour ? Ou dans le même genre ?

Gunnar : On en rêve tous, on aimerait bien sûr tous refaire quelque chose comme ça dans le futur, mais il n’y a absolument rien de confirmé.

Baldur : Puis c’est très compliqué à organiser, ça coûte très cher, ça nécessite beaucoup de logistique.

Gunnar : Déjà il nous faut un chœur de 150 personnes qui parle islandais, ça ne se trouve pas partout, donc ça va être encore plus compliqué d’organiser ça en-dehors d’Islande.

Baldur : Alors soit on réserve un énorme avion et on emporte tout le monde, soit on attend que l’Islande domine le monde, et que tout le monde partout parle islandais! (rires)

Gunnar : On va dire dans cinq ans environ !

On voit aussi parfois des groupes islandais jouer dans des endroits particuliers du pays, comme Kaleo qui a joué dans un volcan, ou sur un bout de glacier de Jökulsárlón … Est-ce que c’est quelque chose qui vous intéresse, à quoi vous pensez ?

Jón : Pour être franc, on n’en a jamais parlé entre nous.

Baldur : Ce n’est pas quelque chose qui nous intéresse vraiment. Nous on est plus dans les bons concerts de rock’n’roll à l’ancienne, où les gens sont serrés, qu’il fait chaud et que ça sent la sueur. On aime jouer en intérieur, ça nous intéresse pas trop autrement.

Jón : Et je crois que ce genre de performance très spéciale est plutôt faite pour le marché américain, c’est pas vraiment un but en soi pour la musique en Islande.

Justement, vous parlez beaucoup de rock’n’roll, de metal à l’ancienne, alors que dans les groupes de folk / pagan en Europe on les sent beaucoup plus centrés sur l’histoire, la mythologie, le folklore … Vous en pensez quoi ?

Baldur : Effectivement, on n’est pas vraiment comme ces groupes. Notre côté viking vient principalement du visuel, des paroles, des thèmes abordés. Mais nous n’avons pas pour but de faire du folk simplement pour jouer du folk. Je crois qu’on joue surtout du heavy metal, avec des influences variées. C’est notre thème qui peut être appelé viking, mais pas tellement notre musique. Mais c’est un bon point, ça nous différencie.

Est-ce que vous avez des plans pour le prochain album, commencé à écrire des morceaux ?

Jón : Pas vraiment, non. On a commencé des ébauches de morceau, mais on n’a pas le thème commun. On va attendre que Böbbi nous l’apporte et ai finit de le mettre en place. Ça sera probablement après la tournée, dans quelques mois, début 2018 …

Baldur : On n’a qu’à raconter l’histoire d’un plombier ! Voilà, ce sera l’histoire d’un plombier qui arrive au valhalla ! (rires)

Gunnar : Oh … Böbbi va adorer ton idée ! (rires)

Lyon 2017

interview réalisée par LeLoupArctique

2 Commentaires

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ironscorp - 13 Novembre 2017:

J'adore ces gars.

Merci pour l'interview

LeLoupArctique - 14 Novembre 2017:

De rien, c'était un plaisir de les rencontrer.

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