I- Le contexte : " Le metal, ça existe Encore ?"
1995. Les temps sont durs pour le heavy metal traditionnel. D'ailleurs, comme pour tous les styles prEnant leurs racines dans le rock et ayant eu le vEnt En poupe dans les années 80. Le hard FM, le glam rock ou le hard ne sont pas non plus En odeur de saINTeté. Usées, défraîchies, les anciEnnes stars font pâle figure face aux nouvelles tEndances, style grunge. Le côté Entertainer dans la musique, ce côté "je suis gay et j'assume" n'est plus En vogue. Place aux crises existEntielles de trEntEnaires désabusés nous narrant jusqu'à la nausée leur adolescEnce névrosée.
Des musiciEns adulés hier qui vEndaiEnt des galettes à la brouette En sont réduits à jouer le taxi, faute de contrats discographiques, faute de ne plus être "in". Ceux qui survivEnt rangEnt le perfecto, sortEnt les bermudas, jurEnt ne pas jouer du heavy. Doublé sur sa gauche par le grunge, le metal l'est aussi sur sa droite par l'éclosion commerciale de style plus extrêmes, comme le death ou le power à la
Pantera ou
Machine Head. DécidémEnt.
Même les locomotives du gEnre sont aux abonnés absEnts.
Metallica s'apprête à tEnter l'avEnture du hard rock manucuré (cf. les clichés dans le livret de Load),
Judas Priest a perdu sa voix, Rob étant parti tEnter l'avEnture du power musclé des bras (le groupe
Fight). Le groupe mettra d'ailleurs un peu de temps à trouver son remplaçant. Quelques années, pour être franc. Quant à
Iron Maiden, il partage ironiquemEnt le même sort que Judas. En effet,
Bruce Dickinson a lui aussi pris le poudre d'escampette. L'heureux remplaçant est un certain
Blaze Bailey, chanteur du nébuleux groupe de heavy
Wolfsbane que peu de metalheads connaissaiEnt.
1995. Sale temps pour le metal.
C'est dans ce contexte particulier et plutôt morose que sort le dixième album d'
Iron Maiden, le biEn nommé The X-Factor. Jusqu'à ce jour, la Vierge de Fer avait traversé les eighties En vainqueur, sa besace gavée d'albums au succès artistique et commercial indéniables. Quand on parlait metal, on parlait
Iron Maiden. Pourtant, les deux derniers disques n'avaiEnt que très moyEnnemEnt convaincus. Trop de déchets, trop inégaux, pas assez d'hymnes. Certains regrettaiEnt de plus En plus l'absEnce d'
Adrian Smith, discret guitariste mais compositeur poINTilleux.
Alors, une question récurrEnte hante quelques esprits tourmEntés, dont le miEn : sont-ils aussi En fin de course, nos anglais adorés, comme tant d'autres ? Autant dire que ce X-Factor est attEndu aux tournants.
II- Le contEnu : "noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir"
La pochette du disque très noire, nous montrant un Eddie trépané résonne comme un avertissemEnt. Le chant grégoriEn qui ouvre les hostilités confirme cette impression : l'album sera sombre. Est-ce pour s'acclimater aux effluves musicales de l'époque ? Est-ce par volonté de faire évoluer les torrEnts de décibels maidEniEns ? Ou est-ce le reflet d'un état d'esprit personnel pas forcémEnt jouasse ? Peu importe, The X-Factor n'est pas l'album du "larger than life", de la démesure musicale, des Envolées lyriques, des hymnes taillés pour les stades. Sobriété et morosité à tous les étages, voilà les maîtres mots. Cette évolution artistique constitue une véritable prise de risques.
La production et le mixage sont au diapason de l'atmosphère. Pour l'occasion, c'est Steve Harris, épaulé par Nigel GreEn, qui tourne les boutons avec une obsession En tête : à fond sur les graves et les fréquEnces basses, sus aux aigus. Si l'EnregistremEnt restitue biEn le climat voulu, il n'est pas pour autant sans reproches. Les guitares rythmiques sont quelquefois sous-mixées et un chouia brouillonnes par momEnt, le son de la caisse claire est biEn mise En avant mais présEnte un son sec, presque rêche et pas des plus agréables. Par contre, riEn à dire sur la basse galopante de l'ami Steve. Au final, production et mixage se révèlEnt moyEns sans être un ratage complet. Mais voilà,
Iron Maiden peut-il se contEnter d'être moyEn ?
Le climat ténébreux est aussi rEnforcé par le chant de
Blaze Bailey qui officie dans un registre beaucoup plus grave que son illustre et talEntueux prédécesseur. L'évolution est notable.
Pas de souci : elle sera remarquée, commEntée, disséquée, analysée dans les grandes largeurs. Certains esprits chagrins affirmeront même que
Blaze chante faux sur la galette, ce qu'il faudrait démontrer. Néanmoins, ce chant grave et puissant ne satisfera pas forcémEnt les die-fans de
Bruce Dickinson, plus lyrique, et beaucoup n'adhéreront pas. Pourtant,
Blaze apporte sur un plateau la tonalité souhaitée par le boss et qui se marie biEn avec la recette concoctée. Il s'En sort même avec les honneurs.
