Liste des groupes Metal Symphonique Rose Avalon Universe (EP)

Suite à un rayonnant mais inabouti « Northern Strengths », son premier album full length, on pouvait légitimement penser que le combo espagnol ne tarderait pas à réagir. Et ce par l'octroi d'un second album que l'on eût espéré moins aseptisé, plus original dans son concept comme dans sa structure et, surtout, plus personnel quant à ses arrangements et ses options mélodiques. Une offrande qui, sans nul doute, par le passé, lui aurait permis de se muer en valeur montante du metal symphonique à chant féminin, et de devenir, par là-même, un redoutable challenger pour les Elvellon, Beyond The Black, Metalwings, Walk In Darkness et autres Sleeping Romance ou Once. Prudence est mère de sûreté, dit-on...

Déjouant les pronostics, c'est à tâtons que revient dans la course le collectif barcelonais initialisé par la frontwoman Rose Avalon voilà déjà 6 ans. En effet, pas moins de quatre années séparent l'introductif et plantureux effort de la présente et menue offrande dénommée « Universe » ; Ep 3 titres sereinement enchaînés sur un ruban auditif de 13 minutes tout au plus. Le temps pour nos acolytes de rectifier le tir, ces derniers nous livrant dès lors un message musical techniquement plus étoffé, aux harmoniques moins empruntés qu'autrefois et doté d'un petit supplément d'âme.

Tout en demeurant fidèle à ses aspirations premières, le groupe a fait quelque peu évoluer son art, à commencer pas son empreinte stylistique. Ainsi, continuant d'officier dans un power mélodico-symphonique à la fois truculent, racé, délicat, au fort impact émotionnel, le combo a également paré sa proposition de touches pop et folk, celles-ci ayant contribué à lui conférer une rare élégance formelle, susceptible d'enivrer nos sens et de lui ouvrir de nouveaux horizons. D'autre part, si les influences de Nightwish, Ancient Bards, Diabulus In Musica et Lyriel ne sauraient être éludées, la troupe a veillé à rendre son œuvre plus singulière, et donc, artistiquement plus identifiable.

C'est tout d'abord dans une orientation pop metal symphonique aux relents folk que nos gladiateurs ont misé leurs espoirs de nous rallier à leur cause. Aussi ne pourra-t-on que malaisément esquiver « Universe », tonique et sensuel méfait aux riffs épais corroborés à une basse résolument vrombissante et à léger tapping. A mi-chemin entre Nightwish (seconde période) et Lyriel, cette entraînante piste joue également sur les effets de contraste rythmiques et atmosphériques pour espérer l'emporter. Une ondulante cornemuse samplée s'invite alors à la danse, comme pour venir défier les éléments telluriques. A la maîtresse de cérémonie, eu égard à ses puissantes et chatoyantes volutes, rappelant par moments celles de Zuberoa Aznarez (Diabulus In Musica), d'achever de nous convaincre d'aller jusqu'au terme de notre parcours. Bref, un hit en puissance, peu convenu et tout en nuances, concocté par nos compères, poussant irrémédiablement à une écoute en boucle.

C'est sur des charbons ardents que se poursuit notre périple, nos mousquetaires se plaisant alors à nous bringuebaler et à nous propulser en des contrées moins aisément accessibles. Un exercice de style certes non sans risques mais cristallisant la féconde inspiration de leurs auteurs. Ce qu'illustre « Witch », tempétueux effort folk/power symphonique au carrefour d'Ancient Bards et Lyriel. Voguant sur une frondeuse rythmique et témoignant de stupéfiantes montées en puissance, ce sanguin mouvement se double d'une ligne mélodique aussi exigeante dans sa conception que magnétique, in fine. Au regard d'enchaînements intra-pistes sécurisés, couplets bien customisés et refrains immersifs à souhait alternent sereinement dans ce champ de turbulences. Mise en habits de lumière par les angéliques impulsions de la sirène auxquelles s'adjoint une muraille de choeurs samplés, la vibrante livraison ne ratera pas sa cible, l'émotion étant assurément au bout du chemin.

Enfin, l'aficionado de la première heure pourrait éprouver quelques difficultés à identifier l'adn du combo à la lumière de l'ultime pièce. Ainsi, à l'aune du ''delainien'' mid tempo « Autumn », un virage électro-pop vient s'immiscer au sein d'un message musical de nature metal symphonique. D'intrigantes ondulations synthétiques s'insinuent ainsi au cœur d'une instrumentation à la fois aérienne, délicate, et à la technicité éprouvée. Au regard d'une piste aisément inscriptible dans les charts, à la fine coloration mélodique mais aux refrains convenus, et que l'on croirait volontiers empruntée à The Corrs, les sulfureuses patines de la déesse font mouche, une fois encore.

Pour son retour, le groupe espagnol signe une œuvre dans un mouchoir de poche, à la fois énergisante, charismatique et efficace, mais qui, en l'état, ne saurait véritablement la démarquer de la concurrence. Si ni l'ingénierie du son ni les séries d'accords investies ne sont à prendre en défaut, les exercices de style, tout comme les joutes oratoires, quant à eux, devront s'avérer plus diversifiés pour impacter plus durablement les esprits. Toutefois, il s'agirait-là davantage d'un album-test pour le groupe qu'un propos à part entière, et gageons qu'à la lumière de ses sonorités inédites et le plus souvent engageantes, le champ de son auditorat pourrait bien s'étoffer. L'avenir seul nous le dira...