L'histoire de
Stratovarius et de Timo
Kotipelto nous semble aujourd'hui indissociable, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Le sieur
Kotipelto arrive dans le célèbre combo finlandais en 1992, et tout va pour le mieux jusqu'au début des années 2000. C'est à ce moment que commencent les guerres intestines ayant pour origine la forte personnalité du leader du groupe,
Timo Tolkki. Le choix de se lancer dans un projet solo pour prendre du recul est une assez bonne idée en soi, bien que sur le plan technique tout n'était pas gagné d'avance. En effet, la notoriété de
Kotipelto au sein de
Stratovarius tient beaucoup du talent de Tolkki ; celui-ci calibrant les compositions pour laisser cette voix si particulière s'épanouir. 95% des titres de
Stratovarius étant l'œuvre de Tolkki,
Kotipelto n'a jamais vraiment eu l'occasion de se lancer dans la composition. C'est cependant chose faite, puisqu'en 2002, il annonçait la sortie prochaine de son tout premier album solo, nommé
Waiting for the Dawn. Après avoir signé chez la puissante
Century Média, le Finlandais demande à quelques amis de l'accompagner. Citons par exemple les gratteux
Roland Grapow (
Helloween à l'époque), Mike Romeo (
Symphony X), ou encore
Arjen Anthony Lucassen (
Ayreon).
Mais y a-t-il vraiment la volonté de chercher le succès par un autre moyen que
Stratovarius ? Les chroniques portant sur les deux albums postérieurs de
Kotipelto en majorité pensent que ce projet solo est un défouloir pour lui. Ce serait un moyen de chasser les idées sombres. On aurait donc là une explication logique au fait d'avoir un album sur l'Égypte antique, pays ensoleillé avec une pochette lumineuse. On ressent bien tout cela dans la musique proposée. Si
Kotipelto ne s'éloigne guère du power mélodique à la
Stratovarius, les morceaux sont ici plus simples, plus directs, et moins grandioses.
Waiting for the Dawn commence tout en finesse, avec l'introduction, appelée simplement Intro, dans un grand souci d'originalité. On se met alors dans l'ambiance reposante et fascinante de l'Égypte antique, lors de l'un des rares passages aux mélodies arabisantes. Ensuite, il n'y a que très peu de références, à part dans les thèmes des paroles, avec tout plein de batailles épiques entre les dieux
Seth, Horus, Re ...
Les cinq premières chansons imposent de suite un rythme assez rapide, imposé par une batterie convaincante. Ces compositions n'offrent rien de vraiment original au niveau des instruments, à l'exception près des soli de guitare (
Roland Grapow, fidèle à lui-même) ou de clavier, mais c'est toujours un tel plaisir d'entendre la voix de Timo
Kotipelto. Celui-ci est en pleine forme, et chante comme à son habitude avec une aisance impressionnante. Les aiguës sont toujours aussi bien maîtrisés, à l'instar d'un Beginning au refrain bien entraînant.
On notera dans le même genre deux morceaux sortant du lot. Dans un registre typiquement power mélodique on retrouve un
Lord of
Eternity fort sympathique, proposant avec le clavier de belles ambiances chaleureuses. Du côté des paroles, par contre, on frôle le niveau zéro de l'originalité. Puis vient Battle of the Gods, qui dévoile une musique puissante et inspirée. Quant à l'histoire contée ici, elle se révèle captivante.
Sachant qu'un album de power metal sans ballade n'est pas un album de power metal,
Kotipelto tient à nous en offrir une. Beauty Has Come là non plus n'innove pas vraiment, mais propose néanmoins de très belles émotions, encore une fois grâce à la voix fabuleuse du Finlandais. C'est un très bel intermède au milieu d'autres titres plus rapides et puissants.
C'est ensuite le tour d'une autre catégorie de compositions, cette fois plus recherchées et légèrement plus complexes. Les morceaux sont un peu plus longs, avec peut-être une petite tendance progressive, que l'on retrouvait au même moment chez
Stratovarius. On retrouve, le temps de Vizier, les ambiances chaleureuses de l'Égypte antique, avant de repartir sur un ton plus grave et sérieux avec Chosen by Re. Le titre éponyme, ainsi qu'
Arise, continuent sur cette lancée, avec encore des soli de guitare intéressants et un chanteur toujours aussi magistral.
Waiting for the Dawn se termine sur une petite mélodie à la guitare sèche, où apparaît
Arjen Lucassen, histoire de terminer l'opus en beauté.
On se doute vite à l'écoute de l'album qu'en réalité ce nouveau projet du chanteur de
Stratovarius n'a pas pour but principal d'être reconnu lui-même. Non, ici, Timo
Kotipelto s'amuse, compose comme il en a envie, cherche de nouvelles ambiances … Je ne pense pas que le choix d'un thème très éloigné de ceux habituels du groupe d'origine signifie une réelle prise de distance vis-à-vis de ses collègues. Il s'agirait plutôt, peut-être même comme
Avantasia pour Tobias Sammet (au moins pour les débuts) d'aller voir ailleurs pour mieux se former soi-même, et de se créer des expériences. En s'offrant un petit voyage, Timo
Kotipelto nous propose ici une fabuleuse aventure en Égypte antique.
Finalement, même si ce premier album de
Kotipelto n'est pas un sommet d'originalité, le Finlandais s'en sort haut la main. Pour un artiste souvent cantonné au seul rôle de chanteur, l'épreuve de la composition est assez bien réussie. Les mélodies accrochent nos oreilles, nous entraînent, et nous font voyager. C'est le principal. D'ailleurs Timo
Kotipelto n'en restera pas là, au contraire, il poursuivra ses efforts, qui seront matérialisés sous la forme de deux autres albums, eux aussi salués par les fans de power metal.
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