Je rassure les inquiets :
Iron Maiden n'a pas non plus totalemEnt viré sa cuti. Il s'agit biEn de heavy metal pur jus On reconnaît Entre mille la basse agitée de Steve Harris, le jeu de batterie tout personnel de Nicko McBrain, les riffs incisifs, les soli de guitares toujours aussi bons avec force dialogues, twin guitars et autres joyeusetés délivrées par la paire Gers/Murray. On peut même admirer certains "oh oh oh" si caractéristiques des Anglais. Le tout est par contre souvEnt plus lEnt qu'à l'accoutumée. Mis à part l'énervé "
Man on the Edge", il y a peu de morceaux speed à se mettre sous la dEnt : l'accEnt est mis sur la puissance. Par contre, les morceaux possèdEnt souvEnt des variations de tempi biEnvEnues permettant de laisser l'auditeur éveillé et d'Enrichir les titres. Il y a donc un petit côté plus complexe, limite prog, pas nouveau chez les potes d'Eddie mais pas déplaisant.
D'une manière générale, mis à part deux ou trois chansons poussives comme "
The Aftermath" ou biEn "JudgemEnt Of HeavEn", les compositions sont de grande qualité. A ce niveau, l'œuvre me semble biEn supérieure aux deux précédEnts essais discographiques. Par contre, il faut oser commEncer par le morceau-fleuve de 11 minutes "
Sign Of The
Cross", titre géniallisime digne d'un MaidEn au sommet de sa forme, pour terminer le skeud par le très original et invEntif "The Unbeliever". Non pas que ce dernier soit foncièremEnt mauvais, loin de là, mais sa position dans le final est un peu curieuse. Entre ces deux extrémités, il y a quelques trésors à découvrir pour peu que l'on accepte l'oriEntation proposée par cette légEnde du metal.
L'atmosphère ténébreuse portée par un chant grave et dessinée par une production malheureusemEnt souffreteuse apporte à ce skeud une coloration très particulière. Mieux même, elle lui donne une âme. Une âme biEn trempée qui ne peut pas plaire à tout le monde. L'album est véritablemEnt à part dans la discographie déjà riche du combo. Mais cela n'En fait pas pour autant un mauvais disque. BiEn au contraire. Cette âme est peut-être triste mais elle n'En est pas moins belle. Malgré ses défauts. Ou grâce à eux.
III- Les conséquEnces : « C'est plus ce que c'était ! »
Les vEntes ne furEnt pas des plus exaltantes. Environ 1,1 million d'exemplaires contre 2,5 pour
Fear of the Dark. Pire : les avis des courageux ayant acquis le bidule sont très partagés. Il suffit de parcourir les notes sur
Spirit of
Metal pour s'En rEndre compte. L'album En a En déçu un paquet. Cela ne s'arrangea pas vraimEnt sur scène où
Blaze Bayley donna des prestations à des années-lumière de celles du frontman Dickinson. De plus, il ne parvINT jamais à faire oublier son prédécesseur sur les anciEns titres. C'est le moins que l'on puisse dire. Là, pour le coup, le chant n'était pas toujours très juste.
Une chose En Entraînant une autre, la fréquEntation des concerts chuta. Finito les gigantesques tournées des stades. On se la joue modeste dans le clan
Iron Maiden. En tout cas, la réputation de groupe était biEn Entachée. La deuxième division se profilait à l'horizon. «
Iron Maiden, c'est plus ce que c'était ! Ils sont finis ! » pronostiquaiEnt les Madame Irma du metal. Pour beaucoup, la faute En reviEnt tout Entière à
Blaze Bayley, ce qui est un brin exagéré.
L'album suivant,
Virtual XI, n'aida pas le groupe à reprEndre du poil de la bête. Au contraire, la chute devINT vertigineuse (700 000 exemplaires écoulées Environ). Du coup,
Blaze fut prié d'aller voir ailleurs. Alors,
Bruce Dickinson et
Adrian Smith réINTégrèrEnt les rangs En vainqueurs. Le retour des fils prodiges Entraîna immédiatemEnt un regain d'INTérêt. La suite est connue.
Pourtant, Steve Harris ne rEniera jamais cette période. Ni ce disque. Aujourd'hui Encore, le p'tit dernier,
A Matter of Life and Death, prEnd ses racines dans The X-Factor, Entre autres. Une sorte de fils spirituel : récurrEnce des thèmes, similitude des INTros acoustiques, travail comparable sur les ambiances, résurgEnce de ce côté sombre même s'il est moins prononcé. The X-Factor n'est donc pas à sous-estimer. Peut-être est-il temps de réhabiliter ce mal-aimé. Il ne mérite pas tant de morgue.
Après avoir vu le dernier spectacle de Maiden lundi dernier, j'ai été très impressionnée par la chansons (Sign of the Cross) aussitôt, j'ai courue acheté la galette chez mon disquaire, et franchement ce disque est vraiment bon, à l'époque je ne jurais que par Dickinson et Di Anno. Comme quoi les goûts change avec le temps. Même si par moment la voix de Bayley est limite (Borderline) cela apporte un certain charme. En passant, bravo pour la chro.
elle est bien sympa ta chronique,surtout elle est juste !! on ne peut que saluer le travail pas évident de Blase !!!UP THE IRONS !!
Belle chronique!!! Un album que j'ai beaucoup écouté, bien au dessus des 2 précédents pour moi, une pochette vraiment marquante. J'ai adoré cet opus.
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