Vaho

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14/20
Nom du groupe Mourning Sun (CHL)
Nom de l'album Vaho
Type EP
Date de parution 13 Mai 2015
Style MusicalDoom Atmosphérique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Vaho / Spirals Unseen 08:37
2. Cabo de Hornos 05:55
3. Vena Cava 08:15
4. Manantial 02:54
Total playing time 25:41

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Mourning Sun (CHL)


Chronique @ ericb4

20 Octobre 2016

Une laconique et discrète offrande empreinte d'une hynotique étrangeté et évoluant avec grâce dans le royaume des ombres

Jeune et discret combo de doom atmosphérique gothique originaire de Santiago, le trio chilien, créé en 2013 par le batteur Claudio Hernandez, le claviériste Eduardo Poblete et la parolière et chanteuse Ana Carolina (auxquels s'est adjoint pour l'occasion le producteur et guitariste Rodrigo Morris) a mis à profit ses talents de composition, sa rigoureuse technique et sa touche personnelle dans cet initial et prudent EP, laconique auto-production de 4 titres égrainés sur un ruban auditif de 25 minutes. Opus accouché 2 ans suite à sa fondation, c'est dire que la valeureuse formation a témoigné d'un opiniâtre et minutieux labeur en studio, ayant soigné tant l'enregistrement que le mixage, même si quelques notes résiduelles restent encore à éradiquer pour en faire une œuvre irréprochable. On comprend que le collectif sud-américain entend ne plus rester bien longtemps en retrait d'une scène metal internationale appelée de ses vœux, avant d'espérer rejoindre la fine fleur de ce registre metal. Aussi, que peut bien nous réserver ce « Vaho » qui mérite que l'on s'y attarde ?

D'entrée de jeu, on est projeté dans une ambiance éthérée, propice à la stimulation de notre imaginaire, qui envahira d'ailleurs chaque espace de cette menue rondelle, celle-ci alternant les passages oralisés et les instrumentaux, architecture peu usitée par leurs homologues stylistiques. Tout d'abord, une expérience quasi mystique nous attend sur la fresque low tempo introductive « Vaho / Spirals Unseen », celle-ci laissant couler ses 9 minutes d'un voyage atmosphérique en totale apesanteur, à cheval entre The Flaw et The Gathering, impression renforcée par les célestes modulations de la sirène. Ce faisant, un vaste, sombre et grincheux océan synthétique nous enveloppe parallèlement à de soyeux arpèges au piano, alors que rugissent par à-coups des riffs tout droit sortis du ventre de la Terre. Une ligne mélodique quasi lunaire de prime abord recèle, en fait, de fines nuances que seule une écoute approfondie peut toucher du doigt. On aurait cependant souhaité une mise en route moins substantielle et une clôture plus rapidement dégressive pour permettre à ce titre éminemment planant de remporter une franche adhésion.

Dans un climat plus sombre, on entre en communion avec les esprits d'une forêt qui semble aspirer ses victimes dans ses lacets pour ne plus les rendre. Dans l'ambiance brumeuse d'un frissonnant crépuscule automnal, l'énigmatique « Cabo de Hornos » nous octroie de sensibles et répétitives gammes au piano tout le long s'imbriquant dans un spectral univers organique où des pluies incessantes semblent s'abattre sur nous, sur fond d'un zeste d'aériennes vocalises féminines, ces dernières ne prenant pas suffisamment l'ascendant pour faire de cette piste une proposition fondamentalement oralisée et sécurisante. Plus estampée gothique, cette piste doom atmosphérique se nourrit du sang de ses visqueuses envolées riffeuses et de ses créatures gorgonesques émergées de quelque marécage englouti, temporairement rencontrées sur notre chemin, pour attirer notre attention et, in fine, nous retenir. Dès lors, nous devenons victimes à notre tour de cet étrange et macabre ballet.

Par contraste, le ciel s'éclaircit progressivement et l'on comprend que le dévastateur orage n'est plus qu'un lointain souvenir. Ainsi, un intrigant, magnétique, altier et ample instant s'offre à nos pavillons alanguis à l'aune de « Vena Cava », mis en relief à la fois par un riffing effilé et délicatement graveleux, de subtiles harmoniques et un gracieux et envoûtant filet de voix dispensé par la déesse, dans le sillage d'Anneke van Giersbergen. On déambule alors en des paysages de notes verglacés, quasi immaculés, propices à la totale aspiration de notre fibre émotionnelle. Soudain, un break inattendu ralentit une cadence déjà contenue pour mieux laisser repartir le convoi instrumental sur la crête d'un sulfureux refrain que n'aurait pas renié All About Eve, sous le charme indéfectible d'angéliques et de troublantes sinuosités à la pénétrante allonge distribuées par Ana Carolina.

En guise de fermeture de cette pièce en quatre actes, « Manantial » se pose comme un doux et floconeux instrumental où se meuvent d'ondulantes et givrantes nappes synthétiques, suivant un tracé mélodique lunaire mais sans pour autant ternir l'instant fragile. On aurait cependant souhaité davantage de variations harmoniques et moins de répétibilité du schéma structurel proposé, cette modeste offrande reposant sur un cheminement a-rythmique d'ensemble que rien ne semble venir perturber.

On ressort de l'écoute de cette galette avec le sentiment d'avoir effeuillé une œuvre peu diversifiée mais profonde et délicate, sachant cultiver le mystère entourant chaque volet de ce propos. Plusieurs passages motivés permettront de pénétrer l'apparente opacité du méfait et pousseront probablement les amateurs du genre à y revenir pour goûter à ces vibes aussi étranges que pénétrantes. Si les pistes chantées se révèlent immersives, in fine, les instrumentaux auraient gagné à témoigner de plus de variations rythmiques, mélodiques et atmosphériques pour les rendre tout aussi émouvantes. Cela dit, nos acolytes n'ont révélé ici qu'un pan de leur potentiel artistique et technique qu'un album full length permettrait de libérer davantage. Suite au prochain épisode...

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